dimanche 29 novembre 2009

Dix minutes dans le métro

J'ai déjà raconté l'étendue sociologique de la relation des vénézueliens au métro. Mais je profite de cette petite accalmie dans mon aventure pleine de rebondissements pour vous conter ce qui suit. Et pour une fois, c'est court.


15 novembre. Retour de la manif du PSUV contre la guerre. On prend le métro. Comme souvent il a du retard. c'est un fait, la ponctualité n'est pas une vertu première de la révolution bolivarienne. Soit on s'énerve en bon colons sur ces branleurs de vénézueliens, soit on attends patiemment en discutant avec le voisin.

Le métro arrive, on est en queue serrée pour entrer. Il est près de 1èh soit heure de pointe. J'arrive à entrer. problème, il n'y a pas de clim' dans cette rame. J'ai deux stations à patienter. On serrés comme des runes et là une vieille, du genre la sorcière du village commence à marmonner un gloubi boulga incompréhensible, y compris des vénézueliens eux même vu leur tête. Elle s'approche d'une petite fille qui a l'air fiévreuse et là, commence à crier une incantation : "oh mon dieu, faites que le diable sorte du corps de cette âme pure" et l'ensemble du truc dans le genre. Pendant ce temps le métro a démarré mais s'est arrêté en pleine voie un peu plus loin 5 bonnes minutes le temps de laisser passer deux autres trains en face. Il commence à faire chaud, vraiment chaud. Et impossible de sortir désormais.

La vieille continue sa litanie, de plus en plus hallucinée, elle hurle presque et appelle Jésus Cristo et tous les saints du calendrier de libérer cette gamine du mal qui l'assaille (un rhume nous dit sa mère). Les gens autour commencent à soupirer violemment. Je souris, comme souvent dans pareille situation où il n'y a rien à faire, et je communique mon attitude aux voisins. On commence à prendre un fou rire collectif avec ceux qui ne s'énervent pas encore. La vieille reste imperturbable et comme en transe. "Grâce à Dieu, grâce au seigneur tout puissant qui va éloigné le Malin de cette âme de pureté"

Enfin arrive la station où je descends. Avant de descendre, ma voisine me dit exactement la phrase suivante : "je suis pas croyante, mais put** de Bon Dieu faites la taire !" une grande partie des gens de la rame descend aussi, et monte aussitôt dans la rame suivante, climatisée et plus vivable.Un autre passager me glisse à l'oreille dans l'escalier menant à la sortie. "Vous savez, ne vous en faites pas, on est pas tous comme ça, nous, les chrétiens"




29 novembre. Aujourd'hui c'est dimanche. Encore une manif en soutien au peuple hondurien qui a décidé de rester chez lui en ce jour de farce électorale. Au retour dans le métro, pas grand monde. Deux jeunes passent auprès de moi. l'un a une guitare. Ils se regardent une bonne minute discutant à voix basse puis la fille prends la parole et nous parle de la relation entre le hip hop et le peuple. Le jeune commence à jouer la guitare, il n'est pas très expérimenté mais plein de bonne volonté.

Et la fille de lancer : "ceci est un rap pour toutes les nanas qui se siliconent, pour toutes celles qui se rendent esclaves de la mode et qui croient qu'être une femme c'est tout dans l'apparence. Et elle rappe une bonne minute dans un discours plutôt féministe militant, ce qui ne fait pas de mal dans ce pays extrêmement machiste et où les violences faites aux femmes sont monnaie courante. La chanson se termine, j'arrive à mon arrêt. Elle attaque sa deuxième chanson. "Celles ci est pour toutes les femmes qui vont commettre un crime. elle s'intitule oui à la vie, non à l'avortement".

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