dimanche 29 novembre 2009

Dix minutes dans le métro

J'ai déjà raconté l'étendue sociologique de la relation des vénézueliens au métro. Mais je profite de cette petite accalmie dans mon aventure pleine de rebondissements pour vous conter ce qui suit. Et pour une fois, c'est court.


15 novembre. Retour de la manif du PSUV contre la guerre. On prend le métro. Comme souvent il a du retard. c'est un fait, la ponctualité n'est pas une vertu première de la révolution bolivarienne. Soit on s'énerve en bon colons sur ces branleurs de vénézueliens, soit on attends patiemment en discutant avec le voisin.

Le métro arrive, on est en queue serrée pour entrer. Il est près de 1èh soit heure de pointe. J'arrive à entrer. problème, il n'y a pas de clim' dans cette rame. J'ai deux stations à patienter. On serrés comme des runes et là une vieille, du genre la sorcière du village commence à marmonner un gloubi boulga incompréhensible, y compris des vénézueliens eux même vu leur tête. Elle s'approche d'une petite fille qui a l'air fiévreuse et là, commence à crier une incantation : "oh mon dieu, faites que le diable sorte du corps de cette âme pure" et l'ensemble du truc dans le genre. Pendant ce temps le métro a démarré mais s'est arrêté en pleine voie un peu plus loin 5 bonnes minutes le temps de laisser passer deux autres trains en face. Il commence à faire chaud, vraiment chaud. Et impossible de sortir désormais.

La vieille continue sa litanie, de plus en plus hallucinée, elle hurle presque et appelle Jésus Cristo et tous les saints du calendrier de libérer cette gamine du mal qui l'assaille (un rhume nous dit sa mère). Les gens autour commencent à soupirer violemment. Je souris, comme souvent dans pareille situation où il n'y a rien à faire, et je communique mon attitude aux voisins. On commence à prendre un fou rire collectif avec ceux qui ne s'énervent pas encore. La vieille reste imperturbable et comme en transe. "Grâce à Dieu, grâce au seigneur tout puissant qui va éloigné le Malin de cette âme de pureté"

Enfin arrive la station où je descends. Avant de descendre, ma voisine me dit exactement la phrase suivante : "je suis pas croyante, mais put** de Bon Dieu faites la taire !" une grande partie des gens de la rame descend aussi, et monte aussitôt dans la rame suivante, climatisée et plus vivable.Un autre passager me glisse à l'oreille dans l'escalier menant à la sortie. "Vous savez, ne vous en faites pas, on est pas tous comme ça, nous, les chrétiens"




29 novembre. Aujourd'hui c'est dimanche. Encore une manif en soutien au peuple hondurien qui a décidé de rester chez lui en ce jour de farce électorale. Au retour dans le métro, pas grand monde. Deux jeunes passent auprès de moi. l'un a une guitare. Ils se regardent une bonne minute discutant à voix basse puis la fille prends la parole et nous parle de la relation entre le hip hop et le peuple. Le jeune commence à jouer la guitare, il n'est pas très expérimenté mais plein de bonne volonté.

Et la fille de lancer : "ceci est un rap pour toutes les nanas qui se siliconent, pour toutes celles qui se rendent esclaves de la mode et qui croient qu'être une femme c'est tout dans l'apparence. Et elle rappe une bonne minute dans un discours plutôt féministe militant, ce qui ne fait pas de mal dans ce pays extrêmement machiste et où les violences faites aux femmes sont monnaie courante. La chanson se termine, j'arrive à mon arrêt. Elle attaque sa deuxième chanson. "Celles ci est pour toutes les femmes qui vont commettre un crime. elle s'intitule oui à la vie, non à l'avortement".

La vie ... le rêve ... et la vie



La situation,
- un bus, une buseta, un poil plus grande que les habituelles citadines avec un moteur ronflant à décoiffer un tracteur
- un klaxon, bruyant, utilisé pour dire bonjour à la voiture en face, engueuler celui qui va trop lentement, remercier celui qui laisse passer, signaler sa présence ou pour le fun du chauffeur qui semble beaucoup s'amuser.
- Une musique, la salsa, enfin les salsa, la romantique, l'agressive, la douce, avec à chaque chanson le commentaire lo mejorrr del mejorrr de los Didjeyyys de Puerto Rrrrico , à plein tube, dont les décibels arrivaient presque à occulter le bruit du moteur. Après 2h de salsa, le chauffeur a changé, on est passé au reggeaton. Beaucoup ont regretté la salsa.
- Un chauffeur, violent, abrupt, à la conduite plutôt chaotique, mais sobre, du moins paraissait-il.


C'est dans ce joyeux foutoir qu'on prend la « route » pour aller à la plage.
Et plutôt que d'un grand axe à touriste, l'unique axe qui rejoint la petite plage non encore totalement envahie par les touristes a plus à voir avec les sinueuses routes en épingle d'Aveyron, qu'avec quelconque autoroute. On a serpenté dans les montagnes bordant la mer pendant 2 bonnes heures. En descendant, on a dû s'arrêter, apparemment les freins tenaient pas le coup. Ca a dû rester une apparence puisqu'on a fini la route tout aussi violemment et que je suis encore vivant. On a dû également faire face aux croisements intempestifs, mais là je suis habituer, croiser un camion énorme sur une route à une seule voie, c'est du gâteau pour qui a connu les routes du Rouergue aveyronnais.

C'est quand qu'on arrive ?

On finit de « chuter » de la montagne de manière douce et on arrive au terminus, un dépôt à la sortie d'un village. Sanitaires, poste de police, tout le nécessaire pour touriste mais seul souci, on est au milieu de la forêt avec les montagnes tout autour. Bref point de plage à l'horizon. On marche un petit peu et on entre dans Choroni, village à touriste, avec tout l'attirail nécessaire ou pas, comme les mannequins dans les magasins avec eux aussi du silicone là où c'est nécessaire.

On se rend sur la place du village et on découvre la mer des Caraïbes. Bleue, foncée, avec des rochers de tout côté. Sur les murailles qui borde, les restes des canonnières d'antan. Sur la place les vendeurs pour touristes et quelques petits vieux qui jouent aux dominos, comme à leur habitude.
En fait c'est pas là. Demi tour.


Au cœur du village on prend un petit pont et suit une route sous un soleil de plomb. Au bord, des petites cabanes qui vendent rafraichissements, ou nourriture. Celles-ci se raréfie suivant le chemin goudronné et après quelques tournants, on voit apparaitre des cabanes et des arbres d'un nouveau type devant nous, vendeurs de crème solaire et quelques jeunes filles en bikini annonçant la chose.

Enfin nous arrivons. Devant nous, une palmeraie borde la forêt dans laquelle nous nous trouvions quelques temps auparavant. Ensuite le sable, clair, fin. Et la mer. La voilà.

Au pays des rêves bleu azur

La mer ou l'océan, peu importe. Un Bleu azur avec toute les teintes selon la distance de la plage, avec des vagues de près d'un mètres, bordée par des collines tombant à pic vers la mer. On se pose, enfin on paye les transats pour la journée et on se pose. Celui qui nous accompagne a apporter de quoi survivre, quelques caisses de bières. On se jette à l'eau, on se prend des plats verticaux par les vagues plus grande que nous, on apprend à entrer dans les rouleaux et se laisser glisser à la vitesse de l'eau vers la plage.


Avec Julieta, d'Argentine et Luciano d'Uruguay, on fait un petit tour de la plage. Arrivé de l'autre côté, plus personne. Un touriste isolé échoué comme une baleine cramant au soleil.

Et puis plus rien. Un petit chemin mène à on ne sait où. A peine a-t-on franchis quelques mètres qu'on se retrouve en pleine jungle, impossible d'avancer dans nos tenues « légères ».


En rebroussant chemin, je prends cette photo, qui vaut toutes les cartes postales du monde. Le reste ...

Un deuxième paradis pour la route

le reste c'est le retour. On part à 16h30. Avec les premières rougeurs. On est venu nous chercher tout spécialement. Tout la bande se retrouve dans une sorte de Jeep, serrés sur des banquettes face à face dans ce qui semble être un coffre aménagé. A la base, à peine la place pour les pieds mais vu qu'il y a les caisses de bières, c'est un peu plus juste que juste.On fait quelques kilomètres dans l'autre sens sauf qu'avant de regrimper tout en haut des montagnes on fait une halte.

Et là le type qui nous accompagne, un gars du coin, nous amène dans un endroit aussi incroyable que ceci.
L'eau est a 15 degrés, on plonge, laissant découvrir l'étendue du désastre chez les « blancs » (le français, l'uruguayen et les argentines donc) qui ont bien rougis et cette eau glacée permet d'apaiser quelque peu nos souffrances. Les compagnons ont trouvé une nouvelle caisse de bière qu'ils s'empressent de boire, pour parer au risque de déshydratation.


Un film d'horreur pour enfants



Enfin on remonte en voiture, après avoir pris une nouvelle caisse de bière, plus grande, qui nous fera cette fois l'ensemble du voyage. Les vénézueliens étant aussi écologiques que consuméristes, ils gardent toutes les canettes de bière vide, car celles-ci ne sont pas ici considérées comme un déchet mais comme une marchandise. Trois cents euros pour quelques kilos de canettes, c'est toujours ça de pris. Oui vous aussi imaginez vous des kilos de canettes de bière dans une jeep avec 7 personnes dedans. Qui plus est sur les routes de montagnes dont le confort dans quelque véhicule que ce soit n'est pas la vertu première.


Mais ce n'est pas fini, la suite pouvant être assimilée à un film d'horreur pour enfants. De fait, malgré leur résistance hallucinante (30 bières par vénézuelien en 3 heures je rappelle) les effets biéro-alcooliques ont commencé à se faire sentir. Selon mes observations, le vénézuelien ivre, hormis « parler » en espagnol, ne fait pas grande différence avec le français moyen en état d'ébriété. Mais je n'ai pas encore suffisamment creusé la question. Dans tous les cas il a tendance à faire comme le français bourré de grand geste et de plus trop savoir ce qu'il fait occasionnant des jolies mandales se retrouvant sur des coups de soleil de plus en plus rougeoyants. Pendant ce temps la caisse de liquides se vide dangereusement, avec un concourt non marginal du chauffeur qui goulotte tout aussi bien que les autres.


Arrivé à l'entrée de Maracay, au vue des informations contradictoires des burrachos locaux, on serpente un peu avant de se retrouver évidemment coincés dans les bouchons. Il se trouve qu'ici en ce moment, il y a coupure sectorielle de l'électricité. Et qui dit pas d'électricité dit pas de feux tricolores. Avec les même busetas dans l'autre sens, qui usait tout autant du klaxon, avec le concourt non négligeable des automobilistes lambdas. Bref un joyeux bordel encore une fois.


Après deux heures de routes dans ces conditions plutôt légère, on se retrouve à zoner dans les rues de la ville. On a dû faire ça un bon moment, entre les bouchons à répétition et les secteurs sans électricité qu'on essayait d'éviter. Enfin on reprend les directions « normales ». Mais avant de rentrer, il faut manger. Pour cela, nul besoin d'aller acheter quelque chose à la panaderia (boulangerie) la plus proche, allons chez les parents de notre hôte. On y était allé 3 jours auparavant, extrêmement bien reçus, malgré la coupure de courant qui touchait ce quartier ce soir là.


Arrivés, malgré la bonne volonté de notre ami, ses parents n'ont pas compris que l'ont venait. Donc on va acheter un perro caliente (hot-dog avec plus de sauce que de pain et de viande confondus) au vendeur le plus proche. La moitié d'entre nous n'a pas faim, l'autre le veux pas vexer notre ami en refusant un deuxième perro caliente, même si nous sommes rassasié avec un seul. On finit de manger., on va pouvoir rentrer. Sauf que la voiture qui nous a ramené est déjà repartie avec un de nous camarades totalement ivre pour le ramener chez lui. Pendant ce temps, la femme du plein-de-bière appelle notre ami plein de bonne volonté qui lui explique à 5 reprises l'état des lieux, celles-ci ne comprenant effectivement pas que l'autre n'était plus avec nous depuis une demi heure, rappelant 5 fois successives pour engueuler son mari ... qui devait être en train d'arriver chez lui.


On retourne chez les parents pour attendre la voiture. Au passage, on en « profite » pour faire connaissance avec une autre belle sœur du frère du gars nous accueillant qui vit dans la même rue. Ce sont des familles plutôt nombreuses ici. Deux gosses jouent avec un briquet/lampe qui montre quand on fait marché la loupiote la tête de Chavez, ou de Bolivar on ne sais plus. On s'en fout un peu en fait à ce stade.
Finalement une voiture arrive. Enfin une carrosserie sur patte dans un état de décomposition sur patte. La preuve en est faite, la voiture cale devant nos yeux médusés. 10 minutes passent le temps de réparer, de refroidir le moteur, et de remettre de l'huile apporté par un ami pendant ce temps. La voiture démarre finalement dans un bruit rappelant un râle d'asthmatique avec une laryngite. Ou une pneumonie, je laisse les experts juger de la chose.


La voiture roule plus calmement, mais étant donné l'âge des suspendu, on arrive à être plus secoué que dans la jeep. Pour finir, on arrive à la télévision où nous logeons. Nous entrons, et nous affalons sur nos lit. Chacun panse ses blessures, chacun sa technique, Biafine, eau fraiche, aloe vera, ... On se couche.


Les compagnons sont quelques peu irrités de la tournure des évènement. Moi c'est ma peau qui est irritée, rougeâtre vif hormis sur certains secteurs protégés, comme les doigts de pieds que j'avais eu l'idée d'enterrer dans le sables pendant la bronzette.


Mais je fais le tour de la question, et je me marre, un bon moment, les camardes réveillés s'énervent et puis se mettent à rire aussi parce que bon... D'une parce qu'il y a rien d'autre à faire, et surtout parce que comparé à ce qu'on a vécu là bas, à Choroni, ces petits désagréments du quotidien, même cumulés de manière incroyable dans un court laps de temps ne sont pas grand chose au final. Je crame de partout, j'ai une soif terrible.

J'ai vu un paradis, et m'y suis brûlé la peau. Et je ne regrette rien.

mercredi 25 novembre 2009

De l'air ! ... ou la genèse d'une question cruciale






Au cours de mon périple au Venezuela j'ai eu l'occasion de rencontrer l'ultra gauche locale, ceux qu'on appelle ici « les écologistes ». Farouches adeptes de l'indigénisme jusqu'à outrance, allant jusqu'à défendre l'un des leurs (eux qui sont des fils de classe moyenne caraquègne (de Caracas), même si celui-ci se révèle avec force de preuves être un brigand, attaquant propriétaires terriens comme ses compatriotes. Dans une région où se mêlent latifundios, indigènes, guérilleros et paramilitaires, soit un contexte plutôt complexe, les voilà partis sauver la veuve (noire) et l'orphelin (blanc) des griffes du méchant chavisme rouge qui ne fait rien que tout étatiser et d'assassiner les pauvres indigènes. Je caricature EVIDEMMENT.
Pour ceux qui cherchent vraiment les indiens et les écologistes, voici un article résumant la controverse en question : « Peaux blanches, masques Yukpas », avec la parole des indigènes eux-mêmes, les seuls que bizarrement nous n'entendons jamais quand ces « écologistes » parlent.

Vu que j'ai été personnellement visé par des insultes plutôt violente (agent de propagande étatique EST une insulte) et que ceux-ci continuent leurs opérations de désinformation permanente, voilà une manière de leur répondre, avec humour.

Cette nuit, il s'est passé un évènement exceptionnel qui m'a fait prendre conscience du retard qu'ont ces gens sur nous, européens. Non parce que d'accord un processus contradictoire, de nombreux paradoxes c'est encore acceptable, ... mais à un moment donné ça commence à bien faire ... et il faut bien ouvrir les yeux.

Nous étions apprêtés pour aller nous coucher quand soudain éclata le drame en ces terres arriérées : il faisait chaud.

Tout être humain normalement constitué et civilisé à dans ce cas 2 options élémentaires, un s'ajoute dans ce pays d'arrière-garde qu'est le Venezuela :
 OU accuser l'officialisme chavisto-soviétique de faire rien pour changer ta situation quotidienne de classe moyenne déjà précaire qui manque de tomber dans les tréfonds des classes populaires si elle ne peut plus rembourser son crédit revolving pour le 4e écran LCD indispensable pour le petit.
 OU enlever un vêtement et ouvrir la fenêtre
 OU allumer la climatisation.

Or les gens d'ici étant ce qu'ils sont, soit ayant une fâcheuse tendance à être des braves soldats du consumérisme capitalistique pas vraiment révolutionnaires, soit de consommer comme des barbares en mettant la clim' à fond.

Et c'est ce qu'ils fissent.

Sauf que, je ne sais si c'est parce qu'ici tout est possible, qu'il faisait alors largement plus chaud qu'en été en plein cagnard dans une voiture bloquée dans des bouchons sur une autoroute du Sud de la France. Toujours est-il que la température de l'air climatisé descend ici bien plus bas, soit atteint quasiment des conditions arctiques.

Convaincu depuis longtemps de ma supériorité sur ces êtres rustres qu'on appelle dans notre pieuse langue « latino-américains », j'entrepris de les évangéliser aux rudiments de la logique humaine.

« Ok il fait chaud, mais si on ouvre la fenêtre, il fera moins chaud puisque la nuit il fait quand même moins chaud dehors que dedans »

Sauf qu'ici ni Houston, ni la logique ne répondent plus. C'est comme s'ils ne comprenaient pas, les yeux grands ouverts et la bouche et cœur, on pourrait tout aussi bien leur dire que le marché rend heureux, ou que le capitalisme est un modèle irremplaçable, ils seraient capable de mettre en doute cette bonne parole, rendez-vous compte du degré d'inconscience.

Donc ils ont pas compris et ont laissé la clim', à fond.

A ce stade, des gens aussi primaires en seraient certainement venus aux mains à ma place, mais bien évidemment, puisque MOI, je suis civilisé, je n'en ai rien fait. Et je me suis donc soumis à l'insu de mon plein gré, en sachant bien que demain ce seront eux qui se soumettront à notre grand et beau système (anti)social occidental.

La nuit a suivi son cours et j'ai tout d'un coup eu une drôle de sensation.

J'avais FROID.

Je ose la question à mon congénère qui ne dormait que d'un oeil, prêt à bondir sur les quelques biens me permettant de survivre en ce milieu hostile : mon appareil photo et mon ordinateur portable.
Celui-ci me répondit sans aucune gêne : « t'as qu'à mettre un pull »

Et c'est là que j'ai réalisé que Nicolas Hulot, Yann Artus Bertrand ainsi qu'Anne Lauvergeon (PDG d'Areva) étaient des saints, des envoyés de Dieu Gaïa pour veiller sur ces terres, tels des descendants de peuplades mayas ou incas sur nos terres orientales (puisqu'ici l'Est c'est l'Europe). Eux savaient et je savaient avec eux depuis que je les avaient entendu.

C'était donc ça la cause de la dégénérescence de notre planète, c'était EUX, non content d'être communisto-bolchéviques, étaient également les fossoyeurs de notre belle terre. Alors qu'en Europe tous font des efforts pour couper TOUTES leurs lumières en même temps 5 minutes deux mois par an, ici rien n'est fait c'est la décadence la plus totale. Et cette décadence ne les empêche pas de râler le jour où leur État, leur saint, qui a exproprié les philanthropes multinationales, décide de couper hebdomadairement l'eau, et parfois l'électricité pour cause de « y en a pas assez pour tout le monde ».

Normalement là encore, il y aurait bien longtemps qu'on aurait augmenté les prix histoire de faire comprendre à ces pouilleux que si toi yen a pas couper l'eau avant de te brosser les dents, toi yen a aller te raser ta barbe avec de la terre ». Mais rien n'y fait.

J'ai finalement pu m'endormir,

Malgré la pneumonie qui m'assaillait, mais mon nez ne coulait déjà plus, la goutte étant déjà congelée, et seul les battements accélérés de mon thorax m'ont sauver des engelures cardiaques.
même si après avoir enfilé le 4e T-shirt et la 2e couverture, j'avais toujours froid.
Même si j'ai déclenché une crise d'asthme digne de Che Guevara, communiste asthmatique, pour cause de manque d'oxygène (puisque climatisation signifie refroidissement de l'air et NON renouvèlement.)

Réveillé sur le coup des 3h du matin par une sorte de machine industrielle extrêmement bruyante, enfin mon voisin qui ronflait, je n'en tint plus. Armé de mes pieds nus et de mes mains engourdies, j'entrouvre la porte fermée et suis enfin libéré. De l'air, pur, pollué et puant, enfin !!!
la seule chose que je pouvais alors espérer c'était une bonne pluie (acide) histoire de me réhydrater sans toucher à ces infects breuvages qu'ils appellent encore eau.

Rassasié et prêt à ne plus me laisser abattre par ces assauts indigènes ne visant qu'à déstabiliser mon extrême acuité spirituelle, je retournes me coucher.

Au matin, drôle d'impression, comme si un igloo m'était passé sur la tête et un dromadaire assis sur mes pieds.
Je me lève et première constatation, j'ai chaud, très chaud.
Alors, bénissant Adam Smith et Schumpeter, qui fissent que les progrès scientifiques atteignent ce lieu en perdition, j'allume la clim'.

après tout, c'est pas ça qui va tuer les ours polaires, ça se saurait sinon.

D'ailleurs Nicolas Hulot n'a rien dit à ce sujet, alors ça doit pas être important ... hein ?

mardi 24 novembre 2009

Quand la télé communautaire tambourine à l'oreille de la Révolution

Nous quittons Catia TV et Caracas vers 16h.

Le soleil commence à décliner alors que nous voyons au loin les derniers ranchos de la capitale. Le trafic est pour une fois plutôt fluide. Nous sortons de la vallée dans laquelle se trouve Caracas est commençons la descente des collines. A chaque virage de la grand route qui serpente les flancs des collines, on croise encore un quelconque vendeur de perro caliente (hot-dog) installé sur le bas côté, encore quelques maisons ici où là, on distingue des sentiers dans la montagnes menant à des habitations encore plus incertaines, perdues dans les hauteurs et dans les arbres. On croise aussi les stations-service, celles de ce pays où le litre d'essence coûte moins cher qu'un litre d'eau potable. Nous suivons la route du Sud un temps puis bifurquons vers l'Ouest, vers notre destination, Maracay, État Aragua.

Les collines se font un peu moins pentues et et plus lointaines. Descendant vers les llanos, les plaines du centre du pays, les panneaux publicitaires jonchant les bords de l'autoroute se multiplient et prennent des dimensions toujours plus hallucinantes. Certains semblent plus larges que l'autoroute elle-même. Et nous continuons à rouler, où plutôt, serpenter cette route, à une vitesse relativement élevée compte tenu des nids de poule ou simple crevasses qui jonchent la chaussée de toute part. Le son de la musique llanera couplé à la climatisation à fond nous bercent et nous arrivons sans nous rendre compte à l'entrée de Maracay. Ou plutôt du municipio Francisco Linares Alcantara, notre destination.

Nous, c'est les 3 compagnons d'Alba TV, deux argentines et un uruguayen, et moi-même. Alba TV, encore un projet quelque peu révolutionnaire. Au Venezuela, VTV, canal gouvernemental, et Vive TV canal "du pouvoir populaire". Sur l'Amérique latine aujourd'hui il existe TeleSur, canal des gouvernements ... et est en train de naitre Alba TV canal des mouvements sociaux et des peuples latinoaméricains.
Comme la vingtaine des autres camarades d'Alba TV venant de toute l'Amérique latine, nous sommes envoyés aux quatre coins du pays pour voir de dedans comme ça se passe.
Certains sont a Maracaïbo, d'autres resteront a Caracas, a Catia TV, ou a Vive, Nous nous allons a Maracay.

A l'entrée de la ville, drôle d'impression. Est-on bien arrivé ou traversons nous une petite bourgade perdue dans les llanos ? C'est plat comme la plaine dans laquelle nous nous aventurons. Pas d'immeubles, pas de tours, pas d'immensité polluée de gaz d'échappement. Une grand avenue assez fréquentée avec des petites rues perpendiculaires, s'étendant à perte de vue, le tout formant un vaste quadrillage, mais l'ensemble et plutôt désert. Nous sortons de la voiture, et malgré l'heure avancée et la nuit tombante, il fait chaud, très chaud. Une chaleur à la fois lourde et étouffante. Un petit vent rend la chose plus supportable. Nous nous trouvons au cœur du secteur populaire « El Museo » du quartier Santa Rita. Face à nous une petite baraque avec une antenne dont il est difficile de distinguer le point culminant. Et dessus, une pancarte : Teletambores.


Nous faisons donc face aux locaux d'une des première télévisions communautaires vénézueliennes. Il en existe quelques autres qui datent autant, de 2001, comme Catia TV. Mais la majorité sont nées après, après le coup d'État de 2002 et la prise de conscience de la nécessité d'une communication alternative.

C'est justement le projet ici, ambitieux mais concret : créer un nouveau modèle de communication non asservi aux intérêts privés et surtout venant du bas, du peuple. En finir avec une télévision de cadres supérieurs qui disent aux gens quoi penser. En finir avec les standards multinationaux de formatage de l'information, de violence et de manipulation permanente. Visite rapide, 8 personnes en activité permanente, une dizaine d'autres en soutien plus irrégulier. Un bureau à l'entrée, une salle d'édition avec 3 ordinateurs, un studio de tournage en plein travaux, pas insonorisé. Et dans les bâtiments par derrière, des salles de réunion, une autre salle d'édition et le dortoir.


On rencontre Leonardo Briceño, directeur d'activité de la chaine. Il nous explique que les salles de réunions servent pour les conseils communaux du quartier, les comités de santé, etc .. et ne sont en rien réservé à la chaine. Logique, une chaine du peuple doit pouvoir donner un accès direct aux personnes pour lesquelles elle prétend s'exprimer.

Teletambores, comme toutes les chaines communautaires disposent d'un avantage certains sur tous ses concurrents, qu'ils soient privés ou publics : c'est une télévision totalement libre. Ils ont choisi ici de passer l'Alo Presidente non pas par contrainte mais par conviction. De même ils auraient pu utiliser la publicité mais le choix à été fait de s'en passer. Dans ces quatre murs s'érige une télévision communautaire locale, faite par et pour la communauté. Et ici encore, ce ne sont pas que des mots. On le voit tout de suite dans les programmes, dans les gens qui vont et viennent le jour et une partie de la nuit.



On déguste une platée de riz au restaurant chinois du coin. Ce n'est plus Caracas ici aussi, le double de quantité pour des prix moitié moindres.

En rentrant, on discute de tout et de rien avec les gens du quartier. L'un deux nous raconte l'Histoire, son histoire, comment il participa au Caracazo, en 1989, à 19 ans. Comment il s'engagea dans le groupe armée Bandera Roja, guérilla, en 1990, à 20 ans. Comment il pris du galon et participa à l'organisation du coup d'État manqué de 1992. Manqué à cause de la direction du groupe, qui déposa les armes en échange de postes ministériels, ces mêmes leaders qui sont aujourd'hui des « marxistes léninistes de droite », des opposants, encore. Mais surtout parce que le peuple ne soutenait pas.


Un autre nous parle d'ici, de Maracay, et de la garnison du coin, celle dont est parti le coup d'État manqué de 1992 et la même dont sont issus les militaires qui se levèrent en 2002 pour restituer Chavez après le putsch manqué de l'opposition. Ici le militaire n'est pas le putschiste hondurien ni le soldat de Pinochet. Aussi paradoxal que ce soit, c'est aussi une partie de ce Peuple, a la fois si abstrait et si concret. "Une révolution pacifique mais armée" ainsi que la présente Hugo Chavez lui-même. Toute cette histoire ici est encore présente, ne peut s'oublier, elle imprime les esprits, ... et donne quelques raisons d'agir pour encore un certain temps.

Municipalité chaviste, cet état d’Aragua est un des grands bastions de la révolution en nombre de votes. Ici aussi on critique, on est conscient des problemes, bureaucratie, corruption, .... Mais comme nous l'exprime Leonardo, il y a une certitude, ce processus est irréversible. Pourquoi ? Parce que même si l'opposition devient a un moment donné majoritaire, "comment fera-t-elle pour nous retirer les mercals, les dispensaires barrio adentro. Et surtout, comment feront-ils pour nous empêcher de penser ?"

L'histoire de Teletambores c'est aussi celle-là, celle de ce passé, qui s'oublie souvent, surtout en zone urbaine, quand on est au cœur de l'action et de la vie politique.
Et celle de ce processus que d'aucuns s'aventurent parfois a qualifier de révolution.

On est à Teletambores, à côté de Maracay, dans une ville à la campagne.
Et il fait chaud,

très chaud.

samedi 21 novembre 2009

Paroles d'expats (mais pas tous)

J'ai depuis quelques temps rencontré un petit bout de la communauté française expatriée au Venezuela. C'est pas des simples touristes révolutionnaires, puisque ceux-là se sont établis ici depuis déjà quelques années. Et leur discours n'évoque pas vraiment celui que j'ai pu voir ou entendre jusqu'ici dans les milieux que je fréquente.

J'ai unilatéralement exclu les trotskystes moines-soldats (dont j'ai parlé dans le billet précédent) et les escuálidos, les gens de « l'opposition » de droite, qui sont concrètement allergique au moindre fait et geste du Gouvernement vénézuelien et dont le discours demande une analyse complémentaire systématique dont je fais l'économie ici.

Ça laisse quand même un champ libre à pas mal de monde rassurez-vous.

J'ai retenu encore une fois unilatéralement deux thèmes simples qui sont revenues un peu partout au fil des conversations. le processus révolutionnaire ? Et Vive TV ? Voici quelques réponses (transcriptions de tête)

Ah et je cite personne, d'une part parce que j'ai aucune autorisation des auteurs des propos, d'autre part parce que je me souviens plus qui a dis quoi. Non ce n'est pas parce qu'ils risquent des représailles pour leurs idées, nous sommes en démocratie (ici).

Enfin dernière précision, je ne dirais pas non plus avec lesquels je suis d'accord et lesquels non, puisque sur un certain nombre de sujet je ne sais tout bonnement pas quoi en penser. Et je m'en tire à bon compte, je sais.

« Mon problème c'est que je suis resté confinée ici, à l'Est. J'ai bossé pour le Colegio de Francia (lycée Français), une micro-société, les gens qui y travaillent restent dans leur petite vie et ne connaissent rien du pays. Et sont bien évidemment d'opposition anti-chaviste. Tellement élitiste que dans les classes, les « locaux », les vénézueliens sont séparées des étrangers, peur du mélange social. Sans parler du coût, c'est évidemment que pour les plus riches. Tu vois, ça fait plus d'un an que je vis ici, mais j'ai encore jamais vu de conseil communaux ».


« Un des principaux problèmes du processus aujourd'hui c'est qu'avec tout le discours anti impérialiste contre les bases américaines en Colombie, qui est vrai, vient un discours anti-colombien. Plusieurs millions de vénézueliens sont d'origine colombienne et les réfugiés qui arrivent aujourd'hui vivent dans un misère crasse. Ils en sont souvent réduis à vendre des cacahouètes dans les petits bus de la ville. J'ai rencontré il y a quelque jours une vieille dame, immigrée colombienne, handicapée moteur, qui s'était fait littéralement violemment jetée dehors d'un bus et insultée parce qu'elle disait être colombienne. Cette haine du colombien devient quelque chose de très problématique. »



« Pour moi c'est clair, il n'y a aujourd'hui aucune révolution dans ce pays ni dans aucun pays d'Amérique Latine »


« Après l'échec du coup d'État de de 2002 de l'opposition et la révélation de leur vrai visage, même les classes moyennes soutenaient Chavez. C'était à ce moment qu'il aurait dû fermer les chaines d'opposition ayant participé au coup d'État, pas 5 ans après. Et puis il aurait pu à ce moment lancer des véritables réformes, structurelles, attaquer radicalement la corruption, la bureaucratie bref faire cette révolution. Il a été trop gentil avec l'opposition. La corruption augmente encore. L'inflation c'est 20% chaque année. Après 10 de « révolution » c'est plus tolérable ! Chavez va évidemment « perdre » médiatiquement les élections législative, puisque la dernière fois l'opposition n'a pas participé. Mais je pense qu'il peut tout aussi bien perdre la majorité elle même dans ces élections. J'espère que non mais j'en ai bien peur. Et le pire c'est que sur terrain où je suis tous les jours (ndb : le type vit dans un barrio et bosse aussi là-bas) les gens commencent eux aussi à douter du processus, même dans les classes populaires. »



« Vive Tv ? Le canal du gouvernement quoi. »
[Moi : chaine publique ok mais pas quand même de propagande, si ?]
Oui si tu veux, le canal public du gouvernement. Le problème c'est qu'à l'origine c'était une excellent projet, la première année, j'y bossais et il y avait une vraie dynamique. [Moi : oui mais la chaîne n'émettait que sur un minuscule secteur. Aujourd'hui elle est nationale] peut-être mais niveau qualité et élan révolutionnaire y a pas photo, c'était au début qu'il fallait le voir, ça avait une autre gueule que ce canal institutionnel qui alterne entre propagande du gouvernement et programme, faut bien le dire, chiants. »



« Le problème de Vive c'est qu'il n'accepte plus les critique des gens qui font partie du processus. Le pire c'est que regarde les chaines d'opposition comme Globovision, tu regardes leurs JT, c'est quasiment que des thématiques sociales ! Et ils donnent la paroles aux ouvriers en grève, aux contestations même de la part de révolutionnaires. Bien sûr ils l'instrumentalisent pour discréditer le processus, mais cette voix discordante on ne l'entends pas sur Vive, et l'autocritique c'est la seule chose qui peut sauver une révolution, d'ailleurs Chavez lui-même l'a déclaré dans son dernier Alô Presidente »



« Vive TV ? Qu'est ce c'est ? Je connais pas »

« la dynamique est retombée. Je suis là depuis 2003. Et j'ai vu ce que c'était l'élan révolutionnaire des première année. Dans la rue t'avais vraiment des gens qui chantaient et criaient vive Chavez, spontanément. C'était hallucinant l'élan. Et puis regarde aujourd'hui. Tu me parles de Gramoven, de Fama de America mais fondamentalement, ça se restreint de plus en plus. Tout ça avant c'était majoritaire dans le pays et ça se voyait partout. Aujourd'hui c'est plus pareil»



« Vive TV c'est bien, mais personne va te dire "tiens hier soir j'ai vu telle émission sur Vive". La réalité c'est que personne ne regarde cette chaine »



« On parle là et on critique le processus. Mais on est d'accord, si on entend un escualido commenter le processus, toi et moi on se retrouvera clairement pour le défendre. Bien évidemment que je tiens pas le même discours, c'est pas de l'hypocrisie, je ne vais pas quand même servir le discours de la droite sous prétexte d'être critique avec le processus ! La critique doit se faire en interne. D'ailleurs c'est un des gros problèmes du prochain congrès extraordinaire du PSUV( parti socialiste unifié vénézuelien), il n'y a eu aucun débat interne, donc les délégués seront ceux qui sont le plus connus, donc logiquement les mêmes qu'avant. Mais en même temps, comment tu fais pour faire régner la démocratie dans un parti de 7 millions d'adhérents ? »



« C'est drôle mais avec tes questions, tu me rappelles moi il y a dix ans. »

vendredi 20 novembre 2009

Les aventuriers du trotskysme perdu

Je ne suis pas trotskyste, je n'ai pas lu Léon Trotsky..
Il n'empêche que je commence à connaître un tout petit la question pour avoir d'une part des très bon camarades trotskystes, d'autre part pour avoir approché ce milieu au moment de la naissance du NPA. Enfin pour les avoirs rencontrés sur le terrain militant, dans les mouvements sociaux en France ainsi qu'ici au Venezuela

Bundesarchiv Bild 183-R15068, Leo Dawidowitsch Trotzki.jpgPour l'histoire, le trotskisme est née de son théoricien, Lev Davidovitch Bronstein dit Léon Trotsky, fervent disciple de Vladimir Illitch Oulianov dit Lénine. Trotsky participa déjà aux premières tentatives avortées de changement de société en 1905 par exemple. Il a participé activement à la Révolution Russe de 1917. Trotsky a joué un rôle plutôt fondamental puisque quelques mois après l'éclatement de la révolution, dans la situation de guerre civile + guerre des puissances étrangères, c'est Léon qui fondera l'Armée Rouge et qui, pour vaincre les puissances hostiles tsaristes ou occidentales, écrasera les révoltes anarchistes de la Makhnovchina ainsi que les marins insurgés du Kronstadt, accusée d'être contre-révolutionnaires, origine d'une haine partagée entre trotskystes et libertaires qui dure encore.

Le même a également mis en place un plan de militarisation du travail au début des années 20 et est devenu l'un des principaux dirigeants de l'URSS des années 20. Lénine lui-même voyait en lui son successeur bien que sa rigueur le faisait rechigner.
Sauf que comme vous le savez, c'est une brute géorgienne qui se fera appeler Staline qui prendra le pouvoir à la mort de Lénine et qui éliminera physiquement ses premiers opposants très rapidement, et fera naitre la fameuse expression hitléro-trotskyste, encore utilisée par certains « politologues » de droite réactionnaire.
Trotsky sera assigné a résidence puis expulsé définitivement d'URSS. Alors que les services secrets de l'URSS, NKVD puis KGB assassinent systématiquement les trotskystes exilés dans le monde entier, et les purges et procès de Moscou éliminent tous ceux qui restaient en URSS, Trotsky se réfugiera au Mexique où il sera assassiné quelques années plus tard, en 1940 d'un fameux coup de piolet de la main d'un certain Ramón Mercader, agent de Staline.

Fichier:Logo of the Fourth International.svg
Voilà pour la page historique. Sauf qu'avec la mort de Trotsky, le courant n'est pas mort pour autant. Il a perduré au sein de l'association de la IVe Internationale Communiste que Trotsky avait fondé avant de mourir, qui existe encore aujourd'hui et dont sont membres de nombreuses organisations politiques dans le monde entier, dont en France, qui dispose d'une des sections les plus importantes : la Ligue Communiste Révolutionnaire (qui existe toujours justement pour appartenir à la IVe Internationale..).

A quoi reconnait-on un trotskyste ?

Ni à ses cheveux, ni à ses habits, mais à ses principes d'action et son discours.

Le trotskyste est adepte d'une stratégie appelée l'entrisme. Il s'agit dans le principe d'effectuer une entrée groupées de militants trotskystes dans des organisations de travailleurs réformistes mais plus larges, pour, de l'intérieur, renverser la ligne majoritaire « molle » vers une ligne plus révolutionnaire.
Il y a des désaccords entre les trotskystes eux -mêmes sur l'étendue où cet entrisme doit aller. Même si tous les trotskystes aujourd'hui sont d'accord pour dire que Lionel Jospin ou Henri Weber (du PS) ne sont plus trotskystes depuis longtemps.

Voici une blague : «A deux trotskystes, ça fait une tendance, à trois ça fait une scission ». En France existent aujourd'hui comme organisations trotskystes la LCR, Lutte Ouvrière, le Parti Ouvrier Indépendant + de nombreuses tendances minoritaires au PCF au PS, ainsi que les groupuscules CRI, GSI, AJR ... et bien d'autres. Bref vous aurez compris que l'unité n'est pas une qualité fondamentale du mouvement.
Il y a également débat de fond depuis cinquante ans pour savoir si l'on écrit trotskisme ou trotskisme. La encore je remets la question dans les mains des experts sur la question.

Autre dimension fondamentale, l'internationalisme. Outre le pouvoir, le désaccord idéologique fondamental entre Trotsky et Staline portait sur la question de savoir si le communisme doit-être mondial ou s'il doit se concentrer dans un seul pays. On sait qui a choisi quoi avec les « succès » que cela a eu.
Je précise bien sûr que les trotskystes comme moi-même considérons EVIDEMMENT que le stalinisme étaient un totalitarisme abominable. Qu'on ne me reproche pas après de faire l'apologie de criminels. En revanche, les trotskystes s'ils rejettent le stalinisme restent ferme soutien de ce qui s'est passé avant, sous Lénine et restent fidèles aux idées marxiste-léninistes. Oui c'est obscur pour moi aussi.

Dernière chose, le trotskyste dispose d'une culture politique,d 'une connaissance de l'histoire des mouvements ouvriers et révolutionnaires assez hallucinante ce qui fait que sur le terrain d'un débat, il aura toujours raison.

Voilà donc une description au piolet (ahah) mais ce sont les fondamentaux théoriques. Je laisse les experts venir en débattre, et donc susciter une nouvelle tendance. Non je plaisante

Dans la pratique et pour des militants de gauche / extrême gauche, le trotskysme pose un double paradoxe :
  • il faut environ 3 ou 4 militants « normaux » pour égaler en qualité et en quantité le travail de terrain abattu par un trotskyste. Je sais pas d'où ça vient, mais leur discipline, leur manière de s'organiser font qu'ils sont extrêmement efficace et donc quasi indispensables.

  • Ils ont la fâcheuse tendance à vouloir récupérer à leur compte tout succès de mouvement social et dénigrer systématiquement tout échec de ce même mouvement, parfois en « aidant involontairement » à faire échouer si la manière de faire ne leur va pas.
Il se trouve qu'il y a aussi des trotskystes au Venezuela,
j'en ai rencontré un plutôt gratiné il y a peu.

On commence à discuter du processus. Et d'emblée, sans savoir quelle était l'orientation politique du type qui me parlait, ça m'a frappé immédiatement, dans la teneur du discours qu'il utilisait, les mêmes tournures de phrases, les mêmes expressions que j'avais pu en entendre en France. J'ai sans le vouloir tout de suite compris qu'il était trotskyste. Évidemment, j'ai écouté ce qu'il me disait. Le problème c'est que tout ce qu'il me racontait ne sonnait pas comme sortant de sa bouche et de son cerveau mais de celui de son organisation. Abandonnant la rationalité où j'aurais de toute façon pas pu lutter, j'ai donc essayé de le prendre par les sentiments, proprement inutile, soit de le faire rire de son discours. Et c'est aussi une autre faculté du trotskyste d'avoir extrêmement de mal à rire de lui-même avec d'autres militants.
Je n'ai donc même pas essayé de lui chanter « la Ligue à Léon »

Et qu'est-ce qu'il me disait cet ami trotskyste ? Je retranscris avec une certaine mauvaise foi.
« Tu comprends, le processus bolivarien au final ça se résume à un capitalisme d'État, il n'y a pas de révolution sinon un réformisme mené par une nouvelle petite bourgeoisie bureaucratique réactionnaire. »

Je lui parle de conseils communaux que j'ai visité . « non mais c'est bien mais c'est pas fondamental, c'est une minuscule minorité ». Je le provoque alors en lui parlant d'avant garde éclairée « non, mais oui, mais ce sont pas eux qui vont impulser le processus, c'est l'exception, enfin tu comprends ce que je veux dire ». Et puis bon là j'ai senti qu'il commençait à se contredire assez violemment.
Bref avant garde ok mais ça doit être nous sinon ça marche pas.Le constat n'a pas fondamentalement faux, mais il y a l'art et la manière de le dire. Et là ça coince.

Le trotskyste est quelqu'un critique, éminemment critique, d'une critique rare. Mais il agit généralement peu quand il critique beaucoup quelque chose. Ou alors, il défend corps et âme cette chose (qui peut être la même qu'il a critiqué auparavant avec quelqu'un d'autre), et dans ce cas là il est tellement impliqué qu'il se retrouve à avoir un intérêt personnel en jeu dans son discours. Et ni de ces comportements, ni l'un ni l'autre, il ne les reconnaîtra.

Que je rassure mes camarades militants trotskystes qui me lisent peut être, tous ne sont pas comme ça bien heureusement, je pense que ce n'est qu'une minorité, comme partout. La grande majorité doivent être des militants conscients de tout cela mais doivent avoir d'ailleurs bien du mal à se faire entendre dans leurs organisations où la question de fonctionnement démocratique prête quelque peu à débat.
J'ai également rencontré deux jours plus tard d'autres trotskystes au discours plus souples, moins péremptoire et plus cohérent, et je suis actuellement en train de lire un bouquin d'une figure du trotskisme international, Tariq Ali, bref je n'ai aucune répugnance de principe comme peuvent en avoir certains anti-trotskistes.

Quand à la trahison de ses idées comme Jospin, les maoïstes et pro-chinois des années 70 s'en sont faits une spécialité et sont allés bien plus loin qu'une simple participation à des exécutif pour devenir des pontes néolibérales. Je renvoie à la lecture du livre « lettre ouverte à ceux qui sont passés du Col Mao au Rotary, de Guy Hocquenghem »

http://www.relay.com/Covers/Bigs/12713.jpgEt surtout contrairement à l'idée que s'en fait la droite réactionnaire.

le trotskyste n'est pas un agent secret infiltré, il n'avance jamais masqué, au contraire, ils se montre souvent, parfois trop, surtout quand il y a des caméras. Mais je suis mauvaise langue.

Au delà de toutes les caricatures qu'on peut faire (l'exemple que j'ai eu était assez violent j'en conviens)
il y a quand même une constante plus générale qui pose un problème assez conséquent pour tout militant..

C'est peut être une illusion mais les quelques personnes dans la même situation que la mienne que j'ai croisées qui sont revenus de la Bolivie, m'ont dit d'entrée de jeu ceci :
"le principal danger pour la révolution bolivienne aujourd'hui, ce sont les trotskystes qui noyautent toutes les sphères de pouvoir".

Et le pire, c'est que si l'on s'avise de discuter sérieusement de ces problèmes avec un militant trotskyste, il est quasi certain que celui-ci ou celle-ci va nous traiter de stalinien, soit l'équivalent de traiter quelqu'un de nazi ou d'antisémite dans un discours plus commun, ce qui est la meilleure manière de clore la discussion.

Les trotskystes entendent mais n'écoutent fondamentalement pas
, y compris les gens qui ont des sympathies avec eux. Les trotskystes sont tellement révolutionnaires, ils veulent tellement bien faire que pour arriver à enfin faire cette révolution communiste, ils sont prêts à écraser toute contestation sur la manière de faire celle-ci, parfois à raison, souvent à tort, et à vouloir tellement bien faire, ils finissent par mal faire, même parfois par empêcher ce qu'il promeut. Je voudrais simplement leur dire que de temps en temps, il faudrait qu'ils écoutent la voix du peuple dont ils pensent à être le porte-voix.

jeudi 19 novembre 2009

Interlude dispensable : autocritique bloguesque

Vous avez dû remarquer depuis le début de ce blog qu'il y a ici comme une consonance assez particulière à la fois particulièrement militante, avec un certain degré de béatitude niaise, mais également avec comme un arrière goût d'inachevé, de « c'est tout ? et après ? ».
Je suis parfaitement conscient, et c'est pourquoi je m'arroge la possibilité unilatérale de faire ce billet qui ne sort pas du cadre même si quand même un petit peu.Et en plus, OH SACRILEGE, je vais m'autoriser à m'arroger quelques qualités.
Quand on vous disais qu'un blog ça monte à la tête et ça rend égocentrique.

Je n'aime pas les blogs.

Le ton, la manière, le fond, la forme. C'est presque une haine maladive et j'en serais dégoûté si je ne m'étais confronté à cet exercice depuis déjà un bout de temps.

J'ai déjà eu trois blogs dans ma courte jeunesse cybernétique.

Un premier en 2007, un skyblog, soit la pire chose concevable pour un blogueur conséquent, l'antre de fange des adolescents qui cherchent à se créer une gloire éphémère dans leur courte existence. Bon et puis finalement, ça m'a saoulé, j'ai arrêté, conscient de l'inutilité de la tâche. J'ai trouvé quelques perles rares mais bon, hormis ces exceptions, j'ai bien dû me rendre compte que c'était effectivement à 98% quelques chose qui ne me convenait pas. Et puis j'ai supprimé, désolé pour les archivistes, le temps cybernétique n'est pas le même que celui d'un historien.

Le second fut déjà plus satisfaisant à mon goût, http://www.rastalavictoria.oldiblog.com/
sur la plateforme oldiblog encore à cette époque considérée comme « alternative » au skyblog-roi. Là j'ai pu parler de tout et de rien, de philo, de ma génération de jeunes, de politique aussi, toujours privilégiant l'écrit sur le visuel ou le sonore. Ca a tenu deux ans, c'est celui qui a eu le plus de succès d'ailleurs en terme d'audience virtuelle.

Et puis une fois entré à l'université compte tenu de mes évolutions personnelles, j'ai tourné cette page et j'en ai ouvert un troisième : http://blaaah.wordpress.com/
Beaucoup plus politique, parfois tendant au copier-collé de tracts militants, des fois simple coup de gueules, d'autres plus dans la tentative de réflexion de fond, avec des contenus humoristiques aussi.
Ces blogs-là ils me ressemblaient plutôt bien dans mon apparence sociale, c'était un bon passe-temps. Sauf qu'à chaque fois ça allait pas, mais pas du tout avec ce que je voulais faire et combien de fois ais-je pesté devant l'inconsistance de mes propos. Non j'y arrivais pas à faire un truc bien. J'abandonne, c'est pas pour moi.

Et puis nous voilà arrivés depuis deux mois ce carnet de voyage. Encore un exercice différent, dans une situation toute particulière puisque, si je n'explore pas un terrain tout à fait inconnu pour mes compatriotes européens, à savoir ces terres latino-américaines, j'ai le privilège d'être un des rares blogueurs français à avoir voulu confronter la découverte de ce pays au concret à l'intérieur du processus. Ce n'est pas du courage, juste un point de vue pas forcément courant, dont j'ai senti un besoin cruel pour mes camarades aussi intéressés par ces expériences politiques, et pour moi-même également, face à la non-information sur ce qui se passe ici dans notre occident.

Je l'ai dis, je n'aime pas les blogs.

J'ai beau avoir trouvé quelques liens plutôt sympa, je persiste à croire que c'est la forme d'expression parmi la plus apolitique qui soit. Les blogs – principalement politiques mais pas que - sont aujourd'hui une de mes principales source d'information sur l'actualité de ce monde, mais il reste que pour moi un blog ça reste l'antithèse parfaite de ce que je conçois comme militer. C'est du virtuel à l'abri derrière son clavier, et même si dans certains pays c'est la seule ouverture pour avoir un peu de liberté, ça ne me semble pas convenir à une véritable émancipation du genre humain.
D'une part dans l'aspect visuel du blog, qui est préétabli, ce qui en fait d'ailleurs sa facilité d'utilisation et donc son principal attrait, mais également dans la forme dont il s'utilise. Instantané, flash, et lu comme une brève avant de passer à une autre, sans profondeur, même si on s'y prend d'attention, on ne reste presque jamais plus de 2 minute sur un même blog faute de contenu rassasiant pour notre soif d'info. La virtualité résiste à mon humble avis peu à l'épreuve de l'analyse politique. D'ailleurs, malgré les louanges de certains milieux fanatiques, lire un livre numérisé est certainement la pire chose à faire pour apprécier un bouquin.

Je ne suis pas quelqu'un de dogmatique. Je déteste les dogmatiques, à tel point que j'en suis parfois dogmatique sur ce point, mais c'est une des pires insultes qu'on puisse me dire. Ceux qui me connaissent réellement savent bien qu'au contraire j'essaye toujours de privilégier le dialogue et surtout l'écoute. C'est un gros défaut pour mes camarades, pour moi c'est essentiel d'écouter les voix, quelles qu'elles soient. Et d'abord celles qui sont contre moi, jusqu'aux plus radicales, avec la notable exception des fascistes, les nazis (il en existe encore pas si loin), et ce depuis une mésaventure qui m'a fait comprendre que quand en face on ne cherche que le combat violent, des jambes peuvent servir plus qu'une langue, même bien pendue. On me l'a déjà reproché d'accorder trop d'importance à celui qui m'est opposé, tant pis, tant mieux.

J'ai aussi une autre caractéristique c'est de ne vouloir m'affilier à aucun courant politique de gauche de la gauche, plus clairement aucune chapelle. Ni communiste, ni écologiste, ni social démocrate, ni trotskyste, ni stalinien, ni anarchiste, ni libertaire. Clairement, de gauche, vaguement révolutionnaire et un peu moins vaguement socialiste, enfin selon ce que cela signifie. non violent mais même plus pacifiste. Absolument non croyant en aucune religion, mais avec néanmoins un certain goût du spirituel. Je suis membre d'un syndicat étudiant de lutte mais en remise en question constante sur ce qu'il est et ce qu'il fait.

Il y un principe qui demeure dans la majeure partie de mes digressions politiques c'est la question de la lutte des classes, plus particulièrement depuis le dernier blog Mais si ce principe est observable partout et tout le temps, je n'espère pas non plus en faire l'alpha et l'omega de ma pensée je ne suis donc pas non plus marxiste. Et puis j'aime bien aussi ne pas suivre la pensée dominante des quelque milieu militant que ce soit, tenter d'être, non pas impertinent ce qui ne veut rien dire, mais plutôt innovant, constructeur, parfois avec succès, d'autres fois c'est un désastre total. Le revers c'est que j'ai beaucoup de mal à me situer ce qui me met dans une position plutôt solitaire la majeure partie du temps. Bref un gauchiste lambda ou presque.


Pourquoi telle présentation ?

Parce que je viens de relire les quelques articles qui composent le début de mon blog. Et comment dire, j'ai comme un arrière goût qui pique. Comme le sentiment de ne pas avoir été sincère. Non, pas sur le Venezuela, rien à regretter de tout ce que j'ai écris, je persiste et signe sur le fait que ce pays vit un processus révolutionnaire, aucun doute là-dessus.

Ce n'est pas sur "l'analyse" du processus en elle-même que il y a cet arrière gout. C'est juste que plongé dans le terrain, d'abord j'en ai oublié les quelques uns qui me lisent. Soit des européens. Et j'ai aussi la prétention de vouloir non seulement écouter mais aussi être entendu par ceux qui veulent bien m'écouter à leur tour. Bon pour le moment, ça se réduit à quelques amis, la famille et quelques visites de militants sympathisants, pas de quoi fouetter une tortue, mais je désespère pas de devenir un peu plus connu. Quoi qu'il en soit, j'ai eu l'impression de souvent parler ma propre « langue » de rester dans les quatre murs de mon cerveau pour parler à des gens au loin qui n'ont pas des yeux ici pour voir ce que je découvre aussi. J'ai oublié aussi quelques uns des principes que je crois me caractériser.

Et j'en ai surtout clairement marre d'être consensuel comme je le suis depuis le début du blog.
Je ne me risquerais sous aucun prétexte à un jugement tranché sur le processus, parce que cela d'une part j'en suis parfaitement incapable et que je n'en ai aucune idée à l'heure actuelle, d'autre part parce que ce serait exactement le contraire de ce que je veux faire avec ce carnet de voyage.

Mais il y a des aspects qui m'ont touchés profondément ici, des « vérités » préétablies qui ont été ébranlées, d'autres qui ont été confirmées. Et puis des choses que je n'ai pas dites clairement, et pour finir des choses dont je ne dis mot parce que je ne les comprends pas, bref j'ai été un peu trop descriptif et un peu trop timide jusqu'à maintenant.

Donc ce re-cadrage permettra peut être d'avoir un avis encore moins objectif, toujours aussi concret, mais qui colle plus avec ce que je vois, je vis et je ressens ici. Et puis en plus, il parait que ce genre de comportement à tendance à plaire aux lecteurs de blogs, et donc dopera mes statistiques, bref tout bénef.

Bref, un pas en avant, trois pas en arrière, et on redémarre. En avant !

vendredi 13 novembre 2009

Nuit de fraternisation à Gramoven

Ce fut donc ce mercredi 11 novembre l'anniversaire de Vive TV. 6 ans d'information du pouvoir populaire. ON est parti fêter ça au milieu des communautés, à Gramoven, au campement civico-militaire.
On est en direct nationalement, une télé pour le peuple qui fête son anniversaire avec peuple dans un barrio populaire.


http://www.larevolucionvive.org.ve/IMG/jpg/granvive6aniv_gramoven.jpg

Le public est en joie, notre arrivée est une fête elle aussi. Public ? non, en fait le public, c'est nous la télé, ce sont eux les acteurs, c''est la caméra le spectateur. Elle filme les gens, les porte paroles mais aussi les travailleurs de la communication de Vive. Mécaniciens, caméraman, perchistes, tous ont leur mot à dire sur ce qui se passe. Il n'y a plus de journalistes, que des travailleurs de la communication, et ça se sent. De Vive comme de Gramoven, ils vivent dans les mêmes quartiers. Unis, un même peuple, une même classe.

Je m'éloigne un peu prendre un peu l'air et admirer la vue sur la vallée.
Je m'approche du parc à jeu pour enfants.
Ca grouille, ça crie, ça joue. L'attraction n°1 c'est cette vieille chaussure comme on en pêche dans les vieux étangs, et surtout, les pétards. et pis d'un coup, PAF ! ils s'amusent ainsi et recommence inlassablement.
D'autres jouent à la balançoire. Tiens, mais au fait, cette balançoire ? Eh oui, pas de doute, et ce cabanon en bois aussi, eux aussi fait partie du processus, aux aussi ont été construits par la communauté, dans le cadre de la mission Barrio Nuevo. Eux aussi sont révolutionnaires.

Ces gosses, sont-ils trop jeunes pour comprendre ? ou bien comprennent-ils déjà bien mieux que moi ?
Ces gosses, combien d'entre eux seraient aujourd'hui illettrés sans les missions Robinson et les écoles bolivariennes ? combien seraient drogués, dealers ou délinquants sans le processus ? Ces gosses qui demain seront ceux qui feront pérenniser cette révolution.
Car il n'y a presque plus de doute là dessus, c'est bien une révolution que vit ce pays.

Au loin, la vallée pleine de lumières. Jaunes, pour l'éclairage public, et les riches. Blanches, basse consommation, pour les pauvres.La lumière elle aussi reflète la lutte des classes.

Retour à la fête. L'ambiance est toujours aussi chaleureuse, et cette chaleur humaine monte encore d'un cran lorsque arrive deux ministres du gouvernement. D'abord Blanca Ekhout, fondatrice de Catia TV, présidente actuelle de Vive TV et également ministre de l'information et la communication. Joie, clameurs, applaudissements. Puis c'est le tour du ministre du logement, Diosdado Cabello, bolivarien de la première heure, et fervent porteur du projet Barrio Nuevo, qui passe le temps de son interview à faire des blagues.
Pas de cordon de sécurité, pas de garde du corps. Un chauffeur en costard et c'est tout. c'est décontracté à souhait. C'était pas prévu au programme mais ils s'intègrent parfaitement et on termine le direct. Puis on attaque le gâteau. C'est la responsable de la cuisine communautaire qui coupe. Blanca Ekhout, au delà de serrer les mains, fait surtout la bise à tous et toutes les camarades de Vive, encore une fois des mécanos aux "journalistes" et aux membres de la communauté. En fait, il n'y a pas de différence, en dehors du statut officiel. Elle aussi est du peuple, elle aussi vient d'un barrio, d'ici elle aussi. C'est pas pour rien qu'on parle de Ministères du Pouvoir Populaire. Démagogie ? Certainement, la preuve non ?

Je discute avec des gens de la communauté, pas en journaliste, en simple être humain au milieu d'autre humains avec une envie commune de fraterniser. Bref on parle de rien et de tout. Ils m'interroge sur ma manière de voir le pays et le processus et sur les conseils que je peux leur donner. Alors limpide, me sort la seule m'est à l'esprit alors. "Mais vous vous rendez pas compte qu'on a rien à vous apprendre ? Et que c'est plutôt à nous d'apprendre de vous ?" On ris tous devant cet élan de lucidité, ou de folie ou ne sait plus bien. Une dame me dit que Chavez est en train de devenir un nouveau Libertador, un nouveau héros national, comme Simon Bolivar.
Quand on pense que les missions n'existent pas sans lui, que le processus a été impulsé par lui, on peut se dire que ce n'est totalement faux.
Tiens et puis vive aussi, un canal du pouvoir populaire, c'est lui qui l'a fait démarrer.
Mais ils en ont tous conscients, même jusqu'aux plus profonds chavicistes : s'il est l'impulsion, l'essence, la force, les réalisations, c'est pas lui, c'est la base, le peuple. Et c'est loin d'être abstrait.

Une nuit à Gramoven. Les gosses jouent. Vive TV a 6 ans.

http://www.larevolucionvive.org.ve/IMG/jpg/granvive_6.jpg

INFORMATION COMPAREE ENTRE DEUX MEDIAS "PUBLICS"

Venezolana de TeleVision (canal du pouvoir): hier le ministre du commerce a accordé la nationalisation de Fama de America : "nous allons créer un grand service public de la filière du café" a déclaré le ministre du commerce et de l'industrie.

Vive TV (canal du pouvoir populaire): Hier, les travailleurs de Fama de America ont gagné la nationalisation de leur usine : "les travailleurs sont désormais tout à fait capables de prendre les rênes de l'entreprise" a déclaré Gustavo le porte parole du syndicat révolutionnaire de l'entreprise.

samedi 7 novembre 2009

Le début de la fin du commencement de la gloire




*mode autopromo on*

Et voila
après avoir été embrigadé par les chavistes rouges aux dents longues et rouges, voila que je me fait embaucher par des anarcho autonomo - anti guerre, anti impérialistes, anti fascistes, anti machin et anti truc, bref je vous fais pas un dessin, j'ai été enrôlé par le terrible et subversif site web article 11 lui même

Quoi, vous connaissez pas ?

Malandrins, aller vous en quérir donc ce site extraordinaire qui donne un info pas neutre, pas objective et pas journalistique mais qui est bien quand même, avec des témoignages de l'intérieur des quartiers, des prisons, avec des critiques de bouquins qui passeront pas chez Drucker, des coup de gueules, des analyses, des interviews de gens biens, bref ... (non je ne fait pas du rab parce qu'ils me publient, évidemment)? Et un article quasiment tous les jours.


Et puis quand même parce que sur un blog c'est ma petite personne qui a de l'importance, mon article ICI :


*mode autopromo off*

Et sinon pour ceux que ma vie intéresse

Hier je fusse à l'université centrale du Venezuela, UCV, soit un équivalent vénézuelien de la glorieuse fac d'Assas mais en beaucoup plus violent ici, pour assister aux élections estudiantines et rencontrer les révolutionnaires qui y résistent tant bien que mal. J'ai pu faire la comparaison entre la grenade lacrymogène européenne sarkozyste et celle de la droite oppositionnelle vénézuelienne balancée par la droite anti chaviste, ... ça pique autant. Au rapport complet quand j'aurais le temps.

Et puis en ce jour apprentissage de nouvelles techniques de propagande d'information et de communication populaire, peinture murale et sérigraphie, dans la communauté d'Ocumare del Tuy. Et pourquoi là bas ? A l'occasion de la naissance d'un conseil populaire de communication por supuesto (ndlr = bien sûr). Et là encore, vu que demain c'est l'élection d'un conseil communal au 23 de enero et que je passe pas ma vie dans le virtuel ... ça viendra quand ça viendra.

Et la vie sociale et humaine dans tout ça ?
(puisqu'un militant n'est évidemment pas un être humain,
et un militant révolutionnaire encore moins)

Elle va très bien, des rencontres, des rencontres, encore des... et ce soir anniversaire de l'ateneo popular (là ou je vivais avant le 23 pour ceux qui suivent pas) où je retourne m'honorer de leur présence de ce pas dans une heure.

et c'est aussi l'anniversaire de Vive Tv cette semaine donc re fête.

Oui ça va devenir lassant tant de chose positives.

Pour ça que je risque peut être de partir, loin, à l'autre bout du pays, pendant 15 jours pour suivre une équipe de tournage dans la ville de Maturin, loin à l'Est, dans l'Etat de Monagas.

Ou à L'ouest, en Décembre pour passer les fêtes avec les amies de Guanare, Etat de Portuguesa.

Week end ? ... Vacances ??? AHAH !

mardi 3 novembre 2009

Titre participatif .. par manque d'inspiration

Peu de nouvelles depuis quelque jours, je fais des chose ici et là, pas trop de temps pour vous chers lecteurs mais bon en résumé :

Jeudi : Gramoven, deuxième visite qui m'a permis de découvrir d'un peu plus près ce qu'est ce civico-militaire dont ils parlent tant. Je retrouve El Niño qui m'explique :
"Mêler peuple et militaires, c'est la seule chose à faire qui nous reste pour éviter qu'il nous arrive la même chose qu'au Honduras" . histoire d'armées populaires des années 70 au panama.
"il ne s'agit pas de s'armer pour combattre mais de créer nos défenses pour éviter d'avoir à le faire"
Circonspection; doute, prise de recul, analyse ... mais non décidément, pas moyen de parler de militarisation de la société. Peuple et armée, unis. Et pusi tout autour les avancées du barrio, circuit d'évacuation des eaux, toits en dur ...

Vendredi : je me désinforme toujours un peu plus sur la France. En zonant sur des sites gauchisants, je tombe sur un article traitant de l'Amérique latine par un "connaisseur" : Marc de Saint Upery.
Discussion en forme de commentaires successifs avec Monsieur Marc de Saint Upery en personne, auteur d'un ouvrage très détaillé sur les processus d'Amérique Latine mais qui ne correspond pas vraiment avec ma réalité quotidienne. Après débat riche et constructif, un des administrateur du site me contacte, il est intéressé pour que je lui fasse un article.
Dans la semaine donc, normalement, un article sort de ma plume sur le site : http://www.article11.info/

Samedi : ballade en ville. Passage à pied à côté du palais Miraflores, demeure du Président, situé quelques centaines de mètres ... des barrios. la garde présidentielle me fait signe : Interdiction de marcher sur le trottoir du côté du palais. Horreur et circonspection là encore. Au soir, je regarde un documentaire sur le coup d'Etat de 2002 contre Chavez. Comment l'opposition a fait tourner au sang une manif, comment les militaires sont restés fidèles au gouvernement, comment les médias ont fait l'impasse sur la réalité, comment des snipers ont tirés dans le tas entrainant une confusion monstre qui sera vu à le télé comme les méchants chavistes qui massacrent les gentils démocrates, comment 2 millions de personnes étaient le lendemain dans la rue pour demander le retour de Chavez. Tiens j'ai justement traversé une heure avant le pont où se trouvaient les snipers. Tu m'étonnes le besoin de sécurité du lider rouge à casquette, nulle circonspection aucune.



Dimanche : un tour au ciné. Bastardos sin Gloria, ou plutôt Inglorious Basterds de Quentin Tarantino. Nostalgie, on parle de la France. Bon autre époque puisque seconde guerre mondiale. Très drôle de regarder un film où l'on parle français et anglais sous titré en espagnol. Sauf que, drame international, j'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre le français et je me rabat sur les sous titres beaucoup plus limpides. très bon film au final.
Au soir on parle du machisme avec les compagnons de la coordinadora Simon Bolivar en sirotant une cerveza. Ils rient de leur comportement, c'est un bon début.

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Lundi : retour à Fama de America, l'usine de café qui demande la nationalisation. Ambiance festive. Des ouvriers de l'entreprise la Gaviota sont venus jouer une pièce de théâtre. La Gaviota, usine de conserves de sardines, des mois de lutte, au final, expropriation du patron, contrôle ouvrier, sans direction ... ouais autogestion si vous voulez. C'est à Cumanà, dans l'Etat de Sucre, juste en face de l'île à touriste la Marguarita. Je sas déjà où j'irais s je me rends dans ce coin.



http://www.larevolucionvive.org.ve/IMG/jpg/hohoho-2.jpg

Au soir, les camarades mlitants de l'IEP m'apprenne que le syndicat est assigné en justice au tribunal Administratif de Toulouse par l'administration de science po pour ne pas avoir exécuté l'ordre d'évacuation du local syndical, requis : 1500 euros d'amende + 500 euros par jours de retard. On en est à près d'un mois d'occupation tacite. De là où je suis, je peux pas faire grand chose, mais j'oublie pas. Passage au tribunal lundi prochain. Au repas du soir on me fait goûter un papelon con limon, une limonade au citron et au jus de canne à sucre. rafraichissant.

Mardi : arrivée à Vive des compagnons d'Alba TV, pour l'instant un site web sur les mouvements latino américains, qui a vocation à devenir une véritable télé. Un canal du pouvoir populaire à dimension internationale. Ils sont là pour se former, ils viennent de toute l'Amérique Latine et nous racontent un peu les autres pays.

Mail de l'administration de science po, ah ils ont enfin un scanner et même un service dédié pour les stages. je découvre ma 2e convention de stage et le programme pur la Bolivie : "re-dynamisation des expériences de développées par le centre de communication de l'ONG. Relance de la stratégie communicationnelle de l'association de phase 1.
Sans novlangue, en clair, ça veut dire que je vais participer à construire avec mes petits bras une radio communautaire locale et que je vais remodeler leur site web. Ça va être bien.
Au soir, des camarades indigènes de Bolivie viennent visiter la coordinadora. j'en apprend au passage plus sur ce lieu, symbole de la résistance depuis près de 50 ans, avec le frère ou la sœur d'un tel, mort sous les tirs de la dictature/"démocratie représentative".

Et ce n'est pas tout puisque ...

vendredi je me rends à la l'Université Centrale du Venezuela (UCV), fac largement conservatrice puisque réservée à l'élite jusqu'à il y a peu. où une organisation de jeunesse organise une consultation des étudiants sur la participation directe des étudiants dans la décision des politiques de l'université, de la cogestion révolutionnaire, ca va être bien aussi.

Et lundi, mardi, mercredi prochain, immersion totale pendant 3 jours avec les compagnons d'Alba TV dans un atelier de communication populaire qui se déroulera chez d'autres camarades, à Catia TV une autre télé communautaire plus locale mais tout aussi intéressante.

Les coupures d'eau sont fixes maintenant, le mercredi et le jeudi, celle d'internet non et durent plus longtemps. J'ai enfin croisé ma première cucaracha (gros cafard) dans la douche, sensation assez surprenante vu la taille du machin, surtout le matin au réveil. Surprise aussi avec les fourmis, étonnamment minuscules.

Pour le reste, je vais toujours très bien et j'ai pas le temps de causer à des gens qui passent leur vie sur internet ...