mercredi 24 février 2010

L'indigène, la bière ... et moi

Qu'est-ce que vous imaginez ?
Que je vais vous parler de la dangereuse et sauvage forêt amazonienne ?
Des coutumes locales et des traditions ancestrales ?
Du folklore et du dépaysement ?
Des indiens d'Amazonie ?

Parlons plutôt d'alcool. Et de bière.

Partout en Amérique Latine j'ai pu trouver des bières. Blondes, brunes, avec les affiches de demoiselles peu vêtues, blondes, brunes, qui vont avec la plupart du temps au litre, pas immondes, pas extraordinaires non plus. Juste une « cerveza » fraiche pour faire la fête. Une simple bière.
Parfois un « trago », le bouchon d'alcool fort cul sec. Souvent très très fort.
Mais dans l'ensemble c'est la bière qui rafle la mise partout où j'ai pu posé mes bottes.

Mardi dernier, Il y avait ce type à la fête en arrivant à Riberalta. Pour le dernier jour du carnaval.
D'origine takana (une des 36 communautés indigènes de la région). Il buvait une bière.
Bien costaud, la peau très brune, les yeux presque bridés.
Il buvait une bière. Comme tout le monde aux alentours. Sauf les enfants qui jouaient dans la piscine gonflable.
On écoutait de la très mauvaise pop anglaise des années 80.

Je me revois dans ce restaurant miteux de la Paz. Buvant une soupe de légumes, viande, poisson, enfin je ne savais pas vraiment ce qu'il y avait. Elle était chaude et nourrissante. On pouvait voir à la télé au dessus du bar une telenova, (série sentimentale très ... sentimentale), mais qui, au lieu de riches blancs de Miami, mettait en scène la vie « quotidienne » d'un village des « indiens d'Amérique ». La fille du chef (très belle) a trompé son mari, le sorcier (vieux et moche) avec le guerrier (musclé et valeureux). Le chef était naturellement pas content alors le guerrier a été chassé.

Indiens ? Autochtones ? Groupe humain ? Tribus primitives ? Peuples Premiers ?
Il en reste encore quelques uns pour sûr. (même si je rappelle l'invasion des Amériques a laissé quelques 50 000 000 (millions) de cadavres.)
Aucun mot de convient.
Faut il encore que l'on en invente de nouveaux, puisque nous sommes incapables d'en trouver des appropriés ?
Ici, on dira indigènes puisque c'est comme ça qu'ici Ils s'identifient eux-même

C'est vraiment quelque chose d'incompréhensible et indispensable à toute tentative de compréhension de cet autre pays en révolution.

60% de la population de Bolivie (comme du Pérou) est indigène. La majorité est aymara (dont le président Evo Morales) ou quechua. Mais il en existe bien d'autres peuples, plus de 36 rien que dans la région amazonienne où je me trouve.
Plus que d'origine, l'on peut entendre parler ici de racines, de sang indigènes.
C'est une fierté pour ceux qui s'en réclament, et une honte pour les autres. Pour certains, ce dégoût en arrive à tel point qu'on a pu assister encore l'an passé à des chasses aux indigènes. Avec des morts. Le gens de l'ONG dans laquelle je me trouve ont été obligé de quitter le pays, l'institut menaçant d'être incendiés.
Parce qu'ils travaillent avec les indigènes. Et les paysans.

L'échelle de valeur est simple, on me l'a déjà expliquée à plusieurs reprises puisque j'appartiens à « ceux qui peuvent le comprendre » comme « on » dit : tout en bas avec les animaux, l'indigène, (et le noir), puis le paysan (et l'asiatique). Au dessus le métis, et en haut de la pyramide le blanc.
Bienvenue dans une société « post » coloniale.
De l'avis des révolutionnaires locaux rencontrés, la majorité des gens ici continuent de penser qu'ils ont besoin d'un chef, d'un maitre, qu'ils n'ont pas à agir eux même. Ici, les élections se décident majoritairement en fonction des intérêts des grands entrepreneurs du bois et de la cacahouète. Locaux, nationaux, internationaux. Bienvenue dans une société « néo » coloniale.

Brève de conversation avec ce descendant du peuple Takana le même soir avec une autre bière :

« Je viens d'ici Riberalta, Et toi ? »
« De France, de la partie sud, d'une région très peu peuplée et très peu connue. »
« Oui mais je veux dire, tes origines elles sont où ? »
« à la capitale Paris et à Lyon de par mes parents. »
« Mais tu n'a aucun lien avec ta terre ? Là où tu a grandis ? »
« Si bien sûr, j'y suis attaché. mais ça me semble différent d'ici, c'est pas aussi fort. Ce serait plutôt le pays qui prime chez nous. Enfin pas tant pour moi. »
« En fait, t'es un immigré. Comme le sont ici les quechuas de l'altiplano ou les espagnols. Mais ta terre, tes racines, c'est et ça restera là où t'es né, non ? Tes fils, tes filles, auront cette terre dans leur sang.
Tu sais, t'es comme moi, tu es indigène, ça ne tient qu'à toi de le reconnaitre. »

On a repris une bière. (Une dernière pour la route. Enfin pour le chemin de terre dans le cas présent.)
et discuté d'autres choses (des filles et de ... politique) puis s'est engagée une bataille d'eau géante avec les gosses qui étaient enchantés de pouvoir jeter des bombes à eau sur leurs parents comme pour chaque carnaval. J'ai lamentablement perdu la bataille du fait de l'efficacité redoutable de la stratégie d'encerclement des progénitures des « indiens ». Sûr, ils sont mûrs pour aller chasser l'alligator.

Le lendemain, à mon logis, l'hôtel Okinawa, tenu par des japonais, j'ai pu visionner sur la chaine Warner Bros TV le film : Indiana Jones et le crâne de cristal. Où l'art de parler dans un même films de l'importance des études, de la relation père – fils, du divorce, de la Guerre Froide avec des américains (gentils), des communistes (méchants), des Incas, des Quechas et des Nazcas (où a du mal à faire la différence, ils sont en tout cas sanguinaires et cannibales), et des extra-terrestres. Plus une histoire d'amour bien sûr, Hollywood is Hollywood..

Qu'imaginiez vous donc ?
Que j'allais vous parler de la dangereuse et sauvage forêt amazonienne ?
Des coutumes locales et des traditions ancestrales ?
Du folklore et du dépaysement ?
Des indiens d'Amazonie ?

jeudi 18 février 2010

Cha'lla malekum à Riberalta


Je vous ferais bien un résumé de mon arrivée à Riberalta,
mais étant donné les circonstances, lisez plutôt ce qui suit
ca vous donnera une idée de mes activités dès le deuxième jour.
et puis vous en saurez plus sur la signification du terme Amazonie,
ca y est-il pas merveilleux ? 


Et le pire c'est que toutca  est arrivée parce que j'ai fait la fête la veille

... mais c'est une autre histoire.


source de l'image : http://impedimento.wordpress.com



Déclaration fondatrice du Movimiento Pachamama


Devant l’évident changement climatique issu de la surconsommation généré par le capitalisme,Face aux conséquences désastreuses du changement climatique qui touche principalement les populations pauvres, dû aux inégalités des richesses, de quelques privilégiés responsables de la pauvreté de la majorité des habitants de la planète,

Devant la menaçante dégradation de l’environnement causée par la démesurée et inhumaine exploitation des ressources naturelles et la pollution destructrice,

Face à l’inhumaine homogénéisation de la culture des peuples due à la mondialisation de la soumission des travailleurs ruraux et urbains aux intérêts des multinationales,

Devant la manipulation commerciale de la démocratie, utilisée par les intérêts des entreprises et les égoïsmes nationaux qui ne cherchent qu’à imposer leurs intérêts par la force de coup d’Etat, d’invasions, de séparatismes, de mensonges, d’abus de pouvoir et de guerres,
Face à la destruction de la Terre Mère,

Devant le défi commun pour empêcher ce désastre et défendre les droits de la Terre Mère,
Nous déclarons sollenellement que :

La Terre peut survivre sans l’Humanité mais l’Humanité ne peut subsister sans la Terre.

A ce jour, seules des luttes pour les droits humains se sont engagées, mais ce millénaire, le Troisième Millénaire, est celui de la lutte en faveur des droits de la Terre Mère, la lutte pour la protection de l’environnement pour le bien des sociétés, la lutte pour le « bien vivre » de toute l’humanité en équilibre avec l’environnement, la lutte pour garantir les droits de la Terre Mère pour l’Humanité toute entière.

Il est aujourd’hui nécessaire de donner un cadre institutionnel au mouvement pour les droits de la terrez Mère, initié par la société bolivienne, sous le leadership d’Evo Morales Ayma, premier président indigène de Bolivie et de l’Amérique Latine, proclamé « leader historique des droits de la Terre Mère » par l’Organisation des Nations Unies (ONU)

 

C’est pourquoi, Nous, membres fondateurs,

 
rassemblé-e-s en ce moment historique d’importance, sur le lieu de fondation de la ville de Riberalta, au point culminant de la rive de cette région amazonienne, point de confluence entre le fleuve Madre de Dios, (Manu Ena : fleuve mère) et le fleuve Beni (Manu Tata : fleuve Père), union des hommes et des femmes, des enfants et des personnes âgées, des habitants des villes et des campagnes, au cœur de l’allégresse du carnaval andino-amazonien, dans la joie et la félicité pour « bien vivre » sur cette Terre.

Fondons avec amour et paix,

le mouvement interculturel urbain rural pour la défense des droits de la Terre Mère, Movimiento Pachamama.

Le principe fondateur de notre mouvement est l’Amour, le véritable Amour de notre terre et de notre société, exprimé par la solidarité, la démocratie culturelle, dans un « bien vivre » au cœur d’une société culturellement plurielle, socialement juste, économiquement réussie, dans un environnement équilibré et qui politiquement pousse à agir.

Notre mouvement a pour base la philosophie en quatre points :
Ama Sua, Ama Kella, Ama llulla, Ama Zonas

(Ama sua : Ne pas mentir, Ama llulla : ne pas voler, Ama Kella : ne pas faiblir, Ama Zonas : aimer ton territoire, notre terre, la Terre Mère)



Acte réalisé au point de confluence des fleuves Manu Ena et Manu Tata (Madre de Dios et Beni)



en un mardi de carnaval, jour de cha’lla à la Pachamama (offrande à la Terre Mère)



le 16 février de l’an 2010.


En conscience signent :
...
...
...,    Riberlata, Bolivia
...,    La Paz, Bolivia...,    Barcelona, España
G.S, Toulouse, France.
...


samedi 13 février 2010

Brèves de canyon

Il est 21h ce vendredi. Je suis à l'hôtel à Puno. Demain je quitte le Pérou. Je pue je suis sale.
Je prend ma première douche chaude depuis 5 jours. Je me soigne. Je constate que les séquelles corporelles sont quand même plutôt profondes. 
M'en fous, la peau ça repousse.
Et malgré les coups de soleils sur les bras, ça m'empêche pas d'écrire

le bled en fête
Cabanaconde. Après 7h de route depuis Arequipa. Il est 8h du soir mercredi. Tout autour de nous c'est la fête, la joie. Nous arrivons en pleine célébration annuelle de la fête du village, perché au bord des falaises. Je me suis joint à des touristes français rencontrés dans le bus, moins horrible que la majorité pensais-je. Peine perdue. Ils ne parlent pas espagnol, ils ne danseront pas, il feront leurs touristes à se plaindre de tout et de rien. Ils sont là pour faire du « treck dans le Colca ». On boira une bière ensemble et je les laisserais lâchement tomber comme des chaussettes sales, sans aucun remord.

Toutes ces choses qu'elles disent
Au lever à 9h, dans cet hôtel pour lequel l'adjectif miteux est une qualité au vu du reste, nous prenons le petit déjeuner. Que de touristes venus sur le lieu, je suis là pour les mêmes raisons qu'eux, mais pas de la même manière, j'espère, là encore. Une musique tourne sur la chaine hi-fi. C'est TATU, groupe de rock féminin russe lesbien (ça ne s'invente pas), très fameux en Europe il y a ... plus de 7 ans. Je repense à cette bonne amie à Guanare, que j'avais rencontré à Noël dernier. Sa chambre était tapissée d'affiches du groupe. Et puis également ce pote de Toulouse, de science po, un fou de la braguette avec les mâles, actuellement à Vancouver au Canada, qui adore également ce groupe. Drôle de sensation en entendant ça ici, après avoir traversé routes, chemins, sentiers, pistes, et pire encore ...


El paisano
Il est dix heures et demi. Dans le village, je harangue un type du coin (un paisano) pour demander mon chemin. Il commence à s'énerver sur les touristes qui ne profitent pas des réelles richesses de ces lieux et de ces péruviens traîtres qui profitent de la situation. Plutôt d'accord, je m'énerve avec lui, on finit par en rire. Il m'indique une autre route, moins fréquentée, plus belle. Je croise quelques ouvriers en train de construire la route, des paysan locaux accompagnant leurs chèvres, leurs vaches aux pâturages, et plus  loin quelques autres travaillent la terre avec des bêtes de somme. La ruralité d'abord. Je trouve le chemin qui 'ma été indiqué. C'est vrai qu'il est beau. Plus long aussi mais ça je ne le découvrirais qu'ensuite.


Le bout du rouleau compresseur
Je vient d'arriver enfin en bas. J'ai doublé tous les groupes de touristes. Je voulais être seul, c'est gagné. 3h de marche pour descendre au cœur de ce Canyon du Colca. Les paysages sont exceptionnels. Je ne suis pas mécontent de moi. J'enlève mes chaussures sentant une vague douleur sous les chaussettes. Ça saigne. J'ai dû un peu trop forcer sur les suspensions plantaires en faisant la descente vitesse grand V. Je désinfecte en plongeant les parties atteintes dans le torrent de la rivière toute proche. C'est froid, ça fait du bien.


Co(l)catour.com
me  voilà dans un petit hameau coupé du monde, juste au dessus des falaises, en bas du canyon. J'ai marché 2h de plus pour arriver là. Je commence à être fatigué. Les pansements aux pieds ne suffisent plus à entacher le mal. Je croise d'autres groupes de touristes, je m'écarte de ceux-ci le plus vite possible et me cache dans un petit pâté de maison. J'appelle. Une vieille, la caricature de la péruvienne à pancho et habits colorés sort de sa baraque. Elle parle un espagnol avec l'accent quechua. Je lui demande si elle vend quelque chose à boire. Je repars quelques minutes plus tard, en sirotant une bouteille de Coca-Cola, à 5h de marche de tout point relié au monde par une route praticable. Les « miracles » de la mondialisation. Je suis à nouveau seul. Sur la route, je suis face à une intersection, je ne sais où aller. Je descends. Raté j'arrive chez une jeune fille, toute seule chez elle, qui m'explique que je me suis planté royalement. Ce ne sera qu'une demi heure de perdue. Je remonte, et je trouve un peu plus loin sur l'autre chemin, enterré dans le sol, un paquet de Haribo qui m'indique sur le chemin à suivre. Les bienfaits de la pollution touristique.


A la bonne sousoupe
Enfin, enfin cette fois j'y suis. J'achève la côte de San Juan à faire passer pour une blague le reste. Je m'écroule à terre pétri de crampe. Tordu de douleur, dans mon délire, je pleure autant que je ris. Je n'ai plus d'eau, plus de force, je viens d'achever la remontée de la deuxième montagne. 1000m de dénivelé en une heure. Il me reste encore 2het demi de marche pour arriver à destination. J'ai mal, partout, froid, en sueur, comme de la fièvre. Je déniche un peu plus loin une ferme. cochon dans un enclos, poules, des gamines qui jouent avec un bébé alpaga, et une femme à qui en échange de quelques sous m'offre des bouteilles d'eau fraiche et une soupe chaude.
Cette soupe, elle était pas bonne, pas digeste, avec des légumes pas assez cuits. Je la déguste brûlante et reprend le chemin. Sans cette soupe, il est certain que je n'aurais pu arriver au bout.


Se brûler les pieds pour arriver à l'oasis du paradis
Au loin on la voit, enfin. J'ai rejoint un autre groupe, avec toute nationalité, la descente est dangereuse, je supporterais, et ils parlent presque tous espagnol. Il nous faudra encore une bonne heure pour arriver tout en bas. Je me séparerais d'eux lorsqu'ils s'arrêteront faire une pause. Je cours presque à n'en plus pouvoir respirer. J'arrive. L'oasis. Et l'hotel. Avec ses cases. Et la piscine. Et un lit. Seulement 8h de marche presque ininterrompue. Et j'ai pas mangé depuis 12h autre chose que des biscuits. Je ris intérieurement ou extérieurement, je ne m'en rend plus tout à fait compte. L'eau est froide. Il n'y a pas d'électricité. Ni de papier toilette. On mangera une soupe éclairés à la bougie.


Un dernier sentier pour la route
Il est 5h 30, je refais mes derniers pansements et opte pour la technique de l'étouffement du pied à l'aide de vieilles chaussettes : si le sang n'arrive plus, je ne pourrais plus avoir mal. Erreur. Les coups de soleil de la veille mon brûlent dans le cou. On s'apprête à remonter, avec une française et son compagnon chilien et un couple de péruviens du nord du pays, tous les quatre voyageurs (et non touristes). 3H de marche en vitesse normale. On parie sur 5h au total étant donné notre état de fatigue. Eux n'ont fait que cette descente la veille, pas le grand parcours de 8h. Menfin ils ont bien morflé aussi.


Quand les mules nous prennent pour les ânes
6h. On a commencé à monter. Mais j'apprends alors que nos amis péruviens ont pris une incitative originale la veille : réserver des ânes ... ou des mulets, je suis bien incapable de faire la différence vu mon état. Je me retrouve évidemment sur la plus colérique qui dès qu'elle ne voit plus son maître à des poussées d'adrénaline, ce qui l'entraîne à courir et galoper sur les rochers cahoteux, à 10 cm du vide. Je fais pas mon fier. Me revient cette chute il y plus de 10 ans d'un âne, juste après l'avoir monté, celui-ci m'étant tombé sur la jambe et m'avait laissé une jolie entorse.
Ojala que no occura nada (espérons qu'il n'arrive rien)


Ce n'est qu'un début, continuons ... à marcher
Il est 8h. Nous venons d'arriver au sommet après 1h30 de grimpette à dos d'âne dans les sentiers sinueux du canyon. La mule s'est un peu calmée. J'ai un peu mal à l'entre-jambe mais à vrai dire je ne ressens plus de douleur ni rien. Juste épuisé. Je l'ai fait. Je ne sais comment. On croise les touristes déjà vu la veille arrivés à pied. Certains sont partis à 3h et demi du matin. On marche pour rejoindre Cabanaconde. Je peux vérifier que ma théorie de l'étouffement du pied n'est absolument pas efficace, bien au contraire. Pas le temps de s'arrêter, je récupère ma valise et en route dans le premier bus de 9h pour Chivay. Le voyage durera trois heures. Ce n'est pas un bus touristique. Je serais debout tout le long. La route est plutôt sinueuse. Enfin, entre les pieds meurtris, les bras et la nuque brûlée, pas le temps d'avoir mal au cœur.

A quelle heure on arrive ?
Arrivée à la gare routière de Chivay vers 11h. Je défais le massacre piedral et tente quelque chose de plus correct et moins serré. Ca semble plus efficace. On saute dans le bus touristique (avec le prix « touristique ») pour Puno, au bord du lac Titikaka (prononcer Titijaja pour faire local). Juste 5h de route. Les paysages sont extraordinaire. La route serpente à 4000 mètres. Je ne peux m'empêcher de penser « quel petit joueur ce mont Blanc ». Là où il culmine, ici l'on est en « bas ». dans deux heures ont sera au bord du Lac Titikaka, les paysages sont époustouflants. Il commence à pleuvoir. De toute façon il fera nuit, on verra demain.

Nasca, suivant ma ligne de conduite

Nasca. Petite ville. J'ai pas d'adresse alors je décide de faire confiance à une petite mamie, Maria, me proposant un hôtel pas cher et des excursions « touristiques ». Arrivé hôtel mirador, je retrouve enfin des sensations proches de la coordinadora Simon Bolivar, un lit, une table, salle de bain pour l'étage. Point final.
Je suis bien, enfin décontracté.
Les fenêtres sont juste des barreaux, on entend les voisins, les voitures qui klaxonnent.
Je dors comme un loir.

Au matin, je retrouve Maria à l'hotel qui me présente sa fille, charmante jeune femme de 16 ans, (qui en fait 22) elle aussi guide, et qui se chargera de m'emmener aux Lignes de Nasca.
C'est un des petits extras que je me suis accordé. Si tant est que je ne puisse être "immergé au coeur de la population" et que je sois obligé d'être assimilé touriste avec tout e que cela implique, autant en profiter pour voir des choses bien.
On arrive au petit aérodrome sur les coup de 8h et demi. Ciel très nuageux (pluvieux 2h plus tard), très blanc, (lui aussi décidément). Et c'est parti, un peu cher (50 euros) mais c'est du patrimoine mondial de l'humanité of the Unided States de l'ONU ! Ça rigole pas coco.

Ça dure 35 minutes. Ça chamboule un peu l'estomac. Mais y a pas a dire, c'est plutôt vachement extraordinaire. Des lignes tracées dans sol il y a .. longtemps, par on ne sait qui, mesurant plusieurs centaines de mètres, et représentant des formes semblables à des animaux.
La légende occidentale voudrait que ce soient des traces laissées par les extra terrestres. Les populations locales pencheraient plus pour un calendrier astral tracé par l'ancienne civilisation nazca. Oui, il n'y a pas que les incas, mayas et aztèques. Ici vivaient les Nazcas, civilisation hautement avancée sur la question de la maîtrise de l'eau, dans cette région désertique en mettant en place un système d'aqueduc vraiment sophistiqué. Aujourd'hui, c'est définitivement une civilisation éteinte.


Au retour, j'interroge la « gamine » qui me guide avec une question toute bête : est-ce qu'elle a déjà vu les lignes ?
Et la réponse c'est non. La raison : trop cher.
Idem pour le Machu Pichu, idem pour les sites précolombiens.
Et sa mère non plus. Elle fait ce boulot de plus de 30 ans. Jamais elle n'a vu ce qu'elle fait visiter à ces touristes.

Voilà peut être ce qui m'énerve tant chez les touristes. Parce que leur plaisir de voyager, de découverte, d'évasion, c'est le travail des populations locales qui doivent vendre leur patrimoine au plus offrant pour survivre. Traduction : les travailleurs (du tourisme) utilisent un moyen de production des richesses sans être propriétaire de ce moyen de production, et sans bénéficier des richesses, sinon recevant une compensation salariale. En somme : on parle juste d'exploitation.
Étonnant comment une théorie carlesque écrite il y plus d'un siècle a toute sa valeur aujourd'hui encore.

Mais j'exagère bien sûr.

Le touriste n'est pas responsable de la misère du pays. Et puis il donne tant d'argent, quelle générosité !
Et puis ils en profitent ici, ils font monter les prix suivant la blancheur de la peau !
Ce sont EUX qui sont les COUPABLES de leur propre misère !

Au Venezuela, en tant que touriste, t'es pas bien accueilli. Insécurité, pas de structure appropriées.
Hormis les « lieux touristiques » (îles de Los Roques, Marguarita, Salto Angel ...) , le pays n'est pas accueillant.
Et c'est tant mieux.

Au Pérou se sont abattues des pluies torrentielles sur la région de Cuzco.
Le Machu Pichu est fermé pour deux mois.15 000 emplois sont directement menacés et avec eux indirectement une grosse partie de l'économie régionale.
C'est ce que me disait le taxiste à Lima : « ici comme dans toute l'Amérique Latine, on a des matières premières, mais on ne manufacture rien, ce sont les entreprises étrangères qui le font, et qui nous revende notre propre produit bien plus cher. Il nous faut construire une véritable économie productive ». Faut croire qu'avoir une économie d'extraction et dépendante du tourisme ne soit pas la panacée. Mais puisque ça crée du travail  ...

« Je ne suis pas coupable d'être occidental » me disait quelqu'un avant de partir.
Je suis en revanche responsable de la reproduction par mes actes des modes de domination de l'Occident.

Je sais, je radote, mais j'ai jamais dit que ce passage ne serait pas politique ...

mardi 9 février 2010

Les touristes, c'est pas le Pérou

Arrivé à Lima sur les coups de 8h du matin.
Aéroport tout tranquille, avec une somme de taxiste qui t'attendent à la sortie .. normal pas de transport en commun pour aller en ville.
J'en prends, qui me fait également office de guide touristique.
Et on commence à parler de l'histoire du pays, des problèmes actuels, de la colonisation, des Incas, etc ...
On arrive finalement à un hôtel que ce brave taxiste m'eut conseillé :
la Posada del marquez, traduction : l'auberge du marquis.

C'est vrai que c'est pas totalement faux, et autant le prix me semble légèrement élevé, mais n'ayant pas d'autres repère je fais confiance, autant il faut avouer que WOUAH ! La classe.
Immédiatement, j'entreprends d'essayer le lit, et fait la sieste.
Je tenterais ensuite la douche avec 3 shampoings de différentes parfums.
Midi, enfin propre, je sors pour de découvrir les alentours..
Après avoir fait près de deux cent mètres j'ai une subite envie d'éructer des jurons vomitifs aux passants :
tout est écrit en anglais, italien, français, des blancs, à gauche à droite, des allemands, des américains, des brésiliens pas bronzés, des blancs, partout. Des européens, des américains, des argentins. Je suis dans le quartier Miraflores, qui est le quartier ultra touristique de la ville. Mal tombé.
 
J'entreprends de m'éloigner un peu.
A gauche pizzéria, à droite crêpe bretonne. C'est une sorte de cauchemar où l'on fiat 10 000 km pour retrouver ses voisins. Les feux rouges  sont minutés, les voitures sont cossues, les habitations grillagées, je trouve même à quelques pas des casinos ...
bienvenue dans l'ex grande cité de l'Empire Inca.
Et tous ces touristes dédaigneux, avec leur air de touriste en « vacance » traduction « toi agrémenter positivement confort et me laisser poser mon gros cul chez toi à moi sinon moi pas claquer bezef ».

Je hais les touristes. Ce n'est pas pour rien que j n'ai visiter quasiment AUCUN lieu touristique au Venezuela, Pantheon, musée, NIET, j'ai juste grimpé au pic Avila à Caracas et ça m'a suffisamment traumatisé de croiser là haut plus de boutiques que dans n'importe quelle rue commerciale de la ville.

Le touriste : c'est quelque chose que je n'arrive pas à comprendre

Faut bien faire gaffe sur le mot hein.
Je parle pas de l'aventurier, qui en gros prend un sac, une gourde, parle pas un mot de la langue et va s'immerger dans une zone qu'il ne connait pas et où il n'est pas forcément le bienvenu, et qui parfois prendrais même des risques.

Je parle pas non plus du voyageur, ce que j'espère être, qui tente de découvrir un peu ce qu'est le pays dans lequel il est, en parlant si possible la langue et en essayant de s'acclimater aux manières de vivre locales.

Non, le touriste est une espèce à part, et pas en voie d'extinction malheureusement.
il sera sur des sentiers balisés, les « lieux touristiques », il sera dans les hotels pour touristes, avec un guide touristique.
Visiter seul la ville, errer dans des quartiers non touristiques sans objectif précis ? Pensez vous ! Avec ses lunettes de soleil et son appareil photo au cou il pourrait être agressé ! C'est qu'ils sont pauvres ici, et donc ils n'ont qu'une idée : voler le riche touriste.
Soyons en conscients, qui est touriste ? Quelle catégorie de personne à la moyen de se payer un voyage autour du monde ?
Un prolo de chez Continental ? Un paysan de l'Aveyron (sauf José Bové) ? Au mieux un type des classe moyenne, beauf ou pas, avec sa femme et ses gosses, au pire un groupe de vieille mamies bourgeoises, avec leur « ah ben oui mais quand même hein, c'est pas tout ça mais il faudrait trouver un lit un semblant plus confortable ». c'est pas une blague, j'en ai croisé ce matin, elles venaient de Châtillon.

Avec un peu de chance on croisera un autre qui trimballe son guide du routard. Qui tente de faire cool, voyageur etc ... mais qui au fond suit exactement es mêmes sentiers balisés que mamie et papy en croisière sur le Nil. J'en rajoute ?
Sont pas tous comme ça ? J'espère bien. Sinon je suis foutu.
Mais il faut bien avouer que la grande majorité sont assez puants.

Ou s'il est hype, avec couchsurfing, qui comme son nom ne l'indique pas consiste à se faire croire qu'on découvre un pays en allant chez des gens qui sont internationalistes, branchés sur le net, bilingues, ouvert à l'accueil permanent d'étrangers et ayant de l'espace pour cela, et acceptant de faire visiter la ville, et jeunes. Soyons sérieux.
D'ailleurs les seuls couchsurfeurs rencontrés au Venezuela, au demeurant bien sympathique, avec qui j'ai pu visiter quelques bars sympa, étaient tous sans exceptions anti chavistes. Représentatifs me direz-vous.

C'est un fait je n'aime pas le touriste, quand bien même j'en sois actuellement un.

Je me ballade dans le quartier Miraflores et tente un contact langagier avec une autochtone tenant un guichet d'office de tourisme pour qu'elle m'indique un restaurant où l'on ne croise pas de touriste. Elle me déniche un petit troquet bien tranquille un peu à l'écart. Avant de partir, petit mot sur le livre d'or, indiquant si le conseil a été « beaucoup » « très » « moyen » « peu » utile.
Je peux alors enfin rencontrer des gens, qui parle péruvien et non castillan, avec les accents et les gueules qui vont avec.
De courte durée. Viendront se pointer dans ce même troquet un couple de touristes allemands qui comme on le sait, le touriste allemand parle allemand, fort et est gros. Ca n'a pas manqué.

Je décide de dégager vite fait de là en prend le premier bus pour sortir de la ville. Sauf que la compagnie qui fait les longues distances, Cruz del Sur est une compagnie de touristes. Résultats en attendant au guichet je croise 2 québécois, 3 belges et 5 français. Je commence à désespérer.
Dans le bus, un confort digne d'une 1ere classe surclassée, plateau repas, siège / lit, rafraichissements, air conditionné. Et hôtesse de bord qui présente les consignes de sécurité dans une tenue .. d'hôtesse.
Avec écouteurs et films, américains bien entendus. Un blanc qui quitte son boulot parce que ça l'emmerde, une blanche qui sauve un noir de la misère, et des gentils mutants qui sauvent le monde des méchants mutants.
Bref typiquement local.
Et l'on suit la route panaméricaine. Et l'on traverse le désert. Oui désert, vraiment, avec une petite côte pacifique et quelques espaces verts puis le déserts puis les montagnes.

Au soir, arrivée à Nasca. Dans la rue, il y a moins de blancs que de péruviens. Sauvé ?

lundi 8 février 2010

La Colombie ne fait pas le moine

Le pont franchi, j'entre dans un nouveau pays, inconnu.

La Colombie on le dit et le sait, est un pays démocratique, où règne l'ordre, et où la population ne souhaite que sa sécurité et lutte courageusement contre les terribles guérillas des FARC-EP (pyuisque c'est leur nom : Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia - Ejercito Popular) et de l'ELN (Ejercito de Liberacion Nacional).

j'entre donc dans ce pays terriblement démocratique.
D'emblée ce qui surprend, c'est l'ordre. c'est propre, rangé, les limitations de vitesse sont respectées, il y des policiers un peu partout, même qu'ils sont extrêmement aimables, polis.
Certains diront " ah ben ça change des vénézueliens !". je dirais juste que la révolution bolivarienne est ce qu'elle est, soit foutraque, bordélique, parfois hasardeuse. Mais révolution quand même.

Ici point de révolution. Ordre et liberté, la devise de l'armée. On peut leur faire confiance.
Après avoir pris un mini-bus, qui respecte  étrangement le code de la route, j'arrive au terminal, où un type m'offre une réduc de 50% sur le billet en échange d'une petite compensation. Service rendu entre bons amis en somme.

Billet en main, je grimpe dans le bus juste avant son départ.
Confort, ceintures de sécurité, peu bruyant; On est bien.
Je remarque juste un numéro à l'arrière suivi de : "dites moi comment je conduis". Et à l'avant un compteur, qui indique aux passagers la vitesse suivie.

Et on part, on dépasse pas les limites, la route est plutôt en bon état. 
Premier arrêt : douane. Contrôle de routine. Sauf qu'un contrebandier s'est glissé dans le lot. DVD, TV, Hifi, venant du venezuela, moins cher (malgré la terriiiiiible inflation), pour être revendus en Colombie.
Douanier signifie guerrier sous apparence policière armé d'une mitraillette dans le dos. Accueillant.
Ils ouvrent la soute. Ils déchargent quelques valises et les mettent à l'écart.
La mienne.
non
Il vont ...
pas possible.
ils vont trouver ma casquette à étoile rouge, m'emprisonner, me livrer aux paramilitaires, je suis foutu ! Je prépare déjà mon discours pour la vidéo de la séquestration et la demande de rançon.

Non en fait 'est juste qu'il y avait 4 autres sacs de contrebande cachés derrière.
je suis profondément déçu.

Après une heure et demi, le type reste sur place, il aura 72h pour fournir les preuves d'achat, sinon il sera l'objet d'une procédure judiciaire.

Et l'on repart. Tranquillement sur des routes de plus en plus montagneuses et sinueuses et cahoteuses.
Jusqu'à arriver au deuxième point crucial du voyage.
Dans une descente digne du col de l'Izoard, la foret en contrebas en plus, le bus s'arrête. Plus bas des lumières  clignotes, les voitures éteignent les phares.
cette fois ça y est, j'en suis sûr, c'est la guérilla, je savais bien que le voyage était pas sûr.
Et je l'avais déjà prédis cette nuit dans un rêve prémonitoire. séquestration misère, et puis je vais même choper le paludisme si ça continue dans cette jungle hostile avec l'armée colombienne qui nous bombarde à tout bout de champ.
On s'approche ... arrive au coin du tournant. 
BAM
Eboulement de terrain. une canalisation d'eau en surplomb percée et un bout demontagne est tombé. 
Alors, ben on y va tous, enfin certains plus que d'autres. Les chemises blanches un peu moins, soit les  chauffeurs de bus, quelques autres et moi. On me tane : Hé Gringo, arrête de prendre des photos, viens filer un coup de main. Je réponds que ma chemise en tweed anglais risque d'être endommagée par le contact avec la surface telurique d'une boue dégueu.



Et j'ajoute que je suis aps gringo, mais zeuropéen.



Et comme les Colombiens sont des perfides soldats de l'Empire, fanatique de cocaïne et de sécurité :


"tu sais ici, les gringo, (les zétasuniens) ils ont font 3 choses : 
ils prennent les richesses, 
ils construirent des bases militaires 
et ils font du commerce de drogue".
 
Bon après il enchaine un couplet enchanteur sur l'Europe qui les aide au développement, je modère ses ardeurs. 
On finit par en sortir. 3 heures plus tard.

plus tard, j'écoute des conversations au téléphone dans le bus histoire de m'habituer à l'accent :
" tu vas là-bas ? bon alors fais bien attention, tu sais comment sont les choses" (...)
"Et n'oublie pas que ... tu sais bien".


En Colombie, le dernier président a été élu avec un taux de 60% d'abstention, il est un des plus gros narcotrafiquant du pays : il s'appelle Alvaro uribe. Le même qui a vendu son pays aux Etats-Unis en leur offrant sur un plateau sept ases militaires, "pour lutter contre le narcotrafic". On imagine bien le type se rendre dans la base américaine : "coucou, emprisonnez moi, je suis un narcotrafiquant". Soyons sérieux, c'est une nouvelle forme 'intervention pour reprendre le contrôle de l'Amérique Latine, c'est juste tellement évident qu'il faut quand même le dire.
Le même Uribe qui a une solidarité féroce avec les paramilitaires, dont sont plus que très proches certains membres du gouvernement colombien, et pour qui il a gentillement crée une loi d'amnistie. Ces paramilitaires qui sont responsables de 70% des assassinats et enlèvements en Colombie. Les guérillas c'est 30 %.

effectivement, on verra des manifestations mondiales contre les terribles criminels FARC. Mais on entendra moins de monde  pour se mobiliser contre le paramilitarisme.
Pas principalement par blocage idéologique. Tout simplement par sécurité physique.


j'arrive à Bogota après 17 heures de route depuis Cucuta. Une ville ultra moderne, bien carrée, bien rangée, bien propre, bien sécurisée. j'y reste que très peu, le temps d'appeler un ami, qui m'explique qu'il doit partir, je dois faire gaffe, avec les élections (sénatoriales) c'est très tendu dans la ville et dans le pays.
On me rétorquera que la criminalité a fortement diminué et que la ville al plus dangereuse est Caracas. Certainement, pour les touristes, ça doit être Caracas, pas super accueillante pour le chaland international.
Mais pour les gens qui y vivent, Bogota est bien moins sûre. 
la criminalité, la peur, elle existe, même si elle n'est pas visible. Elle est souterraine.
L'ami travaille dans les questions de droits de l'homme, et les réunions qu'il tient sont clandestines. SInon, il a des chances de se faire butter.
Oui parce qu'il bosse pour les droits de l'homme.


J'ai oublié de vous dire qu'ici les mots "révolution bolivarienne", "socialisme", "lutte des classes" sont interdits. pas par principe. Par sécurité. On retire la casquette à étoile rouge, les T-shirt compromettants. Le mieux c'est même de ne pas parler de politique.On vote quand on nous le demande et on se tait,Ou alors on en parle mais très doucement, que "l'on" ne vous entende pas.
Et si l'on vous entend, vous en aurez les conséquences à subir.
et puis tout ira bien, tout ira bien.


finalement je retourne à l'aéroport, ce même aéroport qui avait été mon point d'entrée sur le continent. Toujours le cireur de pompe. Cette fois maitrisant la langue, je peux discuter avec les gens, de tout de rien (sauf de politique) et j'ai désormais 5  nouveaux points de chute en terre Colombienne au cas où je repasserais par là.

je passe une nuit dans cet aéroport. Toujours aussi peu confortable le siège en bois, mais ça remet en place les 3 vertebres déplacées pendant les ... 26 heures de bus depuis Mérida.
Au matin, tôt, très tôt, 6h du matin, je décolle pour Lima.

dimanche 7 février 2010

Derniers instants avant début du commencement de la suite

Me voila parti donc. 
15h de trajet, de nuit. Au matin, arrivée à la première étape : Mérida, 
Une ville du sud ouest du Venezuela, au pied des montagnes, et du Pic Bolivar, 4981 mètres.
Une ville bien différente pour qui a vécu un peu à Caracas.

c'est calme, pas violent, peu bruyant, posé, tranquille.


C'est plutôt propre, assez touristique bien qu'il n'y ait pas une foule incroyable.
Une ville contrastée, ni chaviste, ni antichaviste, ils veulent ici l'unité national, ils en ont assez de voir le pays être divisé.

symbole inconnu suivi de 
"Regarde ! c'est comme ça que Cavez s'en va !"
Etudiants de l'Université des Andes pour le Oui
 (Je précise que l'opposition n'est pas beaucoup plus fine dans ses représentations symboliques)

Une ville où deux étudiants ( un chaviste et un anti) se sont fait butter dans les manifestations suite aux récentes mesures prises de suspension de 6 chaines de télé câblées pour non respect de la loi, donc la fameuse RCTV.

Mérida c'est fleuri, des fleurs longtemps que je n'en avais pas vues, de toutes les couleurs. Ca a beau être la ville la plus froide du pays, il fait une bonne petite chaleur.

Un jour, pas plus, juste le temps de flâner. De croiser cette place Bolivar avec ses artistes ressemblant à s'y méprendre à Montmartre.
Ou ce quai de rivière tendant vers les quais du Rhone.
 
Et le lendemain c'est repartit, tôt, croyais-je, 10h, pour San Cristobal, 7h au sud ouest. Pas encore la frontière.

La route, c'est un avalanche de paysages, désertiques, boisée, forestiers, mointagneux, de toutes les couleurs.
Arrivée à San cristobal, grande ville, pas de bol, c'est au moment de la coupure d'électricité, donc des feux tricolores ... un sacré merdier dans les avenues.

On sort de bus et monte dans un autre, un micro comme ceux de Caracs, petit inconfortable et bruyant. Direction San Antonio, qui marque la frontière avec la Colombie.
2h et demi au lieu d'une. J'y arrive à 8h du soir.
Passage à l'office de l'immigration, dernier perro caliente et dernière discussion politique avec les vendeurs avant de quitter le pays.

J'ai préféré parcourir le demi kilomètres qui me sépare de l'Autre Pays, à pied. 
En traversant un pont. Un simple pont.

Je me retourne une dernière fois. Je suis rassuré. 
De toute façon, il serait présomptueux pour moi de ne pas l'être.
Ils n'ont pas besoin de nous. Ils mènent leur vie, je ne suis que de passage, et bien qu'ayant activement participé durant mon séjour, je n'en reste pas moins un élément extérieur, observateur, de passage. Comme tous ces expatriés français.

Ils n'ont pas besoin de nous, ils savent très bien la faire leur révolution, à leur manière, certes avec des aspects très dérangeants pour nos petites consciences occidentalo-centrées. Mais de toute façon, ils en ont un peu rien à faire de savoir qu'un tel ou tel groupuscule gauchiste les critique sur tel ou tel point.
Et puis elle y est la dynamique, ces gens, cette chaleur humaine, cette humanité, ça existe.


Rassuré, je passe sous l'arche marquant l'entrée du pont avec une dernière banderole :
"revenez vite dans la République Bolivarienne du Venezuela, terres de grands progrès"

Je marche droit devant. Non pas que j'y tourne le dos. Au contraire. 
C'est juste que cette fois ... c'est fini.

En avant.

mardi 2 février 2010

Alors, c'était comment ?

On a dû me poser 20 fois cette question cette semaine, et plus de 15 en ce jour.

Évidemment, c'est un petit peu logique. vu que je pars demain, enfin presque.

Comment c'était ?

Au soir, je quitte Caracas. 12 h de route plus loin, j'arrive à mérida, petit plaisir de touriste avant de s'en aller.
Non, pour ceux qui demandent, je ne vais pas enquêter sur la mort des 2 étudiants dans les manifs de ces derniers jours. Je suis réellement en voyage, non plus au travail.

C'était comment ?

c'était bien, oui bon mais encore ? très bien, exceptionnel, fantastique, incroyable...

Un jour à Mérida et ensuite direction Bogota, en bus branlant passant par des zones où il ne fait pas bon être touriste, ou autochtones. On va espérer qu'il n'y aura pas de problème. j'ai survécu à un mois et demi au 23 de Enero, je peux bien traverser des zones tribales ?

Et ben, dis, c'était comment ?

Des images qui reviennent.

Cette nana, à Gramoven, casquette rouge, t shirt rouge, pantalon rouge, rouge à lèvre rouge. pas plus que 17 ans. Un sourire rouge, avec en gros sur sa poitrine : SI CHAVEZ. 
Ces chavistes, partout, cet amour pour un homme, prêts à mourir pour leurs (ses?) idées. Et cette humanité sans limite pour autrui.

A Bogota, on passe une journée on en profite pour voir des gens qu'on verra jamais ailleurs et puis ensuite avion, direction le Pérou, Lima.

Ou ce jeune allemand, en brigade internationale, rencontré à la Coordinadora Simon Bolivar, beau, blond, musclé, sûr de lui, trotskyste, qui n'a réussi au Venezuela qu'à internationaliser son sexe avec toutes les révolutionnaires du quartier. Tous ces beaux parleurs qui ne s'écoutent que parler. Incapables d'écouter le réel qui s'offre à leurs yeux. j'ai failli en être il fut un temps.

Lima, on y passe une journée, pas envie de rester en ville. Immédiatement, montée dans un bus direction le sud, la route panaméricaine, en évitant d'aller jouer touriste à Cuzco, Machu Pichu, aussi beau que ce soit.

Alors c'était comment ici ?

Y avait aussi ces gosses à Guanare, le soir du jour de l'an, s'amusant à jeter des pétards. Les gosses ici, y en a partout, jouant, criant, ça nous change de la maison de retraite France. Pays jeune, y a de l'avenir. On prendrais presque un coup de vieux à presque 20 ans.

On arrive ensuite dans une zone rurale, visitant les Canyons de Colca, pourquoi ? Pourquoi pas ?

Et ce type à Maracay. Un qui était tout jeune quand la dictature est tombée en 1958, et qui dans les années 80 à rejoint les autres dans les montagnes. Un guérilléro, qui participera au coup d'Etat de 1992. Il ira en prison, sera torturé, libéré, suivra Chavez, aujourd'hui travaillant dans un média communautaire. le même totalement bourré dans cette voiture, faisant tomber sa bière sur mes genoux rouges feu des coup de soleil.

Quand est-ce que tu reviens ?

Après cette escapade, c'est repartit pour Arequipa, une ville belle, ça changera de la grande Caracas. Deux jours. Puis direction Puno, qui comme le dit si bien celle qui m'a conseillé ce chemin : "Puno, c'est ... Puno quoi". Et puis si on a le temps, une ballade sur le lac Titicaca.

Y a eu aussi cette nuit au Mani, LE bar à salsa dans les quartiers courus, incapable d'aligner deux pas de danse, plus occupé à vivre cette effusion générale salsera au son des trompettes et percussions. Ou ces nanas de l'Oriente, aux blagues machistes à faire rougir les mecs, les vrais.

Du Titicaca, on retourne sur terre, au Pérou ou en Bolivie, suivant où le vent nous portera. En quelques heures on est à la Paz. La paix ? pas de suite. Juste une journée pour visiter la capitale la plus haute du monde, et puis il faudra déjà repartir.

Que restera-t-il du Venezuela ? Des émotions, des gens, des rencontres, des contacts, un peuple debout et digne, un pays chaleureux et accueillant, qui avance propose et réalise ses rêves.

Au 15 février je serois arrivé à Riberalata, dans le département Beni.
Ca ne s'invente pas une telle escapade bolivarienne.

Un Venezuela auquel on dédiera cette chanson douce, pour un peuple vaillant :

Le larmier des salines
couvre toutes les terres
Il clame la vie 
et lui donne cent ans, 
mais il ne se passe rien.
 Ma douce terre ...

 
Quand est-ce que je reviens ?

lundi 1 février 2010

Vous l'avez tous vu et lu ...


Hein que vous l'avez tous vu cette vidéo !!!

Cette déclaration fracassante que même la droite décomplexée ose pas chez nous.

Quoi, vous me dites?

que chavez aurait dit que les Usa auraient déclenché le séisme en haiti à l'aide d'une arme ultra secrète ?

Mouimouimoui,

Décidément, le Parti de la Presse et de l'Argent (soit en langage courant les "médias dominants") a une fâcheuse tendance à tout oser.

Donc, non désolé, mais keud, niet, nana, rien, c'est juste un mensonge de plus, basé sur le principe :"plus c'est gros plus ça passe". D'ailleurs j'ai écrit un super, génial, youpi tout bien article là dessus.

Jugez plutôt :

Le PPA déclare la guerre à la nouvelle « conspiration chaviste » !

 
Bon au delà de la conséquence directe, à savoir après l'avoir fait passé pour dictateur totalitaire, de transformer Chavez en un fou paranoiaque, justifiant tous les moyens "médicaux"

Surtout ça permet de ne pas s'informer correctement.

Ainsi en est cette vidéo, que vous n'avez pas vue.

Ou sur une chaine que l'on croyait fermée depuis 2007 sur décision du Méchant Rouge, l'on a pu voir il y a quinze jours un leader de l'opposition, accessoirement directeur du patronat local (allez comprendre cette coïncidence !)

"La solutions aux problèmes au Venezuela, est une solution militaire"

Et pour les journalistes au Monde, au JDD, au Figaro, au Post qui recoupent les sources, la vidéo est ici (à 2min 40 environ) : http://www.youtube.com/watch?v=J_5MxTBSVms

Et il en rajoute : dans les commerces, l'industrie, la rue etc... Et le journaliste : "vous êtes liberté d'en penser ce que vous voulez, mais moi je suis d'accord"

What's the matter ? oh, c'est juste la préparation d'un nouveau coup d'Etat.

Le mieux pour le juger c'est de lire la presse (qui comme tout le monde le sait n'est pas libre) surtout celle d'opposition.


On l'on apprend des choses intéressantes, comme cette chaine de télévision, RCTV, déjà fermée en 2007, qui est refermée en 2010. Oui parce qu'elle était fermée mais juste sur le hertzien, elle était toujours visible sur le câble et le satellite.
Oui je sais on vous l'a pas dit, dommage.
Le sort s'acharne contre ces pauvres journalistes racistes, classistes, qui ont entre autre pu appeler à l'assassinat du président de la république et participer activement à un coup d'Etat en 2002.

Oui RCTV la chaine symbole de la liberté d'expression c'est ça.

Aujourd'hui, la CONATEL (le CSA vénézuelien) l'a sanctionné d'une mesure de suspension temporaire, pour non respect de la loi. C'est comme si TF1 décidait de diffuser du porno à la place des dessins animés pour enfant, refusait de mettre les logo pour la vigilance d'âge et refusait de diffuser les interventions présidentielles. Ici ce sont des "atteintes à la liberté"

Évidemment il suffit à RCTV de se remettre dans le cadre de la loi pour pouvoir émettre à nouveau. Mais à quoi ça leur servirait ?

Puisque depuis l'annonce de cette mesure, les ETUDIANTS SONT DANS LA RUE !
Bon en fait, sont pas super nombreux. On m'a parlé de manifestation quotidienne grossissant de jour en jour.
je n'ai pu dénicher dans tout l'est de Caracas qu'un misérable groupe à un Carrefour, distribuant des tracts dénonçant les "cadeaux" (partenariat économiques bilatéraux) du Venezuela avec Cuba, le Nicaragua, la Bolivie, et le pire de tous : un programme pour alimenter en électricité Haiti !


Le groupe c'était "Voluntad popular", soit une organisation qui vient dans les conseils communaux, avec pour objectif de discréditer les réalisations du processus, notamment les missions, et pour ficher les personnes ce qui a pour conséquence que des mafias ou groupes paramilitaires récupèrent ces infos et qu'il arrive des choses fâcheuses aux membres du conseil communal.
Quoi des fascistes ? Allons ! des militants de liberté et des droits de l'homme !

Bon, les étudiants (de droite) manifestent, ils sont largement moins nombreux qu'en 2007, mais ils suivent la même technique : groupes violents extrêmes (droite) qui provoquent la police, qui même ici, reste police, et qui donc réprime les étudiants qu'elle a devant eux, les gentils fils de classe moyenne amoureux de la liberté, qui comprennent pas ce qu'il leur arrive à part qu'un gouvernement les matraque et qui hurlent à la dictature. Le principe permet de déclencher du chaos générale et de mobiliser contre la répression.

Y a même déjà eu des morts !

Enfin, pas (encore) des étudiants d'opposition.
Non, juste deux étudiants chavistes, qui manifestaient POUR la fermeture, oui parce qu'il y en a qui ont le toupet de défendre les restriction à la liberté d'expression, c'est normal d'en subir les conséquences non ? 
2 étudiants dont un membre du PSUV tués à Mérida par des tireurs isolés, dont on ne sait ni qui ils sont, ni ce qu'ils font. Soit ce qu'on pourrait appeler des paramilitaires. Aucune preuve bien sûr.

Bien sûr, ceux-là ne seront pas retenus comme héros de la liberté. Par contre si un étudiant de l'opposition se fait buter ...ça risque de chauffer dur dans les facultés. Remarque ça chauffe déjà.
Résumons donc
Situation économique difficile : économies d'énergies forcées, ré-évalutation de la monnaie, crise mondiale.
Situation politique : des chavistes toujours aussi forts (55 à  65%) et une opposition fractionnée sans projet, sans leader,
Situation du patronat : prêt à une "solution militaire".
Situation des étudiants anti chavistes : dans la rue, avec la haine, comme toujours.
Situation des Etats-Unis : en cours de reprise en main de l'Amérique Latine.
Honduras : dictateur légitimé.
Haiti : en cours d'occupation avec des forces militaires à peine 4 fois inférieure à l'Afghnistan (20 000). Venezuela : survol régulier de bombardiers militaires en toute illégalité.

Je dis ça comme ça, mais vous le sentez à présent le climat du coup d'Etat qui va tenter de se jouer dans l'année ?

Oh, n'ayez crainte, tous le monde ici s'en rend compte, et croyez-le bien, ils ne laisseront pas faire, au sommet comme à la base. On peut leur faire confiance sur ce point, ils en ont déjà fait échouer au moins trois tentative.
Et puisque ce qui ne tue pas une révolution la rend plus forte ...