samedi 15 mai 2010

l'homme qui ne savait pas parler

Journée fraiche. Souffle depuis le début de la semaine un vent venu du sud apportant avec lui un air glacé faisant tomber le thermomètre sous la barre des 15 degrés. De quoi congeler les Amazoniens. Nous voilà à 12 de Octubre. Communauté paysanne d'une quarantaine de familles, à 70 kilomètres de Riberalta. Communauté "pilote" de par son avancée dans son auto organisation. 

C’est l'occasion d'une réunion de travail sur un problème de délimitation de terres que nous nous rendons sur place. De nombreux dirigeants des communautés voisines sont présents. J'enchaine Interview sur interview. Mais ce ne sont pas les dirigeants qui m'intéressent. Eux ont déjà intégré les codes des médias (qui mentent comme l’on le sait). « Je suis X et je suis à votre disposition pour répondre n'importe quelle de vos interrogations » me répète-t-on inlassablement à chaque début d'interview. J'impose pour seule contrainte de dire : « je suis communicateur populaire de ma communauté … ». Auto estime. Première base que l’on m’a enseignée. Renversement du paradigme du « journaliste » toujours au centre. Subjectivité totale, assumée et désirée. C'est à partir du moment où celui qui crée l'information est lui même impliqué dans l'information parce qu'il la vit, que nait la communication populaire. On ne pourra pas dire que le Venezuela ne m’aie servi à rien.

Je m'éloigne donc des « officiels » et me dirige vers un groupe de paysans tranquillement assis sur un banc. Je demande si quelqu'un est volontaire pour une interview. Deux d'entre eux désignent un troisième qui n’a pas l'air motivé du tout même s’il n’en dit rien.
C'est celui ci qui me répond « mais je ne sais pas parler ! »
Rire alentours. Lui ne ris pas. ou si peu.
Techniquement, il a raison, il n'a pas le langage médiatique, il ne maitrise pas le rapport journalistique. Et c'est bien pour ça qu'il m'intéresse.

Je réussi à le convaincre d'essayer quand même. L'on s'installe un peu plus loin. Le lui fait un topo sur pourquoi je veux qu'il parle, l’importance d’entendre sa voix. Il me renvoie aux dirigeants de la communauté. J’insiste. Et lui présente le thème : changement climatique.
On laisse pour l'heure le micro. Et ce paysan, Roberto, commence à converser avec moi.

"Bon comment ça va par ici ? Pas trop chaud ?
-Ouh c'est de pire en pire.
-Et puis ça à l'air plutôt sec par ici
-On a jamais vu ça, cette année c'est fou. Et puis d'ailleurs...."
Ca y est, contact établie, houston, à vos les oreilles.

« ... cette année on a eu une récolte un peu faible. Surtout pour moi le cupuazu (fruit). L'an dernier j'ai récolté 700 kg sur ma parcelle et cette année à peine 100 kg. Mon riz, pareil, l'an dernier 100 sacs et cette année 40 sacs. Après pour les bananes, parce que j'ai aussi des bananes, ya pas de  problème, et pour le maïs et le manioc, c'est de la bonne récolte. »

pause. Je l'interromps.
« donc comme tu viens d'en faire la preuve, tu ne sais pas parler. »
Il me sourit mi espiègle, mi gêné.

Et je commence l'enregistrement. Il répète ce qu'il vient de dire quasi textuellement. Peu importe, il n'a pas de papier, il ne récite pas, sinon sa propre vie. Et puis au fil de  mes questions, il continue sur les autres sujets.

« la climat a beaucoup changé. Ca fait 30 ans que je suis ici et ça n'a plus rien à voir. Regarde, cette année, la saison chaude a commencé en avril, et la pluie s'est arrêtée en janvier. Tout est décalé d'un mois par rapport à avant ! Avec le vent qui vient, les récoltes sont séchées sur place. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Ici on met en place la gestion agro-forestière, ce qui permet de pas tout détruire et de diversifier ce qu'on plante et donc de nous protéger un peu. Moi j'ai des amandes, du chocolat, du cupuazu, du riz. Le gros problème c'est qu'on a presque rien comme ressources économiques pour nous aider
à mettre en place tout ça. Ici on est tous paysans, et ça arrive que le riz n'ai pas de prix fixé à l'avance et on s'en sort plus et plein d'autres choses. On n'a pas suffisament d'appui, encore moins de la part des autorités »

Stop

Fin de l'interview. En trois petites minutes, on vient de parler des systèmes de gestion durable des forêts, de l'inaction du gouvernement local, des déséquilibres entre producteur et intermédiaires et de la diminution substantielle des récoltes comme conséquence du réchauffement climatique.

Et ce type ne sait pas parler. Je le lui rappelle à la fin.
Il éclate de rire et me donne deux trois tirades supplémentaires sur ce changement climatique, comment c'etait avant. 

Ca y est c'est fini. ou presque. Je lui explique l'objectif pour la suite : que lui même puisse faire des interviews de ses voisins et de nous les  amener pour qu'on monte des  programmes radios avec. Et ensuite qu'on le forme lui même à faire de la radio. Il est intéressé mais ne dis rien.A nouveau il ne sait plus parler.

Ce qu'il a pensé de moi, de mes méthodes, de ce qu'il a dit, du projet, il n'en dira rien. Il ne sait pas non plus pourquoi il y a ce changement climatique.  Mais du reste, il peut t'en causer des heures.

Une heure de l'aprem. On part, déjà. On fait un détour par le pont sur le Yata.
On y déguste truite, brochet et autres poissons pêchés le matin même dans la rivière proche.

En repartant, on me raconte que dans cette rivière, l'on voit parfois des dauphins qui remonte le cours. Le Yata se jette dans le Mamoré. Le Mamoré dans le fleuve Itenez qui se jette lui même dans l'Amazone. A quelques milliers de kilomètres, à Bélem. Les compagnons évoquent les souvenirs du forum social qui s'y est déroulé il y a une paire d'années. Ils y étaient, eux, avec ces paysans du fin fond de l’Amazonie. ils étaient aussi à Cochababamba. 

Cochabamba.
 
Cette semaine s’y déroule justement un évènement sans aucune importance. La chaine de télévision Koka TV commence à émettre. Cette chaine est la première télévision communautaire qui existe en Bolivie. Sans subventions étatiques, sans annonceurs. Totalement communautaire.

son slogan : "ne regardes pas la télévision. fais la" 

Le même que celui de Catia Tv à Caracas.

On sourit on pense, on vit.

mercredi 12 mai 2010

Un kamikaze lancé sur l'iceberg

C'en deviendrait presque drôle tellement la chose est absurde.
En gros :  t'es attaché à un type qui te veux du mal en train de faire de l'escalade au bord d'un gouffre. Il se jette dans le vide, tu lui tend la main au risque de le suivre. Une fois hors de danger c'est lui qui te pousse dans le dos vers le fond, en prenant soin de bien d'écraser les doigts au cas où tu aurait l'idée de vouloir remonter. Tu t'en sors. Et le type te rejoue la même scène, mais cette fois en coupant la corde et te laissant comme un gland au dessus du vide. Et tu continues à lui faire confiance. C'est plus de la foi chrétienne ce genre d'attitude, c'est de l'idéologie. Pure.

Soyons clair une bonne fois pour toute : un Etat ne peut pas faire faillite, sauf sous l'unique condition d'une faillite généralisée des Etats entrainant avec elle toutes les banques et les économies. Il semble qu'au delà de toute raison « les marchés financiers » soient prêts à envisager cette hypothèse et à mesurer ce qu'ils gagnent et perdent selon le schéma. Gagner quoi ? Ben le fric évidemment. Oui mais pourquoi tout ce fric ? Mais pour le fric voyons ! Ne cherchez pas la raison, il n'y en a pas. Ce n'est pas la Grèce que l'on sauve, mais les détenteurs de sa dette, qui sont des banques, des fonds de pension, et des hedge funds par exemple, essentiellement à l'étranger, ainsi que d'autres rentiers internationaux dont je n'ai aucune souci quand à la santé physique ou morale. Et le pire c'est que dans le contexte actuel, l'on n'a pas d'autre choix que de les sauver. Ils nous doivent tout et ils ne donnent rien, a contraire.

« les marchés » vont bien réussir en quelques mois à détruire la dernière base (en fait la seule véritable) de cette Union Européenne faillie et défaillante : l'économie. En cherchant à ramener la parité Euro/dollar a 1/1 (leur seul objectif rationnel visible à l'heure actuelle), ils vont réussir à détruire le seul ilot faisant un tant soi peu contrepoids à la suprématie du roi dollar. Tout en sachant très bien que ce dollar est voué à disparaître à terme mais qu'importe. L'épreuve du temps pour les marchés c'est maximum 24 heures.

Une chose qui m'interloque encore plus, c'est que s'endetter de 10% pour aider un autre pays déjà endetté, c'est possible une fois. Mais deux, trois quatre ? Portugal, Espagne, Italie, Royaume Uni, Allemagne et même … France … les mêmes marchés qui s'engraissent sur les dettes des pays un peu mal en point sont les mêmes qui vont prêter l'argent aux autres pays pour sauver ce pays ? Il semble bien que ce soit ainsi que cela fonctionne. Après l'euphorie boursière de lundi, "les marchés" sont à nouveau dans le doute. Même ces imbéciles comprennent aisément que s'endetter pour payer la dette d'un plus endetté, ça ne résout rien. Donc plus de 600 milliards et 10 % de dette supplémentaire pour ... rien. la confiance ne revient pas. elle ne reviendra pas.

Mais au fait, c'est qui « les marchés financiers » ? Une machine ? Une force divine ? Rien du tout ce sont des hommes et des femmes. Si la chose aurait été commise par n'importe qui, l'on parlerait depuis longtemps de terrorisme organisé. Une telle entreprise de destruction de toute construction collective humaine ne peut être autrement appelée.
Et ce terrorisme là est bien plus dangereux que n'importe quel kamikaze alquaidesque car il a des effets violents pour des millions de personnes, et non quelques victimes innocentes.

J'avais déjà des doutes sur la possibilité de chute du système avec la crise de 2008. L'on se rend compte en fait que qu'il étend chaque jour un peu plus son emprise sur ce monde. C'est le coup le plus génial depuis l'invention du néolibéralisme. Ils vont non seulement le réussir et prépare déjà les gains futurs. La Grèce mise sous la coupe du FMI. Réduisant de 30% les salaires et détruisant le système de retraites du pays, il anéantit toute chance d'une reprise économique. Sans reprise, pas de perspective de résorption de la dette. Donc nouvelle crise, nouvelle spéculation, nouvelles coupes …  et c'est une caractéristique fondamentale des marchés financiers : ils n'ont AUCUNE limite.
Ils ne vendraient pas seulement père et mère, ils spéculent déjà sur leur mort prochaine et une fois au cimetière ils feront pression pour augmenter le cours du ver de terre avant de provoquer la chute du marché de l'incinération.

Triste Europe, triste monde occidental, foutu capitalisme.

Pendant ce temps en Bolivie ? C'est la grève générale. Ouais, comme en Grèce, même pire.
Le motif : l'augmentation des salaires. Le gouvernement a annoncé +5% pour 2010
(soit sur 5 ans une hausse de 50% du pouvoir d'achat avec une inflation plutôt contenue)
Plus la mise en place de politiques de gratuité ttale ou partielle : santé, éducation, ...  
Résultat ? Grève générale. Contre la mesure. Professeurs, policiers, médecins, ouvriers, routiers, tout le monde réclame … 15 à 20% d'augmentation. Y compris la Centrale Ouvrière Bolivienne, pourtant soutien ferme du gouvernement.

Grève générale populaire pour obtenir le double d'augmentation de salaires ici.
Journée nationale d'action pour savoir si on recule jusqu'à 62 ou 65 ans l'âge légal de départ à la retraite avec un premier parti « d'opposition » qui laisse « toutes les portes ouvertes ». ca tombe bien, ça nous donne l'occasion de leur donner un bon coup de pied au cul pour les foutre dehors.

Misère de la "civilisation"

Un kamikaze nous a lancé sur un iceberg en détruisant le gouvernail et nous regarde réagir en se marrant prêt à renouveller la chose indéfiniment. Il faudrait peut être arrêter de vouloir sauver le navire et de ne laisser aucune barque pour ces tarés. Que les rats restent et qu'ils crèvent avec lui. Il faut cesser de vouloir pardonner. Ceux qui se livrent à ce genre d'activité sont coupables, exécutants ou mandants, peu importe. Et donc à juger et punir, légalement mais fermement.
En 2012, « on » votera Strauss Kahn, parce que « on » devra faire barrage à Sarkozy et à la droite. Et « on » pourrait peut être même « gagner ». Chouette.
Ce ne seront pas aucun de ceux là qui nous proposeront des débuts de solutions.
Comme la fin définitive de l'indépendance (théorique puisque dépendante aux marchés) de la banque centrale européenne.
Comme la mise à mort des traités de Lisbonne et de Maastricht (déjà récemment bien ébranlé par leurs propres architectes mais temporairement évidemment).
Comme la nationalisation et socialisation du système bancaire.
Comme la taxation à taux conséquent des transactions du capital.
Comme la suppression des subventions aux entreprises
Ca en ferait de l'argent pour le deficit, les retraites, la Sécu, l'emploi, l'éducation ...

« Peuples d'Europe, soulevez-vous » clame-t-on depuis l'Acropole.

La France s'ennuie disait-on en mars 68. pourvu que l'Europe... pourvu que ...
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vendredi 7 mai 2010

Communauté élementaire


Comme un gosse, les yeux grand ouverts, debout, ou plutôt assis sur le porte bagage de cette moto cross, au milieu de la foret amazonienne. Sillonnant des chemins de terre. Soudain, au milieu de la route, cet arbre, el castañero, qui fournit la source de subsistance d'une grande partie des gens ici, la almendra, connue chez nous comme la noix du Brésil. Cet arbre immense et majestueux, l’on le respecte. A tel point que les habitants de la communauté ont refusé qu'on le coupe sous prétexte d'une voie de passage. Alors il l'on défendu et l'arbre et resté, et la route terreuse est passée à côté. Tout simplement.

Comunidad buen futuro. 22 familles, avec une moyenne de 6 personnes dans chacune. Les baraques sont dispersées autour du village, avec en son centre un terrain de foot improvisé. A côté, les hommes au travail, les maçons robustes, qui construisent un nouveau bâtiment. Une église. La première à naitre en ce lieu, construite des mains des membres de la communauté. Les catholiques ne sont pas arrivés jusque là, mais les évangélistes si. La radio émet les crépitements d’une fréquence chrétienne. Ce matin ils écoutaient radio San Miguel, et le programme radio « mi comunidad y el bosque » (ma communauté et la forêt). Accueil chaleureux, nous sommes les bienvenus.

Buen futuro, une des communautés les mieux organisée de la région. Ca signifie quoi ? Par exemple les femmes de la communauté, comme beaucoup sont enceintes ou avec des nouveaux nés, se sont unies pour aller ensemble faire la récolte du riz pour chacune qui ne pouvait pas y aller. La récolte a été bonne cette année. Mais il fallait faire vite. Car il fait toujours plus chaud, on ne peut plus travailler comme avant nous explique Don Faustinio, le porte-parole de la communauté. On se lève à 4h et non plus à 7h. Et il faut récolter plus vite, car la récolte se perd de plus en plus vite. Les pluies se font plus rares, mais toujours plus intenses.

Chaque fois, l’accueil est personnalisé, nominatif, chaleureux, chaque fois l’on s’enquiert de la santé de la mère, du père de la famille, oh mais on l’a pas vu depuis longtemps celui là dans le coin et toi tu viens d’où ? de Finlande ? ah de France ! - et comment ca va les récoltes cette année - il a pas beaucoup plu ces derniers temps non ? Et ainsi commence l’interview pour notre programme traiatnt du changement climatique. Chaque fois notre arrivée est une fête et l’on nous propose de tout, fruits, sucreries, etc … 

Un peu plus loin, Doña Cartagena revient de la cueillette des oranges, elle nous en offre généreusement. On lui achètera aussi une poule pour le déjeuner et puis une collègue fera acquisition de deux petits poussins, pour les élever chez elle à Riberalta.

L’on circule de maison en maison. Doña Elisa donne le sein à son nouveau né. Ses trois gosses jouent. Rient. Un autre groupe de marmots passe, déboulant du ruisseau tout proche avec à la main un cerf volant. Ils gambadent heureux. Un petit singe tente de nous faire la nique en chippant dans nos sacs. Son propriétaire vient le chercher et la ramène dans son logis fermement tenue par la peau des fesses, enfin de la queue. Une minute plus tard, le singe s'échappe à nouveau dehors, et se balance sur les arbres adjacents en riant à gorge déployé de lui même.

C’est l’heure de manger, Doña Elisa a plumé et préparé le repas, on déguste une poule au pot robuste avec du riz, celui qui a été récolté il y quelque jours en communauté. Sous la table se glissent entre nos pieds un caneton, un chat, un bébé perroquet avec une patte cassé, plus tard, l’un des chiens rapplique suivi des poussins. Et tout ce monde coexiste pacifiquement. Comme la communauté.

L’on discute de nouveau avec Don Faustinio, foin de programme radio, cette fois c’est pour une étude sur les normes d’autorégulation communautaire. Où commence l’Etat, où s’arête la communauté. L’on s’enquiert des conflits avec l’institution de la réforme agraire, qui planifie et quadrille, là où dans la communauté l’on consensualise et l’on adapte la politique a la réalité du terrain. Et puis l’on s’informe sur les possibles luttes de pouvoirs internes, la possession, la récolte, mais non, vraiment, il y a une certaine harmonie ici, les problèmes internes sont mineurs et ont trait à la vigueur des récoltes. Tout se décide en assemblée communale, tout le monde assiste, participe, ca débat jusqu’a ce que l’on arrive à un consensus commun. Et ca marche. La communauté vit ainsi depuis des décennies. Elle est pauvre c’est certain, mais elle vit.

L’heure de partir. Déjà. On fait les adieux, les habitants demandent tous : et vous revenez quand ? Me vient un silence gêné. peut être jamais ici aussi. La fraicheur des sous-bois laisse place à la chaleur sur le chemin du retour. 1h de route plus tard et l’on arrive sur la rive du fleuve Béni. Immense, majestueux. Il faut le traverser, comme nous l’avons fait à l’aller,
sur cette embarcation, avec toutes les motos en vrac au milieu de radeau. Traverser une eau bleue, très sombre et profonde qui cache on-ne-sait quoi. Domination quasi totale de la nature, puissante.

Elle est là, partout, et nous sommes minuscules devant elle. 
On ne l’oublie pas. On ne l’oubliera plus.