lundi 8 février 2010

La Colombie ne fait pas le moine

Le pont franchi, j'entre dans un nouveau pays, inconnu.

La Colombie on le dit et le sait, est un pays démocratique, où règne l'ordre, et où la population ne souhaite que sa sécurité et lutte courageusement contre les terribles guérillas des FARC-EP (pyuisque c'est leur nom : Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - Ejercito Popular) et de l'ELN (Ejercito de Liberacion Nacional).

j'entre donc dans ce pays terriblement démocratique.
D'emblée ce qui surprend, c'est l'ordre. c'est propre, rangé, les limitations de vitesse sont respectées, il y des policiers un peu partout, même qu'ils sont extrêmement aimables, polis.
Certains diront " ah ben ça change des vénézueliens !". je dirais juste que la révolution bolivarienne est ce qu'elle est, soit foutraque, bordélique, parfois hasardeuse. Mais révolution quand même.

Ici point de révolution. Ordre et liberté, la devise de l'armée. On peut leur faire confiance.
Après avoir pris un mini-bus, qui respecte  étrangement le code de la route, j'arrive au terminal, où un type m'offre une réduc de 50% sur le billet en échange d'une petite compensation. Service rendu entre bons amis en somme.

Billet en main, je grimpe dans le bus juste avant son départ.
Confort, ceintures de sécurité, peu bruyant; On est bien.
Je remarque juste un numéro à l'arrière suivi de : "dites moi comment je conduis". Et à l'avant un compteur, qui indique aux passagers la vitesse suivie.

Et on part, on dépasse pas les limites, la route est plutôt en bon état. 
Premier arrêt : douane. Contrôle de routine. Sauf qu'un contrebandier s'est glissé dans le lot. DVD, TV, Hifi, venant du venezuela, moins cher (malgré la terriiiiiible inflation), pour être revendus en Colombie.
Douanier signifie guerrier sous apparence policière armé d'une mitraillette dans le dos. Accueillant.
Ils ouvrent la soute. Ils déchargent quelques valises et les mettent à l'écart.
La mienne.
non
Il vont ...
pas possible.
ils vont trouver ma casquette à étoile rouge, m'emprisonner, me livrer aux paramilitaires, je suis foutu ! Je prépare déjà mon discours pour la vidéo de la séquestration et la demande de rançon.

Non en fait 'est juste qu'il y avait 4 autres sacs de contrebande cachés derrière.
je suis profondément déçu.

Après une heure et demi, le type reste sur place, il aura 72h pour fournir les preuves d'achat, sinon il sera l'objet d'une procédure judiciaire.

Et l'on repart. Tranquillement sur des routes de plus en plus montagneuses et sinueuses et cahoteuses.
Jusqu'à arriver au deuxième point crucial du voyage.
Dans une descente digne du col de l'Izoard, la foret en contrebas en plus, le bus s'arrête. Plus bas des lumières  clignotes, les voitures éteignent les phares.
cette fois ça y est, j'en suis sûr, c'est la guérilla, je savais bien que le voyage était pas sûr.
Et je l'avais déjà prédis cette nuit dans un rêve prémonitoire. séquestration misère, et puis je vais même choper le paludisme si ça continue dans cette jungle hostile avec l'armée colombienne qui nous bombarde à tout bout de champ.
On s'approche ... arrive au coin du tournant. 
BAM
Eboulement de terrain. une canalisation d'eau en surplomb percée et un bout demontagne est tombé. 
Alors, ben on y va tous, enfin certains plus que d'autres. Les chemises blanches un peu moins, soit les  chauffeurs de bus, quelques autres et moi. On me tane : Hé Gringo, arrête de prendre des photos, viens filer un coup de main. Je réponds que ma chemise en tweed anglais risque d'être endommagée par le contact avec la surface telurique d'une boue dégueu.



Et j'ajoute que je suis aps gringo, mais zeuropéen.



Et comme les Colombiens sont des perfides soldats de l'Empire, fanatique de cocaïne et de sécurité :


"tu sais ici, les gringo, (les zétasuniens) ils ont font 3 choses : 
ils prennent les richesses, 
ils construirent des bases militaires 
et ils font du commerce de drogue".
 
Bon après il enchaine un couplet enchanteur sur l'Europe qui les aide au développement, je modère ses ardeurs. 
On finit par en sortir. 3 heures plus tard.

plus tard, j'écoute des conversations au téléphone dans le bus histoire de m'habituer à l'accent :
" tu vas là-bas ? bon alors fais bien attention, tu sais comment sont les choses" (...)
"Et n'oublie pas que ... tu sais bien".


En Colombie, le dernier président a été élu avec un taux de 60% d'abstention, il est un des plus gros narcotrafiquant du pays : il s'appelle Alvaro uribe. Le même qui a vendu son pays aux Etats-Unis en leur offrant sur un plateau sept ases militaires, "pour lutter contre le narcotrafic". On imagine bien le type se rendre dans la base américaine : "coucou, emprisonnez moi, je suis un narcotrafiquant". Soyons sérieux, c'est une nouvelle forme 'intervention pour reprendre le contrôle de l'Amérique Latine, c'est juste tellement évident qu'il faut quand même le dire.
Le même Uribe qui a une solidarité féroce avec les paramilitaires, dont sont plus que très proches certains membres du gouvernement colombien, et pour qui il a gentillement crée une loi d'amnistie. Ces paramilitaires qui sont responsables de 70% des assassinats et enlèvements en Colombie. Les guérillas c'est 30 %.

effectivement, on verra des manifestations mondiales contre les terribles criminels FARC. Mais on entendra moins de monde  pour se mobiliser contre le paramilitarisme.
Pas principalement par blocage idéologique. Tout simplement par sécurité physique.


j'arrive à Bogota après 17 heures de route depuis Cucuta. Une ville ultra moderne, bien carrée, bien rangée, bien propre, bien sécurisée. j'y reste que très peu, le temps d'appeler un ami, qui m'explique qu'il doit partir, je dois faire gaffe, avec les élections (sénatoriales) c'est très tendu dans la ville et dans le pays.
On me rétorquera que la criminalité a fortement diminué et que la ville al plus dangereuse est Caracas. Certainement, pour les touristes, ça doit être Caracas, pas super accueillante pour le chaland international.
Mais pour les gens qui y vivent, Bogota est bien moins sûre. 
la criminalité, la peur, elle existe, même si elle n'est pas visible. Elle est souterraine.
L'ami travaille dans les questions de droits de l'homme, et les réunions qu'il tient sont clandestines. SInon, il a des chances de se faire butter.
Oui parce qu'il bosse pour les droits de l'homme.


J'ai oublié de vous dire qu'ici les mots "révolution bolivarienne", "socialisme", "lutte des classes" sont interdits. pas par principe. Par sécurité. On retire la casquette à étoile rouge, les T-shirt compromettants. Le mieux c'est même de ne pas parler de politique.On vote quand on nous le demande et on se tait,Ou alors on en parle mais très doucement, que "l'on" ne vous entende pas.
Et si l'on vous entend, vous en aurez les conséquences à subir.
et puis tout ira bien, tout ira bien.


finalement je retourne à l'aéroport, ce même aéroport qui avait été mon point d'entrée sur le continent. Toujours le cireur de pompe. Cette fois maitrisant la langue, je peux discuter avec les gens, de tout de rien (sauf de politique) et j'ai désormais 5  nouveaux points de chute en terre Colombienne au cas où je repasserais par là.

je passe une nuit dans cet aéroport. Toujours aussi peu confortable le siège en bois, mais ça remet en place les 3 vertebres déplacées pendant les ... 26 heures de bus depuis Mérida.
Au matin, tôt, très tôt, 6h du matin, je décolle pour Lima.

2 commentaires:

Cici a dit…

Le colon bi ne se fait pas de moine ?

Mouarf mouarf mouarf :p.

Anonyme a dit…

"Une ville ultra moderne, bien carrée, bien rangée, bien propre, bien sécurisée" : c'est une blague?? Enfin peut-être autour du terminal de bus et de l'aéroport (et encore), mais je t'assures qu'il y a de nombreux endroits où je ne laisserais pas ma grand-mère à découvert!! Si tu es voyageur (comme tu le prétends être, et moi aussi), prends-toi une semaine à bogota et erres dans la ville au gré du vent, ensuite tu me dis ce que tu en as pensé!!!!
Que disfrutes de tu viaje!

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