samedi 27 mars 2010

tailler un costard sous les tropiques

Nous sommes dans un coin de la place centrale de Riberalta, au restaurant « El horno Camba », (le four de celui qui vit dans l'Est du pays) accessoirement le point de retrouvailles des partisans du MAS, ainsi que pied à terre de tous les voyageurs venus de La Paz. On raconte qu'Evo y est même venu manger. J'y ai pris mes habitudes depuis une semaine.


 
Nous sommes mardi. Assis dans ce restaurant, conversant avec une de mes nouvelles connaissances, je distingue de l'autre côté de la terrasse un groupe d'hommes, en bonne tenue, très affairés.

 
L'un de ces types s'approche et vient saluer mon compagnon de table, qu'il semble connaitre. Il porte costard cravate, mon voisin devant mon visage interrogateur m'explique qui il est. Avec nous à table est présente une jeune norvégienne, travaillant pour l'ONU dans le cadre de sa thèse sur la vie des communautés indiennes takanas.


Le type lui, s'appelle Freddy. Il s'assoie et commence à nous raconter l'histoire de sa grand-mère.


Une grand-mère née dans une communauté takana, peuple pacifique. Comme de nombreux Takana alors, cette femme sera enlevée par une autre communauté indigène rivale pour être vendue en ville contre des armes et des munitions. Elle sera élevée par une famille en tant qu'esclave, ou plus élégamment dit, domestique. Jamais notre compagnon n'oubliera cette histoire qui est aussi la sienne et il garde un lien très fort avec cette origine.

 
Un ami de Freddy s'approche alors, et; une fois les présentations faites, l'on apprend que celui-là est marié à une suédoise. Mais parle la langue du pays voisin.

 
Ainsi, j'ai tranquillement ce soir là écouté une conversation en norvégien au cœur de l'Amazonie bolivienne.
Pendant ce temps, notre ami petit fils de takana, a l'air très occupé, constamment sollicité par téléphone, agacé par n'avoir aucun répit. Il prend congés et nous laisse sa carte avec au dos son numéro de téléphone personnel.

Et puis la semaine passe. La pluie succède à a chaleur.

 
Et ce vendredi, malgré la tourmente subite, je décide de me rendre quand même au restaurant histoire d'avoir quelque chose dans le ventre pour la nuit. Peu après mon arrivée; alors que j'attends mon plat, Freddy passe l'entrée. Il me fait un bref salut de loin, et va s'asseoir au bar. Regarde les infos à la télé, le MAS est dictato-communiste, l'opposition vit un véritable calvaire. Rien de neuf sous le ciel des écrans tropicaux.

Et puis cinq minutes après, il décide de venir s'asseoir à côté de moi.

Il demande qu'on lui apporte son plat et trinque, moi à la citronade, lui au Fanta.

Face à ce genre de personne, qu'est-ce que vous pensez qu'on va parler ?

 
Du boulot, évidemment, même si rapidement je vois que ça l'agace. Il me parle de la norvégienne, me demande si je l'ai vu, me pose quelques questions sur ce que je fais ici mais il ne semble pas au fond vraiment intéressé. Il me demande si je suis croyant, me laisse pas le temps de répondre et me dit que lui est athée, ni Dieu, ni Jésus ni la Pachamama, et son fils pareil, il l'a éduqué comme ca, parce que toutes ces conneries ne servent à rien. L'homme c'est quoi devant l'immensité de l'univers, les étoiles, les constellations ? c'est rien. Et pour le minuscule pouvoir qu'il nous reste, qu'est ce qu'on fait ? on passe notre temps à se battre pour le garder. Même ce minuscule certains en ont plus que d'autres.

J'ai du mal à réagir.

Il me demande d'où je viens, et puis me parle de Paris, il y était allé tout jeune en 1981, il y est retourné en 2006, me parle d'une banlieue où il n'y a que des arabes. Je souris, tente de lui expliquer le concept de banlieue à la française. Il n'en a goutte. Hors sujet.
C'est moi qui écoute et lui qui parle, il à l'air d'en avoir besoin. criant.


Alors je change de conversation et parle d'une chose qui ne peut pas ne pas l'intéresser. De lui. Qui il est, comment il va dans cette vie de fou, est-il heureux ?


Et c'est à cette dernière question qu'il va répondre : non. puis plus précisément :



« Ce que je voudrais vraiment pour être heureux ? Tu sais, j'ai un petit carré de terre un peu plus loin sur la route qui mène à Guayanamerin, j'aimerais être dans ce petit carré de terre, avec un vache qui donne du lait, je voudrais la traire tranquillement, cultiver mes légumes, et c'est tout, pas besoin de plus. »
Il marque une pause, et reprend :

« Mais je peux pas, tout ça je le fais pas pour moi, des gens l'ont voulu et je dois le faire. Et j'y suis pour encore quelques années, au moins jusqu'à 2015. Et plus tard peut être. Je mourrais surement avant d'avoir pu traire ma vache, enfin j'aurais pas perdu ma vie pour autant ».
J'essaie comme je peux de le réconforter mais ça semble pas son jour ….

Après ça, il restait plus grand chose à dire. Ca tombe bien, Freddy a terminé son repas. Il prend congés poliment et va terminer son verre au bar, et discuter un peu avec la gérante qui se trouve également être sa nièce. Et puis il s'en va.

Il reviendra en Amazonie dans une semaine, pour voter, et puis il repartira à la Paz, où il travaille, passera une fois par mois par sa terre natale, mais pas plus.

 
Je termine mon repas et vais régler la note.


En sortant je vois l'affiche sur le mur. Je l'avais déjà remarqué. C'est un calendrier aux couleurs du Movimiento Al Socialismo.
Et en regardant cette fois de plus près je lis ce qui est écrit en dessous.

Vive le changement, vive le MAS
Freddy Bersatti, Senateur du Béni, 2009-2015

 
Ce soir là le punk n'est pas passé.
Ca aurait été drôle tiens, un punk et un sénateur à la même table.
Et moi au milieu.

vendredi 26 mars 2010

punks no han muertos

S'il y a bien une personne que je n'imaginais pas trouver ici, sous les tropiques équatoriales,

c'est un punk.

Un punk, un vrai de vrai.

Tous les soir je vais manger au resto, l'occasion de quelques rencontres plutôt exceptionnelles (nous en reparlerons peut etre)

Et il passe.

plutôt maigrelet, une barbichette, la crete colorée et le reste des cheveux en pique. Pleins de piercings et de tatouages.

La gueule un peu bouffi, pas l'air trop shooté, juste qui passe.

Et meme pour un imaginaire un peu ouvert d'esprit, un punk ca hurle et ca crache.

sauf que non. Lui a une voix toute douce, très maniéré et très soigneux dans ses gestes et sa démarche. Un autre préjugé aurait été de dire qu'il est homosexuel. nous en resterons là de nos interrogations.

Il porte avec lui un petit pannonceau de toile et de bois, sur lequel sont accrochés divers bijoux, pieces d'artisanat. Qu'il fabrique lui même.
Oh pas grand chose, des bouts de fils de fer avec quelques perles bon marché.

Il passe, le premier soir il voulait m'en vendre, j'lui ai adressé un sourire, un poil gêné dans mon tranquille quotidien, et j'ai décliné son offre aussi poliment que je le peux.
Il n'en à pas l'air plus choqué que ca et chqe passe mais cette fois sans faire attention à moi. Il va voir les autres, les autres clients.

Le resto n'est pas richos mais pas pauvret non plus. Alors s'y retrouvent les bonnes familles de Riberalta, blanches, ou métissées, loins de ces indigènes et ces paysans.
je regarde ces gens quand le punk passe près d'eux.
Le dégoût.
A peine voilé.
Mais ca se voit rien que sur leur visage et les rires très gras et très vomitifs qui suivent son départ, avec le soupir de soulagement qui va avec.

Il passe de table en table et une dame l'arrête. Son fils, un bambin de 8 ans environ veux quelque chose. Le punk s'arrête et déroule un fil de fer, aec lequel il fera tranquillement, patiemment une figurine, dont je n'ai pas vu ce qu'elle représentait. On dirait un chien.
Le gosse est tout content et la mère donne un ptite pièce et remercie le punk.

Plus tard dans la soirée passe un clebard. Un cleb's cmme on n'en fait pas, maigre, maigre, la gueule déconfite. Un chien traité comme un chien.
Ce jour là les gens raisonnables du restaurant devant lequel le punk est passé en premier ont donné à manger à ce chien. avec tendresse, et pitié, ce sont des bons chrétiens que voulez vous.

Et voyant ce genre de spectacle je me dis que tous révolutionnaires qu'ils soient, le Venezuela et la Bolivie ont aussi des marginaux. Pas des pauvres, des gens à la marge, des exclus, des hors champs. Que même une révolution n'arrive pas à inclure. Non aps qu'elle ne le veuille pas (mission Negra Hipolita d'aide aux sans abris par exemple au Venezuela), mais qu'elle ne le peut pas. Ca ne rentre as dans sa logique qu'il y ait en plus desriches contre les pauvres, une sous classe de pauvre plus pauvre que les pauvres.


Un jour en France, stagiaire à la dépêche du midi, je faisais un micro-trottoir, le problème du jour : le coût de la vie qui augmente. et j'avais eu envie d'interroger un clochard.
Et sa réponse avait été de mémoire "boaf, pas plus pas moins, moi pour bouffer, j'ai toujours les ordures."
Jlui ai offert un café-croissant et me suis barré plutôt troublé.
Hors champ, hors contrat.
"oui c'est un citoyen comme les autres mais tu comprend il est pas représentatif, je veux des témoignages représentatifs" m'avait dit le redac chef. Je crois qu'il était fnalement passé, "retouché" pour devenir plus convenable au client si sensible.
Trop loin, trop déplacé. quand bien même est-il passé, il n'a été qu'un témoignage d'appui à un sondage dont les conclusions sont connues avant même d'avoir commencé. Ce jour là les gens dansla rue m'avaient majoritairement dit que pour eux l'essence et le diesel n'avait que peut augmenté ces derniers temps et que leur problème c'était plutôt les salaires. Le titre de l'article qui en avait suivi fut (de mémoire) forte hausse de l'essence, les francais inquiets.

Souvenirs, souvenirs,...

Et le punk dans tout ca.
Il continue de passer, de zoner en sachant où il va, quand bien mème ce soit innaccessible à la majorité des passants qui le voient passer.
Un punk à Riberalta. 
Rien que pour ca, ou pour moins que ca, ca mérite que jlui offre une bière un de ces jours.

Ou une limonade ... Un coca ...
à force de conclusions hâtives ...

vendredi 19 mars 2010

Stakhanov sous les tropiques

On n’sennuie pas par chez moi


Apres un programme radio spécial journée de la femme,


Apres trois jours a monter le documentaire que j’ai également tournée lors de la dernière rencontre des petits producteurs de la région …


Me voila a me mettre réellement au boulot.

Pour de bon.

Pour la Rrrrrrrrevolution...

Ou pour le volontariat, c'est selon.


Ainsi la semaine prochaine,

en cinq petites journées, je dois produire, animer, éditer et monter 8 programmes radios,


Après quoi je reprendrais la réalisation intégrale d’un bouquin mêlant photos et bande dessinnée, expliquant la gestion soutenable et communautaire de la forêt amazonienne.


Ensuite je tournerais les forums débats sur la gestion des déchets dans la si crade ville de Riberalta .. suivi du montage et de eur présentation.


Et si j’ai le temps, faudra que je lance une suite de forum-débats sur la problématique de l’environnement et du changement climatique s’inscrivant dans le sillage du forum mondial des Peuples sur le Changement Climatique et les droits de la Terre Mère ( le CMCPP) à la mi avril dans la ville de Cochabamba, qu'il faudra très bientôt préparer activement vu que je vais également m'y rendre.


Pour l’heure, en ce jour, ici, c’est la fete des pères, l’occasion de découvrir le mari qu’il soit resté ou parti, des demoiselles du coin. Et l’occasion de faire la fête.


On chante au karaoké « imagenes »

l’adaptation (ratée) en espagnol d’Imagine de Lennon.

On se fait applaudir par compassion ou par enthousiasme.

On boit et on danse.


Bref on peut dire que tout va bien.


Je ne voterais pas dimanche pour les raisons déjà évoquées encore plus d’actualité en ce deuxième. En revanche j’ai fait mon acte citoyen en participant à la pétition contre l‘autorisation des cultures OGM dans l’Union Européenne.

En trois jours ils ont reçu 150 000 signatures. Il en faut un million.

A signer ici, nombreux et vite :
http://www.avaaz.org/fr/eu_health_and_biodiversity/?cl=513563737&v=5657


Les élections ici, ce sera le 4 avril. On espère voire pointer Evo Morales dans le coin, comme dimanche dernier, où on l’attendait dans un stade délabré, sous une pluie battante, avec pour toute tribune un vieux camion rouillé au milieu de la boue et du terrain. Finalement il n’est pas venu. Pas cette fois.

La campagne bat son plein, l’opposition tente plus ou moins démocratiquement d’empêcher le MAS de coller ses affiches. Il faut dire qu’en tartiner sur les arbres situés juste en face du local de la droite, on peut faire plus malin.

Moi j’ai calmé le jeu de ce côté-là, je donne déjà ailleurs.

Dans tous les cas je risque de ne pas donner grande nouvelle pendant une semaine / 15 jours.

Mais je pense que vous l’aviez déjà deviné, non ?

mardi 16 mars 2010

l'Abstentionniste et le Votiste

 http://farm4.static.flickr.com/3096/2886960397_05f571ec2f.jpg


Je suis loin, très loin du mon pays,
Si loin que je n'ai pas voté, 
pour la première fois en ma courte vie électorale. 

Je sais c'est mal, c'est un pêché citoyenniste.
Pas d'entrain, des procédures un brin compliqué 
mais surtout je dois bien l'admettre 
pas envie. 
Non, je n'ai pas voté.

Je suis ce que vous appelerez un abstentionniste. Ou plutôt un non votiste.
Dans la bouche des certains, abstentionniste ce serait presque pire que terroriste.
Un terroriste de la démocratie.

Je suis un de ces hordes d'irreponsables qui ont causé le nouveau cataclysme dans notre Brave Patrie, le retour du Front National.
Comme un film d'horreur, FN is back et ils vous a tous niqué. ahahah.

Et bizarrement je ne sens (à juste titre) absolument aucune responsabilité là-dedans. aucune.
D'abord parce que c'était couru d'avance, avec un débat plus que puant sur l'identité patriote nationaliste, a vague tendance xenophobo-raciste, on admettra qu'on a fait mieux pour éviter le retour de l'extrême droite.
Et puis ces politiques sécuritaires, cette criminilisation de ... tout : sans papiers, enfants, bébés, malades mentaux, profs, militants ... avec la frénésie de répression policière qui va avec.
Sans oublier la crise, le chômage, les 600 000 fins de droits cette année, la pauvreté qui s'étend à toute la classe moyenne.
Et face à la crise du siècle, le premier parti nationaliste de France ne prend que 2 misérables point d'électorat supplémentaires ? Ca me semble pas si terrible.
Depuis le "traumatisme" de 2002, on a compris la lecon...
le Pen en soi n'est qu'un avatar, qu'un masque, ce qui le rend dangereux c'est sa capacité a centrer les débats sur les problématiques qui lui sont chères, pouvoir de mise à l'agenda en somme, très précieux.
Et l'on ne peut que constater que ces idées nauséabondes infiltrent tout,
bien sûr la droite,
On ne repètera jamais assez que plus de le moitié des mesures préconisées par le Pen en 2002 ont été mise en application en 2007 par Sarkozy : Ministère de l'Identité Nationale, reconduites à la frontière, inflation pénale et sécuritaire ...
La gauche aussi.
Et même une partie de l'extrême gauche.
J'ai suivi de loin mais le moins qu'on puisse dire c'est que cette affaire du voile d'Ilhem Moussaid à Avignon est symptomatique du climat actuel. Alors que le PS comme le PCF ont depuis des décennies des élus locaux avec des foulards et que l'on acclamait dans les années 50 l'abbé pierre en soutane à l'Assemblée, sans que cela ne pose de problème à personne, dans le cas du NPA, cela a fait l'objet d'une énorme campagne de haine qui n'a peu ou rien à voir avec la libération des femmes. Quand bien même cette histoire est, et c'est constaté même par des membres du NPA, plus que trouble, je pense que rien que pour le déchainement dont Ilhem a été victime, si j'avais été en France, j'aurais voté pour les soutenir.
Quitte à être qualifié d'islamogauchiste
par les mêmes qui dènoncent la montée du FN.
On n'est pas à une contradiction près.

Mais pour l'heure je suis un abstentionniste. un non votiste.
donc je n'ai rien à dire.
Oui un abstentionniste a choisi de ne pas voter, donc a ce titre il doit la fermer.
Et là, pardonnez moi, amoureux de la démocratie, mais vous avez pas l'impression qu'il y a quelque chose qui tourne pas rond ?
Plus de la moitié de la population francaise n'est pas allé voter : 53,6%
(Ce qui entre parenthèse devrait mathématiquement rendre de fait obsolète tous les résultats, puisque pour être élu, il faut si j'en crois la loi avoir la majorité absolue. Ah mais l'abstention n'est pas un suffrage exprimé, c'est vrai ...)
Cela signifie que 53.6% de la population n'a aucun droit de s'exprimer sur ce vote et ses conséquences ? Ni d'aller manifester ou défendre ses propres idées ?
On a toujours le choix, mais un choix imposé : vote A ou vote B. 
Si l'on écrit quelque chose de différent sur le papier, qui ne soit pas enregistré comme faisant parti des propositions admises, c'est blanc ou nul et c'est compté avec l'abstention. 
En Midi Pyrénées, ma région, aucune des listes ne me convenait. aucune.
Il n'y avait rien, des chapelles d'extreme gauche toujours plus divisées, une écologie de gauche et de droite unie vers le capitalisme vert, une baronnie locale du parti qui n'a de socialiste que le nom ... et la droite qu'on oublirait presque.
Rien il n'y avait rien, pas l'aune d'une proposition alternative construite pour déclencher une dynamique nouvelle.
Si l'on pousse la logique des votistes, cela signifie donc que le non-votiste serait responsable de l'absence de proposition politique qui lui convienne.

Comment voulez vous que ces hordes d'irresponsables puisse retrouver quelconque goût à l'acte de glisser un bulletin dans une urne si en permanence on les accuse de tous les maux du monde électoral, stigmatiser comme les terribles et odieux abstentionnistes ?
Vous ne voyez pas comme une contradiction assez flagrante ?
Dans une société idéale, c'est bien la population elle même qui émettrait les propositions politiques, ca s'appelerait la démocratie directe et réelle, pas la représentative qu'on nous vend comme l'aboutissement final des combats pour l'émancipation.
Un autre souci que j'ai c'est qu'on parle en permanence du droit sacré du vote "pour lequel sont morts nos ancêtres". Mais nos ancêtres ne sont pas morts pourqu'on glisse un bulletin dans l'urne une fois tous les cinq ans et basta ! 
Ils se sont battus et sont parfois morts pour une idée, une utopie,
le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.
Et cette idée ne se défend pas seulement en mettant un bout de papier dans une urne.
Nos droits se résument ils aux droits civiques ? Car d'autres ancêtres sont aussi tombés, pour des droits sociaux : droit de grève, salaire minimum, réduction du temps de travail, retraites ...
A l'heure de sauver ces drots sociaux, nos "citoyens" sont souvent beaucoup moins nombreux, les commentateurs dénoncent les "archismes".
On ne jette pas la pierre pour autant à ceux qui ne se mobilisent pas. En les accusant de provoquer les politiques destructrices.
Qu'on en fasse de même avec les abstentionnistes, c'est trop demander ?

Allez, laissons là les non votistes. Nous sommes plus victimes que coupables. Car c'est la constitution du jeu politique actuel qui exclut d'office de ce jeu. C'est à partir du moment ù il y aura une rélle proposition politique alternative qui émergera que la population retournera à l'isoloir. Au Venezuela l'abstention a diminué de 70 à 40% à partir du moment où il y a eu une proposition politique différente et novatrice. Dans les années 90, alors que la pauvreté touchait 70% de la population, la droite locale dénoncait cette majorité qui refuse d'exercer son devoir de citoyen. Cette même droite qui aujourd'hui insulte et fustige ceux qui se sont désormais exprimés, parce que ceux-là (ne riez pas) permettent à un dictateur d'être élu démocratiquement (ne riez pas vous dis-je) à la majorité absolue.
Election piège à con ? Bien sur que non. 
Parce qu'au delà des commentarismes éclairés sur le retour du FN et les tractation entre Europe Ecologie et le PS, on peut regarder des résultats dignes d'intérêt. 

Il n'y avait que quelqes régions sur lesquelles je portais un intérêt particulier : le Languedoc Roussillon et le Limousin.
Les deux seules régions où un accord a pu être trouvé entre NPA, Front de Gauche, FASE et les Alternatifs.
Et les résultats sont éloquents : 8.54% en Languedoc Roussillon, soit mieux que la seconde liste PS qui s'effondre derrière le baron Frêche.
et surtout : 13.13% dans le Limousin, faisant du bloc NPA PG la troisième force politique de la région. Ce qui permet à liste d'accéder au deuxième tour sans faire alliance avec le PS.

Cela confirme que l'alliance de la gauche de gauche constitue bien une équation 1 + 1 = 3. Soit qu'une union crée une dynamique qui rassemble plus de soutien que la somme des partis pris isolément. Et ca c'est un signe encourageant. très encourageant.
Puisque le NPA va devoir face à son écroulement partout ailleurs commencer à réfléchir quelque peu à sa stratégie,
tout comme le Parti de Gauche va devoir s'affranchir encore un peu plus du PS.
On peut aussi ajouter les surprises en Corse et en Auvergne, où le Front de Gauche seul réalise respectivement 10 et 14%, même s'il a décidé de fusionner avec le PS.
S'y ajoute également le Nord pas de Calais et la Picardie où le Front de Gauche tend à se dissocier du PS. 
Rien que cela, c'est une victoire. Qui n'augure que du bon pour la suite.

Un autre chiffre est celui des scores du FN comparé à la dernière même élection régionale, 2004, ce qui vous en conviendrez et la première statistique de comparaison valable.

et là, stupeur ... le nombre de régions dans lesquelles le FN se maintient au deuxième tour ... régresse. De 22 en 2002 à 17 en 2004 et ... seulement 12 en 2010.Tout comme el nombre de régions où le FN dépasse 14% : 12 en 2004, 6 en 2010.
Pas convaincus ?

nombre total d'électeurs frontistes :
5.5 millions de votes en 2002 (2e tour des présidentielles)
3.5 millions en 2004
2.2 millions en 2010.
Si effectivement c'est supérieur aux législatives de 2007 (1,5 millions), c'est essentiellement parce que les frontistes pasés au sarkozysme sont en partie revenus au bercail nationaliste. 
L'on constate que les frontistes se concentrent dans deux régions, Nord pas de Calais et Provence Alpes Cote d'Azur. Les deux régions où sont présents des Le Pen.
Et que le borgne père risque de ne aps durer des millénaires, il ne resterait que le Nord pas de Calais comme fief du FN. Dans tous les cas, sur le moyen terme, le Front National est en déclin.

Donc pour ces deux raisons, je considère que ces élections sont une victoire.

Oui je suis un incroyable optimiste, 
mais que reste-t-il d'autre à faire ?
Après la gueule de bois, il faudra retourner militer, construire l'alternative, à long terme.
En attendant 2012 et la réélection de Sarkozy ou pire, l'élection de Mister FMI, Dominique Strauss Khan, retournons au charbon.

J'oubliais de vous dire
Ici en Bolivie, 
j'ai pas droit de vote, 
Ni la nationalité,
Mais je fais campagne politique, 
pour les prochaines élections régionales et municipales d'avril
pour le Movimiento al Socialismo,
pour que peut être cette région du Béni encore aux mains de l'opposition puisse être gagnée par la force révolutionaire.
Et ca me semble amplement plus important qu'apporter un suffrage supplémentaire à quelconque chapelle extremegôchiste francaise.

Vous m'en tiendrez pas grief si je retourne "pas voter" et distribuer des tracts à la place ?

mardi 9 mars 2010

Journée de la femme : top model socialiste sous une burqa



Ô joie.
C’est le centième anniversaire de la journée de la femme. 

enfin non. 
C'est un scoop mais tous ceux qui s'y intéresse de près ou de loin devrais savoir que la journée de la femme n'existe pas.
Le 8 mars c'est la journée des droits de la femme.
Ce qui vous en conviendrez change quelque peu le propos.
Mais plus encore, c'est la jounrée internationale des droits de la femme.Et l'International s'écrirait ici plus à propos avec une majuscule.

Qui a crée la journée internationale des droits de la femme ?

Clara Zetkin, en 1910. C'est une journaliste allemande
Plus précisément connue pour avoir été une figure de la révolution spartakiste.
Soit cette tentative allemande de socialisme révolutionnaire.
Dont la leadere ne fut autre que Rosa Luxembourg.
Celle-ci disait en 1912 :

"Il y a cent ans, le français Charles Fourier, l’un des grands annonciateurs des idéaux socialistes, a écrit ces mots mémorables : « dans chaque société, le degré de l’émancipation des femmes est la mesure naturelle du degré de l’émancipation générale. » Ceci est parfaitement vrai pour la société actuelle. La lutte de masse actuelle pour l’égalité des droits politiques des femmes est une des expressions et une partie de la lutte de libération générale du prolétariat. En cela réside sa force et son avenir. Le suffrage universel, égal et direct comprenant les femmes, ferait - grâce au prolétariat féminin - considérablement avancer et intensifierait la lutte de classe du prolétariat. C’est la raison pour laquelle la société bourgeoise craint le droit des vote des femmes, et c’est pourquoi nous le voulons et nous l’obtiendrons. En luttant pour le suffrage féminin, nous rapprocherons aussi l’heure où la société actuelle tombera en ruines sous les coups de marteau du prolétariat révolutionnaire."
En Bolivie, dans la province voisine du Béni, c’est une femme, Jessica Jordan, qui va être présentée aux élections régionales du mois d’avril. En soi c’est un évènement Mais attention, âmes sensibles, cette femme est également … l’ex miss Bolivie 2005.

J’en ai discuté avec des femmes du coin, féministes pour la plupart, et toutes m'ont confiée que cette cadidature, aussi grotesque soit elle, constitue beaucoup plus un handicap qu'autre chose.
Femme,
jeune (25 ans),
belle,
socialiste,
compétente,
disposant la confiance de l'indien Evo Morales lui-même ...
Et étant donné le paysage amazonique dans lequel elle se présente, chacun de ces éléments constitue un désavantages dans le combat politique face aux propriétaires aériens du pouvoir politique, soit des hommes âgés, incompétents, capitalistes et rentiers.

En voyant cela je ne peux m'empêcher de penser à notre chère France tombant chaque jour un peu plus sous le joug de l'islamisation, dorénavant plus seulement rampante.
Car horreur et damnation crucifixienne :
UNE candidate sur UNE liste (parmi des dizaines de milliers), porte un voile, que d’aucun supputent encore comme équivalent du terrible hidjab ou pire une burqa,

les fantôôôÔôôômes sont parmi nous.

Il est étrange d’ailleurs que l’on parle tant de cette fille portant le voile sans que soit jamais rappelé son patronyme.
Voldemort(e) ? « celle dont on ne doit pas prononcer le nom ».

Comme si pour un misérable fichu l’on perdait son identité, ca arrangerais bien certains. Pour les amnésiques qui oublient qu’une femme, même voilée, a un nom et un prénom, elle s’appelle Ilhem Moussaïd, (c’est pas très auvergnat tout ca...). N’en déplaise aux bonnes âmes si subitement soucieuse du combat des femmes (alors que soyons franc, qu’est-ce qu’on en a à faire le reste du temps ? … ) oui, Ilhem porte un voile et est féministe et révolutionnaire. 
 Années 50, l’Abbé Pierre à l’Assemblée, l’invasion catholique et les hommes réduits à se cacher sous leur soutane. Ah mais vous comprenez c'était différent.
Laissons la NPA qui, étant donné la bronca médiatique assez hallucinante dont il a fit l'objet pour cette histoire, qui ne risque pas  de ramener une seule voix en plus pour les régionales. Et celui-là de se rétamer lamentablement aux régionales. 
Et un salut camaradesque pour Ilhem qui, pour le coup, en tant que femme, en bave grave.


Plus ca va, plus on en fait contre sa présence si dérengeante, moins le port du voile me choque. A ce propos, un odieux islamo-gauchiste, soit Louis Aragon, écrivait au cœur de la seconde guerre mondiale en hommage à la Résistance :

« Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas, tous les deux adoraient la belle prisonnière des soldats, (…) Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat,
Fou qui songe à ses querelles au cœur du commun combat ».

La Rose et le Réséda


Oublions un instant ces fichus dont nous nous en fichons
passons au féminisme new look,
dissertons sur le gravissime et urgentissime problème de l’allaitement avec Elisabeth Levy, et sa journée spéciale sur France Inter, cette  « féministe » à qui ca ne pose pas de problèmes d’afficher les femmes comme objet dans son travail, qui, on le rappelle, est de diriger la plus grosse agence publicitaire francaise, Publicis.

Il est clairement secondaire qu’en France qu’une femme meure tous les deux jours sous les coups de son mari, une femme gagne en moyenne 70% du salaire d’un homme. Et 70% des personnes touchant le RMI soient des femmes, …
Sans oublier la montée d'un courant anti IVG, de plus en plus accepté publiquement.
Ah et j'apprends qu'en ce 8 mars, une lesbienne s'est faite violer à Beziers. Double peine.

Allez, enfermons nous sous des burqas, et préparons la journée de la jupe.

Pour ma part, en tant que modeste contribution au combat féministe universel, j’ai occupé une bonne partie de ma journée à la réalisation d’un programme radio spécial journée de la femme. J’y suis également interviewé. J’ai dû alors expliquer à mon auditorat comment les hommes tout en exerçant la domination masculine, sont également soumis au système patriarcal (avec des mots légèrement plus adaptés au contexte local)
J'ai fais un léger excès en disant que ce n’est pas une preuve de faiblesse pour un homme que de pleurer. Il semble que ce soit un peu trop violent à entendre dans le coin.
On repassera plus tard pour l’avortement et le préservatif, la radio qui diffuse est financé par la SAinte Eglise Catholique, on appellera ca une contrainte physique inhérente au moyen de production.

Terminons en là, et Spéciale dédicace à Lafâme

Tiens au fait,
Savez vous que le 8 mars 1917 marque le début des grèves à Petrograd, en Russie, point de départ de la Révolution de Février, (décalage temporel en raison du calendrier orthodoxe) débouchant en octobre 1917 sur la révolution bolchévique ?
Non, moi non plus.

Je digresse, je digresse.
L'article va perdre d'ici peu de cohérence 
Pour ceux que ca intéresse, aujourd’hui, j’accomplis avec succès ma dix-neuvième année d’existence
et entre instamment dans la deuxième décade de ma courte présence sur ce globe.
Un blog reste un blog.

"pour tout bagage on a vingt ans ... pour tout bagage on a sa gueule ..." Léo Ferré

mardi 2 mars 2010

Dans la jungle merveilleuse du capitalisme pur et parfait

Je dois vous avouer que je ne suis pas tout à fait au meilleur endroit pour observer la révolution bolivienne.
C'est un peu comme si j'avais choisi l'Alsace-Lorraine pour faire une étude sur l'athéisme en France.
Ou la Vendée pour évoquer la Commune de Paris ...

Bienvenue en Amazonie bolivienne, entre la province du Beni et celle du Pando, dans cette media luna (demi lune), qui avec la région de Santa Cruz forme l'arc oppositionnel du pays.
Dans une ville reliée au reste du pays (et du monde) par une route, une seule, ou plutôt un sentier de terre qui traverse la ville en direction de la frontière du Brésil toute proche.
Riberalta, (Rive-haute), à la confluence des fleuves Beni et Madre de Dios.

Dans cette zone, pendant des siècles, l'on a exploité, jusqu'à il y encore 50 ans, le caoutchouc, comme disent les locaux, la goma, que ce soient les boliviens comme les étrangers. L'économie était florissante, le paternalisme économique aussi. Et puis la goma fut gommée, la ressource a été épuisée à force de surexploitation, les entrepreneurs sont partis, la pauvreté est revenue, ou plutôt a juste continué, la richesse des terres ne profitant qu'aux riches. Quand aux habitants originaux, les "indiens", ils étaient mis en esclavage pour mles plus pacifistes ou torturés et massacrés pour plus véloces. 
Vient depuis lors l'industrie de la cacahuète, la cascarra, florissante, fournissant une manne financière énorme, elle fonctionne toujours aussi « bien » aujourd'hui.

Quelle que soit la période, le modèle est le même : les maitres sont quelques grandes familles, richissimes et qui détiennent tout. D'une part l'économie, la richesse et avec elle la survie physique de la population, mais plus encore le contrôle des propriétaires des moyens de production porte la vie elle-même. Allant jusqu'à décider de qui se marie avec qui. Et bien entendu de pour qui voter lors des élections. "Indien" et "paysan" sont toujours des injures, pour la majorité de la population. Au niveau de la vie quotidienne, tout est à faire : eau potable, électricité, égouts, aménagement du territoire, routes, … Mais peu importe, la population a survécu ainsi pendant 200 ans, elle peut bien continuer encore un quelques décennies.

Au cœur de ce tiers de quart-monde, les produits les plus visibles se nomment Kawasaki et Toyota, les motos, quasi unique moyen de transport et symbole de reconnaissance sociale, à l'exception de quelques 4x4 pour les plus aisés, ou de simples vélos pour les plus pauvres. Le plus souvent ceux-là n'ont que leurs jambes pour se déplacer. Les paysans sont comme de coutume soumis au patronage des propriétaires terriens, à la monoculture de la cacahuète et la dépendance perpétuelle. S'ils tentent de sortir du cadre obligatoire, ils sont vite rappelés à la raison puisqu'il en coûte plus d'être transporté à la ville que de vendre ses quelques plants de manioc (la yucca) au marché. Le "choix" entre la mort miséreuse dans la dignité et la survie sous dépendance perpétuelle est vite réglé, il faut bien bouffer. Et pourtant avec le climat, il serait possible de faire deux à trois récoltes de céréales à l'année. Mais l'exploitation des terres agricoles est consacrée à l'élevage de bétail, sur des kilomètres de terres libérés grâce à la déforestation.

Le plus gros problème est finalement que la population a intégré totalement jusqu'au plus profond de sa conscience ce lien de dépendance qu'elle doit au maitre, si bien qu'elle se retrouve démunie lorsqu'elle se trouve devant la nécessité de s'organiser collectivement. Et qu'un bon tiers des paysans ayant recu des terres de l'Etat ne les cultivent tout simplement pas, préférant encore acheter leur subsistance à la ville et laisser inactif leur petit bout de terrain. Et de se propager un peu plus dans les villes le discours sur la fainéantise et l'incapacité des paysans et des indiens ... 

Les travailleurs sont d'abord ceux de la cacahuète, très nombreux, exploités, sans syndicat sinon patronal et non organisés. Les lois du travail ont beau avoir été votée à la Paz, ils semblent qu'elles ne soient pas encore arrivées ici. Il faut dire qu'elles n'étaient d'aucune utilité, la population ne sachant ni lire ni écrire jusqu'à l'arrivée récente des programmes gouvernementaux qui ont depuis, fait positif, délivré le territoire de l'analphabétisme.

Les rapports humains s'organisent ainsi : dis moi qui t'emploie, je te dirais ce que tu penses. La parole d'autorité reste en premier lieu celle du maitre, du patron, puis celle de l'archevêque, du gouverneur, et enfin l'évêque et le maire. Au delà, il faut se rendre dans les quartiers pauvres où un embryon d'organisation populaire existe avec les présidents de quartier, qui défendent les intérêts du voisinage, mais qui ici n'ont que très peu de marge de manoeuvre.

Au niveau politique ce n'est guère plus glorieux. Le MAS est arrivé depuis peu, à construit quelques routes, mais la province comme la mairie sont toujours d'opposition. Fin 2008 ont eu lieu des émeutes sanglantes avec massacres de population. Les « bons citoyens » en venant à tabasser  les paysans et les indigènes. Pendant ce temps à Santa Cruz, coeur oppositionnel du pays, Les étudiants taguaient des croix gammées sur les murs de leur fac pour clamer leur amour de la démocratie. A Riberalta, les militants révolutionnaire ou tout simplement les personnes engagées dans l'aide aux plus démunis ont dû s'exiler de la région pour un temps devant le danger pour leur vie. C'est seulement depuis la fin de cet enième tentative de coup d'Etat intérieur, appuyé par l'administration américaine via son ambassadeur, depuis expulsé, qu'il n'est plus motif de menace de mort que de se dire publiquement massiste (partisan du MAS). Mais là encore, cela reste le plus souvent quelque chose qu'on ne crie pas sur les toits, sous peine de licenciement, problèmes judiciaires ou menaces diverses à son intégrité ou celle de sa famille. De fait, le Mouvement vers le Socialisme n'a pas encore pu prendre racine, seul 30% de la population à soutenu de son vote le MAS aux dernières élections.

Enfin, pour parfaire le tableau, les médias, télé, radio comme journaux, sont tous exclusivement privés, l'Etat n'ayant pas encore pu implanté dans tout le pays sa chaine de télévision publique. Se détache quelques radios dont le propriétaire n'est autre que l'Eglise catholique, ce qui ouvre un peu le champ des possibilités en comparaison avec les médias privés. Avec ces derniers l'on retrouve les si familiers « cubanisation », « dictature », « atteinte à la liberté d'expression ». Là non plus il n'y a aucun fondement concret, mais à la différence au Venezuela, il n'y a rien en face pour contre attaquer.

Et c'est dans cela que je me trouve, travaillant pour une ONG du terroir, pas vraiment ongisto-colonialiste, et beaucoup plus vraisemblablement révolutionnaire, socialiste, protectrice de l'environnement et populaire. Un îlot de résistance avant-gardisé au milieu du poumon de la planète, où l'expression jungle capitaliste peut librement prendre toute son ampleur.


En somme, le paradis sur terre.

Des ponts, des murs, des briques et des pavés

La première des choses que l'on observe une fois passée la frontière entre le Pérou et la Bolivie c'est toute ces maisons, toutes avec pour même caractéristique d'avoir un nouvel étage, une pièce supplémentaire, agrandies. Toutes avec la même brique rouge-orangée qui s'étale sur des kilomètres et des kilomètres. Plus loin l'on découvrira des routes asphaltées, plutôt en bon état, en comparaison avec le reste du paysage latinoaméricain déjà croisé.

Arriver à la Paz par voie terrestre signifie traverser El Alto, les quartiers pauvres, où l'on retrouve cette brique. Sur les murs, l'on retrouve avec appétit ces slogans à profusion qu'on n'avait pas croisé depuis Caracas. Sauf que la couleur dominante est le bleu, symbole du MAS.

Là-bas c'était Chavez Si VA à tous les étages,
ici c'est MAS EVO sous tous les étalages.
Le MAS-IPSP (Mouvement vers le Socialisme, Instrument Politico-Social du Peuple) c'est 65% des votes aux dernières élections, la majorité des deux tiers à l'assemblée et le parti dont le leader est le si atypique Evo Morales Ayma, élu président en 2005.

Beaucoup de choses sont à dire sur la Bolivie actuelle et passée, mais pour l'heure je me contenterais de la seule chose que j'ai vue : des ponts, des murs en brique, des routes pavés ou asphaltées, des fossés, des rigoles, simplement de l'infrastructure de base. C'est la traduction concrète de l'expression qu'on entend ici : « avant nous n'avions rien, maintenant nous avons quelque chose ». Et c'est amplement sufisant pour déjà parler sans sourciller de révolution.