samedi 24 avril 2010

Interlude : trois textes nordiques

Alors qu'avec la conference mondiale le Sud de la planète accomplit des pas historiques...

alors qu'au Sud avec ma tourista, j'accomplis une inutilité historique.

voila une bonne occasion de ne pas désespérer de notre nord occidental, en lisant trois textes déniché sur http://rezo.net/ le Portail des Copains.

le premier c'est le compte rendu d'une conférence de Jean Bricmont à Montpellier
le texte n'est pas réjouissant du tout mais à le mérite de donner une vision très juste de la situation actuelle en Europe et en France en la restituant dans le contexte historique et social. A noter également la réappropriation de concepts généralement réservés à l'extreme droite dans une optique fondamentalement de gauche..


Le second n'est pas à lire pour celui qui l'écrit mais pour ce dont il est question. L'article est une hagiographie banale en l'honneur de Noam Chomsky, mais il cite des réflexions du type d'une assez haute valeur intrinsèque.


 Enfin le troisième nous vient de l'inénarable Frederic Lordon, éconimiste hérétique, invité d'honneur de chez Mermet et surtout très bon vulgarisateur de ce qui tourne pas rond dans le monde financier et économique. Ses articles sont longs mais ont le mérite de la clarté et de la précision.


Et il devrait être possible qu'une fois ceci lu, l'on ne perde pas tout espoir d'un changement conséquent dans nos contrées nordiques, et qu'un nouvel article de ma plume soit déjà publié sur http://article11.info/ ou ici même sur ce blog.

mercredi 21 avril 2010

Cochabamba 2010 (3) : le jour où l'ONU fut huée

Nous sommes le matin du 20 avril. Il est 9h, la foule se rassemble peu à peu dans le stade de Tiquipaya pour la cérémonie d'ouverture. 24 000 personnes sont présentes.

la foule est là, très latino americaine. Des boliviens en grand nombre, des péruviens en costume traditionnel, mais aussi pas mal de chiliens, argentins, colombiens, equatoriens, bref toute l'Amerique Latine se donne rendez vous. Mais pas que. L'on croise une délégation iranienne avec une femme en tenue "traditionnelle" elle aussi, des sud coréens, de Cap vert, du Zimbabwe, etc ... On apprendra que 1500 personnes ne viendront aps d'Europe en raison du nuage de cendre. Comme si ce sommet devait se faire sans les pays du Nord...

La cérémonie commence apr des rituels de purification et de bénédiction à la Terre Mère, par des indiens aymara. Dans un coin on croise une jeune americaine en train de recevoir une bénédiction, et qui soudain : "stop, les piles de mon appareil photo sont vides ! Vous pouvez attendre une minute" L'indien souris, je regarde partagé entre pathétique et tristesse. je croise un ami bolivien, un autre d'ALBA TV, déjà croisé au Venezuela, sort du cercle de la cérémonie. pas de bonjour, un salut de tête rien de plus, le moment est au recueillement.

la cérémonie s'achève et commencent les discours, d'abord le préfet local, puis des représentants des cinq continents, indiens d'alaska, d'Afrique centrale, d'Oceanie et d'Asie. la question indigène est centrale ici.
Et puis viendra Evo Morales, acclamé par une foule en liesse,
celui ci fera quelques blagues suscitant enfin un quelconque intérêt à la presse occidentale :
"la malbouffe est responsable de la calvitie",
"les poulets aux hormones génèrent des déviances sexuelles".
personne sur place n'y accorde l'importance, ile st comme Evo, il fait des blagues.
Il a aussi lancé le slogan "Planeta o muerte" qui se répand depuis lors comme une trainée de poudre entre les personnes membres, mais ca semble moins toucher les agences de com-presse-ion de l'information.

Et le plus important c'est que juste avant cet "Evo macho", s'etait exprimée la représentante du secrétariat des Nations Unies, venue soutenir l'initiative.

et elle fut sifflée.

pas chahutées comme le raconte l'Agence Francaise Partisane.
Non sifflée, et très amplement.
Et vous vous demandez pourquoi ?

J'en aurais l'explication un peu plus tard dans la journée, à la conférence traitant du tribunal de justice climatique.
Avec présence de Miguel d'Escoto, "diplomate" nicaraguayen, sandiniste, ex président de l'Assemblée générale des nations unies.
et c'est homme s'exprima en ces termes.

« Les Nations Unies sont une fraude, une fraude giganstesque. Elles ne représentent pas les peuples sinon les dirigeants des nations de ce monde. Il ne faut pas réformer l'ONU, il faut la réinventer, avec des principes véritablement démocratiques, et sans avoir peur de s'opposer à la toute puissante volonté des Etats Unis, ils n'ont jamais respecté les décisions de l'ONU et toujours agis contre et en dehors. ».

Nous y voila donc, l'ébauche d'une coopération mondiale sans l'égide des pays occidentaux et des Etats Unis. Voila ce qui pousse les indiens latino americains a siffler la représentante de l'ONU. C'est cet aveu d'échec qui doit être fait, dont le plus grand exemple récent fut la conférence sur le climat de Copenhague, où 25 pays ont décidé en secret dans une nuit d'un document final refusé par les autres pays. Avant que sous pression financière une bonne partie d'entre eux accepte de signer au cours des mois suivants.
Mais Copenhague ce fut avant tout 100 000 personnes manifestant pour une justice climatique.

Ainsi je me retrouve dans une autre réunion traitant des stratégies des mouvements sociaux après Copenhague. Etonnement la présence de personnes des pays du Nord y est beaucoup plus importante. Dans un débat cordial sur savoir si on va ou pas ça mexico, si on aprticipe ou pas aux negociations, intervient soudain une militante des mouvements sociaux indiens du mexique :
"mais enfin, il ne s'agit pas de savoir si on va faire une manif ou pas ! Le changement climatique dans mon pays, il tue, auotidiennement, c-est les famines, sçecheresses et inondations, nos peuples indiens sont en train d'etre exterminés ! Et c'est pareil dans le reste du monde. Ce n'est plus l'heure de faire des marches, il nous faut tous lutter quotidiennement, partout dans le monde. " Les etasuniens présents ont eu de mal à comprendre, avec ou sans traduction ... le débat continuera plus tard dans une autre réunion.

le premier jour de la conférence se conclut. L'issu de celui ci est incertaine. A l'heure actuelle 31 000 personnes sont sur places. et les files d'attente pour obtenir l'accréditation continue encore et toujours. On se dirige selon l'Agence de Franche Propagande vers un "semi echec" sans aucune proposition. Echec pourquoi pas, mais qui marquera sans doute l'Histoire.

mardi 20 avril 2010

Cochabamba 2010 (2) : le sommet se « prépare »

Le deuxième journée commence.



En fait, ce n'est même pas la première journée véritable, le sommet s'ouvrant réellement ce mardi.


Aujourd'hui c'est une journée de travail et de préparation. Devant les dizaines de rendez vous, j'ai du faire une sélections de manière totalement arbitraire.



Ma journée commence donc à la bourre comme prévu, en prenant le premier taxi vers 8h pour se rendre sur les lieux. Les files sont longues mais pas encore totalement saturées. A l'arrivée sur les lieux, on découvre les files gigantesques des nouveaux arrivants pour obtenir la fameuse accréditation, qu'on nargue malicieusement. A l'université, il n'y a pour l'heure pas grand monde. Résultat les activités ne commenceront réellement qu'à 10h30. Début d'une journée riche en découverte.


Démocratie planétaire, utopie concrète ?

 
Le film s'intitule « World vote now », (le monde vote maintenant). C'est un documentaire réalisé par un americano-suisso-anglo-ibérique, un type assez extraordinaire, qui a mené un travail d'investigation pendant 8 ans. En résulte ce film, qui joue le pari de trouver les conditions de possibilité d'un référendum mondial. L'occasion d'une réflexion assez poussée sur le concept de démocratie et ce qu'elle nécessite, passant apr l'Iran, la Chine, la Serbie, les Etats Unis, le Venezuela, .... Et l'on se rend qu'à priori pas grand monde s'y oppose à cette idée de référendum mondial, sinon le manque d'entrain des pays occidentaux. Un film passionnant qui ouvre en beauté ce sommet. C'est aussi ça ce genre de rendez vous, le lieu où l'on peut discuter des conditions de réalisations des utopies. Le documentaire se conclut avec une première étape, soit l'organisation d'un vote sur un jour d'au moins une personne dans les 192 pays de ce monde. Objectif réussi. On fait la photo souvenir et prend les coordonnées du type, la version française est déjà achevée. On en reparlera un de ces jours ...

La journée se poursuit par une conférence du people's movement on climate change » (mouvement des peuples pour la question du changement climatique) qui s'etait déjà fait remarquer à Copenhague comme mouvement social et environnemental. Les intervenants sont un aymara bolivien, une péruvienne, une thaïlandaise et une indonésienne. Le propos des deux premiers est ultra local, émaillé des phrases en langue originaire, parlant de leurs problèmes dans leur communauté face à l'extractivisme minier transnational comme national. Problème, malgré la dimension critique des sujets, c'est d'un ennui mortel. Oui je sais c'est pas gentil mais j'ai eu du mal à lutter contre le sommeil qui m'envahissait. Les interventions suivantes furent beaucoup plus dynamiques et ont rappelé le propos fondamental de ce mouvement : la question environnementale est indissociable de la question sociale. Et que les responsables du changement climatique sont les pays industrialisés, et dans ces pays les classes privilégiés. Au moins c'est clair.


Les divers et surprenants visages de l'écologisme des pays du Sud

Après ces premières aventures, il déjà l'heure de manger un bout, on se retrouve dans un petit restaurant local plein à craquer à attendre patiemment notre plat. Les voisins peu habitués aux horaires boliviens s'en vont presque tous furieux d'attendre tant. Au bout d'une heure, on est servi, cette fois il n'y a plus personne ou presque, on apprend que les cinq personnes qui devaient venir en renfort ne sont tout simplement pas venues.
Pour re-rentrer cette fois, y a foule, les nouveaux venus sont désormais accrédités et des machines à compter les entrées sont installées au portillon bien gardé par la police et les militaires, toujours plus nombreux.


Histoire de digérer, on fait le tour du campus. Je découvre la variété des organisations écologistes qui compose ce monde. Les évidentes et puissantes, la CLOC - via campesina (paysans), la COICA (indigènes latino américains), les Amis de la terre, la plateforme bolivienne pour le changement climatique, les réseaux bolivariens boliviens.


A noter la forte présence des institutions étatiques, presque tous les ministères ont leur stand, y compris celui de la défense. Pourquoi pas.
On trouve également quelques petits bijoux groupusculaires :

le mouvement taoïste international, qui promeut l'anticapitalisme radical par la défense des animau. Ils débarquent d'une mission taoïsite en Equateur.


Alfa et Omega, Pour qui le Christ est le premier révolutionnaire (jusque là ...) mais pour qui le capitalisme c'est le diable, the 666, et la vie éternelle est promise par Dieu à ceux qui souhaitent l'égalité et le communisme. Le souci c'est que leur discours flirte pas vraiment avec Karl Marx et plus avec un mouvement sectaire. Ouais une secte évangélico-communiste, ça existe, et c'est au Pérou.


Un autre stand le PCMLM-ALA c'est pas une secte, m'enfin ça reste le parti communisme marxiste léniniste maoïste bolivien, membre du mouvement bolivarien anti impérialiste. Avec des textes réhabilitants le rôle « libérateurs » des dirigeants russes et chinois de l'époque. Raffraichissant.


Y a aussi les mouvements anti drogues et anti alcool américains, dont les tracts ressemble plus à du teleshopping qu'à de l'info, qui impriment sur du papiers non recyclable.


Et juste en face d'eux, les travailleurs de l'industrie de la coca. Je goutte bonbon, maté, gâteaux, tracts et livres. On ne le dira jamais assez : la coca n'est pas de la cocaïne. Et qu'en plus d'être sacré, c'est extrêmement bon. C'est la raison pour laquelle la nouvelle boisson nationale « Coca Colla » contient des extraits de coca, à la différence du Coca Cola, qui a au passage depuis longtemps racheté la marque nationale Inka Cola. On s'y perdrait.


On croise aussi des végétarianistes argentins qui promeuvent le cannabis comme base d'alimentation saine.


Et plus « fréquentables », des trotskystes argentins faisant signer une pétition pour la défense des prisonniers politiques et contre la répression au Honduras. on retrouve ses repères.

 
Les luttes sociales passéistes contre les « solutions d'avenirs »

Cette fois, je suis en quête de la seule conférence qui suite à une erreur d'impression, n'a pas de lieu attribué. Elle porte sur "médias de communication et changement climatique" avec présence de tout un tas de médias communautaires latino américains. En quête du sésame, je tombe sur un vieux camarade chilien, déjà rencontré au Venezuela, membre du projet ALBA TV, qui me présente ses amis du mouvement des indiens mapuches. L'on m'explique que la tragédie du séisme chilien, a aussi fait tomber les murs sociaux entre voisins, que les gens se parlent à nouveau et que malgré l'élection d'un président de droite dure qui pour l'instant se tient discret, un vrai projet alternatif est en train de renaitre.
Finalement la conférence sur les médias est annulé, l'animateur principal n'étant pas arrivé.


On se dirige alors vers une projection débat sur « Sauver les salines d'Uyuni ». Pour info, Uyuni, c'est le désert de sel bolivien à la frontière avec le Chili, qui renferme en son sous-sol la plus grande réserve au monde de lithium, ce métal si précieux qui va permettre pour nos developpement-durabilistes de faire fonctionner des voitures sans pétrole. Uyuni, c'est avant tout est une terre sacrée pour tous les indiens andins. Le gouvernement bolivien y entreprend un projet d'extraction qui fait l'objet de beaucoup de vague, y compris dans son propre camp.


Dans la salle, on se retrouve à écouter un jeune ingénieur en architecture (maisons de sel ?) un cravateux caricature école de commerce, qui commence à nous parler d'utopie, de vivre mieux etc … certes mais les salines dans tout ca ? Il continue et commence à introduire les théories d'un danois, semble-t-il son gourou, un architecte néo moderne qui projette tel Leonard de Vinci (la comparaison vient de l'étudiant lui même) voit des projets futuristes, des villes circulaires, néo bio écologico moderno high tech, avec train magnétique, Ca nécessite beaucoup d'energie ? Aucun problème, il y a le ... lithium !
Et n'oubliez pas d'acheter le livre qui exlique tout bien comme il faut qu'il nous ajoute.
Quelques personnes commencent à quitter la salle voyant l'escroquerie de plus en plus évidente.

Je reste pour voir comment ça va évoluer, et dans la foulée deux trois membres de l'assistance font des interventions demandant à ce qu'on en passe maintenant au problème d'Uyuni. D'autres dans la salle leur demandent de se taire et de laisser le type terminer son exposition. Le type continue enchanté par cet élan de solidarité inespéré et expose un deuxième projet; cette fois c'est un autre lieu proche de la Paz, où il y a du pétrole et de l'hydrogène, et on nous explique que si l'on extrait pas l'hydrogène, il va se mélanger avec le pétrole et cela fait boum. En gros, il faut extraire tout au plus vite pour sauver l'environnement. Et revoilà des maison en cône, en tubes, en verre, les projets toujours avec un aspects parfaits, tout réglé, normé, à la Star Wars ou presque. J'ai l'impression de voir un mauvais remake du « meilleur des mondes ». Et toujours pas un mot sur Uyuni, sinon que les projets futuristes vont désenclaver la zone, et la permettre d'accéder à la modernité à laquelle tout pauvre bolivien rêve.

Poussé par un coup de sang typiquement français (à moins que ce soit des germes vénézueliens) je prends subitement la parole et dénonce en termes cordiaux à quel point tous ces projets sont bien compatibles avec le système capitaliste qui est pourtant unanimement dénoncé comme responsable principal du changement climatique ici au sommet de Cochabamba. Et qu'il serait temps de parler d'Uyuni et du problème de l'extractivisme pour les populations locales. On me fait taire à mon tour : « laisse le terminer ».


Le type continue son exposé, mêlant hagiographie à peine raélienne pour l'architecte danois, et foi béate en la science et la technologie à la Claude Allegre. Cocktail sympathique. Il explique aussi qu'il ne faut pas aller à la confrontation, insiste sur le respect, ce n'est qu'un exposé, et que le dialogue et le consensus sont la solution, loin de tout débat politique. A ce point je suis convaincu d'une seule chose, le jeune étudiant n'est au mieux qu'un petit soldat néolibéral, au pire, un lobbyiste. Les gens quittent peu à peu les lieux, la salle est maintenant à moitié vide. Le type explique également qu'en substance ceux qui ne comprennent pas le projet sont des attardés incapables d'anticiper toute vision un tant soi peu d'avenir. Dit de manière plus suave évidemment. Découvrant soudain qu'on ne parlera absolument pas des salines, je m'en vais à mon tour.


A la sortie je croise un membre d'une organisation sociale bolivienne bossant sur le problème des salines.
Il me donne une information et pas la moindre : le type qui parle depuis le début est pas vraiment innocent puisqu'il est financé par une entreprise … et quelle entreprise ?
Evidemment.
J'aurais dû m'en douter.
La multinationale SIEMENS !
Productrice entre autres de batteries pour téléphones portables, qui fonctionnent … au lithium !
Evidemment.
La connexion neuronale est violente bien que totalement évidente.


J'en apprends aussi des pas vertes et des bien mûres par une autre militante : Coca Cola a proposé 400 000 dollars à la Bolivie pour être sponsors officiel du sommet de Cochabamba. Morales a failli accepter mais la vigilance populaire l'a conduit à finalement renoncer. Au résultat, le sponsor c'est ENTEL, entreprise de télécommunications récemment nationalisée, qui tient des stands dans tous les coins et tiendra une conférence traitant de l'entreprise nationalisé comme outil d'intégration pour le « bien vivre ». A noter également la présenmce de YPFB, Yacimientos de Bolivia, (gisements) l'entreprise nationalisée du pétrole, elle aussi responsable de nombreuses vagues écologistes dans le pays.


J'apprends aussi que contrairement à ce que je croyais, le bijou de technologie qu'est cette université de science est … une fac privée. Le sourire commercial des étudiantes « recrutées » pour le sommet semble tout de suite un peu plus faux.


Je me fais une petite réflexion : depuis mes expériences avec les « écologistes » au Venezuela, j'ai appris à me méfier comme de la peste verte des « opposants » aux projets de développement des pays du sud, surtout que la majeure partie du temps ce sont des européens, ou des gens qui parlent à la place des autres.


Mais voilà, ici en Bolivie, ce n'est pas la même chose. Là ce sont des boliviens, qui vivent les dégâts climatiques au quotidien et voient leur village contaminés par les rejets des mines.


Ou ce sont les paysans et indigènes dans la forêt amazonienne qui rejette les projets de méga-barrage, parce que c'est d'une part non rentable, uniquement à visée exportatrice, et évidemment désastre écologique. Et effectivement, dans ces cas précis, en bon apprenti révolutionnaire, je me dois de critiquer ce genre de choses.

Chassez l'occidental, il revient au galop

Dépité, m'apprêtant à quitter les lieux, je me rend compte que j'ai oublié ma veste à l'intérieur de la salle de conférence. Peut être l'occasion inespérée de voir un débat à la fin de l'exposé de notre « entrepreneur d'avenir ». Je re-rentre. C'est raté. La salle est désormais trois tiers vide. Et le discours tout aussi vide se poursuit sans grand remous, les agitateurs gauchisants étant déjà partis depuis longtemps. Cette fois c'est de Tiquipaya même, et de sa communauté « écologique » qu'il s'agit. Avec des projets malheureusement déjà réalité de « développement durable » des maisons moitié Matrix, moitié pop-art. A deux pas du sommet, on expérimente les maisons bio-écolo, même si pas vraiment populo-compatibles également puisque les taxistes locaux m'ont déjà expliqué que la zone s'est pas mal embourgeoisée depuis quelques années. Ce qui était une zone paysanne est devenue une zone résidentielle, en dépit des efforts des autorités pour donner un visage « vert » à la zone.


je me faufile au milieu de la « foule » et récupère mon bien juste au moment où la lumière s'allume. En pleine lumière, alors que les monsieurs allaient conclure, j'en profite pour prendre la parole de manière unilatérale expliquant le petit détail qui n'a pas été annoncé au début. Et dans un cri de rage j'invite « cordialement » les messieurs à quitter les lieux, qu'il n'ont rien à faire à conférence. Dans la salle, « tais toi, respecte la parole de celui qui parle, retourne dans ton pays, ici on veut se développer comme l'on le souhaite »


Le type : « je ne vois pas ce que Siemens vient faire là dedans ».


je note qu'il ne dément pas l'accusation.


« Très bien je m'en vais. Mais votre développement ne se fera pas avec Siemens ni aucune autre firme étrangère. Et vous le savez très bien. »


Mon départ tonitruant provoque des applaudissements nourris (en proportion à la faible quantité de gens). Tout le monde sort quelques minutes plus tard la conférence se terminant une bonne fois pour toute, certains s'étonnent encore que l'on ait pas parlé d'Uyuni plus que ça mais restent enchantés par ces perspectives « positives » pour leur pays. En me voyant, on me fait remarquer que ma casquette est la même que celle de Mao Zedong. Je lui explique qu'elle est bolivarienne enfin plus précisemment guévariste. Et un bolivien resté jusqu'au bout me répond « mais tout ça c'est pareil, ce sont des communistes! »

Je retrouve plus loin mes récentes rencontres boliviennes, à qui je conte l'aventure. Elle me félicitent même si m'expliquent qu'il ne restait que les gens convaincus (qu'il faille une nouvelle fois vendre leur pays aux firmes étrangères pour s'en sortir), et que ça ne servait à rien sinon les conforter dans leurs certitudes. Faut avouer que sur ce coup là j'ai pas joué dans la finesse. Menfin pour le coup, c'était un vrai cri du cœur.


Au retour dans le bus, un type du courant taoiste international armé d'un chapeau plus que folklorique prend la parole. Durant … longtemps, vraiment longtemps. C'est de la performance à ce niveau. A certains moment certains au fond du bus converseront de c hoses et d'autres ou riront de dépit. Un autre taoiste embusqué les fait taire, c'est encore une marque d'irrespect.


Le type aura parlé durant tout le voyage, 45 minutes sans s'arrêter, passant par pornographie, femmes, télévision, végétarisme, voiture, bicyclette, capitalisme, médias, Pachamama, terre, lune, ordre céleste, tao, socialisme, travail, tout tout absolument tout y passe. Le discours est juste, frappant là où il faut, remettant en cause chaque aspect de nos vie tranquilles, mais je n'ai jamais été aussi peu convaincu par quelqu'un, c'est totalement inaudible et finalement contreproductif. Et je ne ressens aucune honte de n'en avoir absolument rien à foutre.


Je m'en retourne à mon hôtel pas bon marché après avoir dégusté un hamburger-frites chez le bolivien du coin, et j'ai un goût très très amer dans la bouche.


D'une part parce que je ne pensais pas que les rapaces de l'éco-capitalisme allaient oser venir se montrer ici. Erreur fondamentale, il ne faut jamais sous estimer l'ennemi, en aprticulier sa capacité à franchir toutes les limites de la dignité.


D'autre part parce que je me suis comporté en parfait imbécile occidental venant dans le tiers monde critiquer tout ce qui est essayé et ne pas accepter les coutumes différentes. Exactement le contraire de ce que je tente de faire depuis mon arrivée. Très mal à l'aise.


Et en même temps, j'ai la rage intérieure qui demeure, et le sentiment d'avoir bien fait d'agir ainsi. Et que je sens sincèrement que ces gens dans la salle n'avaient absolument aucune raison de respecter ces personnes, qui étaient peut être même sincères (c'est pire), mais dans tous les cas exécutants ou acteurs, ils contribuent à l'extension du domaine du pillage et de l'exploitation. Et que pachamama ou pas, il n'y a aucune raison de respecter ceux qui viennent te piétiner et ne cherchent qu'à t'exploiter.

 
Je me pose toutes ces questions alors que je vide mon sac :
une trentaine de tracts, 5 bouquins, 4 journaux, sans compter les affiches.


Pas très écologique tout ça.


je regarde le programme du lendemain. Et je sais que je serais évidemment aux premières loges pour applaudir et hurler de joie en voyant Evo Morales et les autres chefs d'Etat et invités célébrer la cérémonie officielle d'ouverture de la conférence.

Tout le monde est prêt. le sommet peut commencer.


lundi 19 avril 2010

Cochabamba 2010 : quelques heures avant le début des amicalités

Nous arrivons sur les coup de 14h. Le voyage s'est bien passé, escales à Guayaramerin, puis Santa Cruz et enfin Cochabamba, l'avion secoue pas mal mais rien de bien « crashant. »
A l'arrivée, on est surpris plutôt surpris par la chaleur ambiante. Cochabamba c'est le climat idéal en Bolivie. Ni le froid andin de la Paz, ni al chaleur étouffante de l'Amazonie. La ville se situe sur une plaine à 2800 mètres, au pied des monts.




En arrivant, l'on comprend de suite qu'il va se passer des choses assez sympathiques ici. Affiches, pancartes. A noter que le sommet est sponsorisé par … ENTEL, genre de France Telecom récemment nationalisé.


Après le check in, on se dirige vers la sortie. Je discerne dans la cohue une guide locale avec une pancarte pour récupérer trois passagers. Leurs noms me sont familiers. Jean Luc Mélenchon vient donc à Cochabamba. Je souris.






On re répartit les bagages et chacun se dirige en direction de son logement. J'y arrive une petite demi heure plus tard, après avoir traversé la ville, très calme en ce dimanche après midi. Elle ressemble pas mal par son aspect au peu que j'ai vu de la Paz, les rues étroites, les marchés en plein, les bruits, les odeurs, l'air. Mais autre temps, autre lieu, ici la ville ne m'apparait pas hostile, au contraire elle est très accueillante. Je m'y sens bien.






Je retrouve à l'hôtel ma colocataire norvégienne arrivée quelques heures plus tôt, celle qui travaille dans des conditions plus que misérables dans une communauté indigène frontalière. L'on a décidé de partager une chambre et les frais de celle-ci. Le lieu est plutôt luxueux et l'on savoure les plaisirs du « luxe » d'avoir un lit confortable et une douche tiède, plaisirs depuis longtemps oublié.






Il est temps d'aller faire un tour à Tiquipaya, le lieu où se déroule le sommet en lui même, situé à une demi heure de route de Cochabamba. C'est parti en taxi collectif, enfin en « trufi » comme ils disent ici. Si la voiture peut accueillir jusqu'à huit personnes, on est généralement dix dedans, sans compter les trois marmots sur les genoux.


L'on arrive à Tiquipaya, un petit bled presque rural, tout calme, un peu paumé au pied des collines.


Des panneaux un peu partout indique l'emplacement des lieux. Première étape : l'accréditation. L'inscription s'est faite auparavant sur le site internet, désormais il faut récupérer le pass d'entrée. Direction le Colisée, un gymnase financé en partie par le Gouvernement Venezuelien, qui sert à la fois de salle d'accréditation et de salle de presse. Mon pass m'est remis par des jeunes de Cap vert alors qu'à côté un espagnol discute avec un argentin.






Je repars en sillonnant les rues étroites et pavées de Tiquipaya direction le centre du sommet : le campus de l'Université des Sciences (UNIVALLE). Sur place, pas mal de policiers, mais pas vraiment agressifs, qui font juste le contrôle des entrées.


4000 ont été mobilisés pour toute la durée du sommet selon les autorités journalistiques.


Une fois à l'intérieur, je me sens comme chez moi, à la fac. Dans l'herbe un peu après l'entrée, les équipes organisatrices font des réunions à n'en plus finir. Plus loin l'on monte les tentes, les scènes et les chapiteaux. Si le sommet en lui même ne commence que mardi, les ateliers de travail débutent dès demain, pas une minute à perdre.


Je visite rapidement les bâtiments, c'est l'université la plus moderne et équipée de Bolivie, et ça se voit. Vitres de verre, ordonné, propre, les participants seront à l'aise.






Je passe dans un des bâtiments, servant de salle de presse nationale comme internationale. Je rencontre quelques étudiants en journalisme de l'université, largement mobilisés pour l'évènement.


J'en apprends un peu plus sur l'organisation. D'un côté il y aura les groupes de travail, avec inscription préalable, réparties en 17 thèmes, sur des sujets précis et pointus. Et de l'autre, les tables rondes plus ouvertes aux sujets plus larges. Au total, il y a déjà plus de 20 000 inscrits, dont 15 800 déjà confirmés. J'en apprends un peu plus au sujet des personnalités présentes.






8 présidents confirmés dont Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa (Equateur), Daniel Ortega (Nicaragua), Fernando Lugo (Paraguay) et bien d'autres non dits pour des raisons de sécurité.


Egalement j'apprends avec joie la présence de prestigieuses personnalités dont les prix nobel de la paix Rigoberta Menchu (Guatemala) ainsi que .. Nelson Mandela. Je frétille de plaisir de pas m'être trompé sur le sens historique de ce sommet.


Également, au niveau people, seront présents Al Gore, James Cameron, et pas mal de stars hollywoodiennes. S'ils viennent c'est qu'ils ont une certaine conscience, et si ça peut faire parler de la chose.






Une fois ces infos en poche, je me dirige direction le deuxième lieu important : hôtel Regina, situé quelques rues plus loin. 5 étoiles. La classe. On est en train là aussi d'y installer les tentes et tout le nécessaire. Je croise sur le chemin un réalisateur anglo-americano-suisso-espagnol qui m'invite à sa projection du lendemain : « World vote now » qui traite de la question de savoir comment est il possible de mettre en place un référendum mondial, et donnant à voir la question de la démocratie au travers du monde. Ce sera un des premiers rendez-vous, à 8h30 le lundi, heure d'ouverture des travaux des commissions. Le sommet lui démarrera officiellement le mardi matin.






Avant de rentrer dans nos hotels en ville, on fait une petite pause à la chicheria du coin où l'on déguste avec grand plaisir notre première chicha morada, (boisson typique au maïs fermenté). Un voisin de table nous enjoint à goutter les autres produits locaux, une sorte d'alcool de raisin sec délicieux, ainsi que du chicharon, des bouts de gras bien grillés. Un moment de pure humanité avec les petits vieux du coin qui voient débarquer des centaines de nationalités dans leur bled.


Je me sépare de mon compagnon retour en ville au milieu des bouchons, il est l'heure d'aller manger un bout. On croise dans le centre deux français au coin d'une rue, déniche le seul restaurant proposant nourriture chinoise, indienne, arabe, péruvienne, brésilienne mais évidemment pas le plat n°1 de Cochabamba : le silpancho. Tant pis, on goûtera un autre jour.


Au retour, on passe par une petite place très animée, j'en apprends un peu plus sur cette guerre de l'eau, grand moment de lutte sociale qui s'est déroulé à l'aube de l'an 2000 .. à Cochabama ! J'apprends aussi que cette Red Tinku défend des idées comme la bicyclette comme moyen de lutte contre le capitalisme. C'est une organisation très importante sur Cochabamba il semble.






Et puis voilà l'heure de préparer la journée suivante. On jette un œil au programme des festivités : toutes les deux heures, pendant 4 jours se dérouleront 15 rendez vous simultanés. Auxquels s'ajoutent les rendez vous non inclus dans le programme, plus les évènements culturels et ceux du village autogéré. Bref, ça risque d'être plutôt pas mal, et très chargé.





Autant prendre des forces. Dormons d'un sommeil confortable et réparateur, avec un grand sourire aux lèvres sachant qu'on va vivre quelque chose d'extraordinaire d'ici peu.


samedi 17 avril 2010

Les nuages de poussières se couchent sous l'horizon révolutionnaire


Vous ne la voyez pas, vous ne la verrez pas. La révolution bolivienne n'est pas visible.
Il y a ici ces chemins, où à la nuit tombée plane un brouillard épais de poussière de terre à cause de la circulation abondante du jour, masquant et tâchant tout paysage aux alentours. Cette poussière, elle ne retombe que quand vient la pluie, la tempête, l'orage la tourmente, ou les rigoles se font torrents et les flaques se transforment en lacs.
Alors devant la force contrainte, l'on distingue effectivement un peu de ce qu'il y a ici,

La révolution bolivienne est un peu à cette image. Ce n'est que quand ça va mal qu'on peut l'apercevoir de nos fenêtres septentrionnales. Guerre de l'eau, 2000, guerre du gaz, 2003, élections puis conspirations, 2005 – 06, séparatisme 2008 et ce n'est pas fini vu comment les loges d'extrême droite et autres délicieux comités civiques repartent à l'assaut.

Sauf que la poussière masque, cache. Et nos yeux occidentaux sont incapable d'entrevoir de la moindre mesure de ce qui se joue ici. Et de mon point de vue délocalisé, ce n'est qu'une lorgnette qui s'ouvre à moi.

Bien sûr, parlons de l'éducation pour tous jusqu'aux indiens Takana ou Chakobo au coeur de la forêt. Bien sûr parlons des briques, des ponts, des routes, des pavés. OU de la nationalisation des ressources naturelles, de la redistribution des richesses.
Et parlons encore plus de ce qui va se jouer du 20 au 22 avril 2010, une date qui fera date sans aucun doute, ou presque, pour les deux tiers de l'humanité.

Voilà toute l'Europe perdue sous un immense nuage de poussière, émanation d'une éruption naturelle, un caprice pachamamien venu de l'Islande, pays déjà turbulé ces derniers temps.
C'est drôle ces coïncidences, tous ces évènements qui ici prennent un sens, un ordonnement, un évidemment, c'est "logique". A l'extrême opposé d'une "logique" de système rationnelle. si tant est qu'un système qui plus il avance, plus il s'autodétruit, peut être considéré comme rationnel.

Finalement à quoi cela servirait-il que je tente de vous en parler ?
Je l'ai fait d'une certaine manière, qui ne me satisfait pas suffisamment, pour le Venezuela, je pense en être pour l'heure incapable pour la Bolivie.

Et quand bien même j'en serais capable, nous, lecteurs, serions nous capables de nous décentrer de notre centre ? De nos désoccidentaliser un instant de notre occidental apostolique romain même plus catholique ? Je ne veux présumer de rien, mais je pense que pour le moment nous en sommes tous incapables.
Moi le premier.

Oh je vous ferais bien un de ces jours un topo sur tout ce qui se fait ici en matière révolutionnaire. Mais comme je le ressens actuellement, cela semble bien peu dire au regard des forces qui jouent ici.
On flirterais presque avec le mystique, qui fait si peur aux laicards athéicistes, les mêmes qui n'ont jamais eu autant de foi pour leur athéisme. Reconnaissons le pour le moins, croire en la révolution est une forme de foi. Ca ne fait pas de nous des odieux curetons ni des je ne sais quelle secte.

Qu'il y ait des conditions historique, un processus de soulèvement populaire gradué arrivant à l'élection d'un indigène au pouvoir, très bien. Mais l'on oublie à chaque fois que la force qui pousse ce soulèvement populaire n'est pas sur-déterminée par je ne sais quelle dialectique historique.

L'on peut (et l'on doit) établir les causes et conséquences d'un processus révolutionnaire au regard de cette outil d'analyse extraordinaire qu'est la lutte des classes, mais le moment révolutionnaire pour sa part n'est pas révolutionnaire pour rien. 
C'est qu'il va au delà de conditions matérielles préalables, qu'elles soient objectives ou subjectives d'ailleurs. On ne parle plus de matérialité, mais d'humanité en mouvement. Autre registre, autre sons, autres sens.

Voilà pourquoi vous et moi ne comprendrons jamais la révolution bolivienne, et la vénézuelienne aussi d'ailleurs, parce qu'elles ne s'expliquent pas. Et le meilleur exemple de cette certitude de l'incertain, je l'ai sous les yeux, moi, qui ne peux croire ce qui m'arrive.
Réel, irréel, magique, concret ? Ces termes se mélangent et forment un corpus nouveau, qui justement ne se théorise pas. Il se vit.
Je pourrais tout aussi bien vous dire que quand je quitte le centre de la ville où je me trouve, je sens au tréfond de moi la puissance immense et écrasante d'une force supérieure. Vous me répondrez que je parle aux arbres, comme un fou, et ce sera d'ailleurs ce que je répondrais une fois rentré.
Inaudible, hors champ.

Je pourrais vous dire aussi que ces mêmes forces extrêmement naturelles, font peu de cas du jeu social que nous jouons quotidiennement, dans nos sociétés. Bas les masques, tous à poil, les humanités dévoilées sans qu'on puisse rien maitriser.
Et vous me répondrez certainement qu'ici aussi je joue un rôle, que c'est aussi une société et qu'elle fonctionne aussi avec ses rôles sociaux.
Et vous aurez parfaitement raison.

Raison ne fait pas révolution.

C'est une chose extrêmement violente pour un esprit cartésien rationnel tel que le mien, de découvrir que le fait révolutionnaire ne se fait pas, ne se déclenche pas seulement en fonction de conditions préalables, mais qu'il se supporte en lui même, sans explications.

Et c'est alors que nos bons révolutionnaires, et je ne suis pas le dernier dans le lot, diront : "Alors quoi ? On arrête tout ? La militance ? Et laisse venir le Grand Soir et en attendant on attend ? Bref, éloge de l'innaction ?"

Ce qui fera une fois de plus la preuve de notre totale stupidité à tenter en vain de comprendre, puisque c'est bien du contraire qu'il s'agit.

Cette action collective, ce mouvement social, cette union qui fait la force, elle est révolution en soi. Par exemple, tant que dans les Assemblées générales mêmes des plus stériles, si au moins un étudiant sort avec une possible remise en question sur ce qu'il croit, alors nous auront provoqué quelque chose de révolutionnaire et il y na justification pour continuer.

A ma gauche on me dira que cela aboutit à la Révolution permanente, chacun son petit bout de mouvement, et là encore c'est erreur.

Car le mouvement qui provoque ce mouvement ne peut être dissocié du mouvement vers lequel il se meut. En somme, on ne peut conscientiser un étudiant dans une AG si l'objectif ultime de notre mouvement n'est pas d'aboutir à un changement des fondements institutionnels qui régisse notre société.

Oh je n'invente rien, ça a été dit et redis par les uns ou les autres et ça fait un bout de temps que j'en suis convaincu. En revanche ce qui est nouveau pour moi c'est à quel point ce mouvement là, cette tension collective vers ce changement fondateur, est mystique. Plus qu'une croyance, c'est une expérience de vie.

J'en viens du coup à élaborer des théories vaseuses. 

Comme quoi la chute du mur de Berlin n'a été en rien la chute de l'idéologie soviétisante, qui s'est fondue à merveille dans le néolibéralisme financier et sécuritaire. le fonctionnement d'un fond de pension ou autre banque d'investissement à plus à voir avec le stalinisme que n'importe quel parti communiste contemporain.
En revanche, par cet effondrement, quelque chose d'autres a été détruit pour une moitié de l'humanité, la faute aux acteurs du pourrissement de longue date du processus originel, mais aussi à ceux qui ont toujours lutté contre ce dessein originel.
Et c'est cette mystique que nous avons pour tache de reconstruire aujourd'hui.
Le propos vous dérange ? Je serais en train de faire l'éloge d'un totalitarisme ? 
Je justifie et excuse l'horreur la plus noire ?

faites tomber les grilles.

L'excuse perpétue le jugement de valeur, le bien ou le mal
. « On » aurait mal fait ? Mais réalisons d'abord que nous n'existions tout simplement pas alors ? Ce ne sont pas d'excuse qu'il faut aujourd'hui, poour personne.
Assez de condescendance, même après avoir commis tout ce que nous avons commis, l'on continue à juger à l'aune du bien ou du mal nos actions.
en revanche, oui, reconnaissance.

En premier lieu celle que JAMAIS la révolution industrielle qui nous a mené à devenir des pays dits développés, absolument JAMAIS n'aurait été possible sans l'accumulation préalable de capital, issu du pillage systématique de l'ensemble des ressources dans le monde entier, à commencer par les filons d'argent sans fins des mines de Potosi, et tout le reste de ce continent dont les veines ouvertes ne se refermeront sûrement jamais. Et ce pillage humain, cette destruction destructrice, de l'Afrique, des autres cultures, pillées, esclavagisées et massacrées jusqu'à la dernière goutte.
Cela ets prouvé, re prouvé et fait partie de notre Histoire.
Notre richesse n'est que la conséquence de leur exploitation.
Nous ne sommes pas des coupables, mais notre civilisation est responsable.
C'est la première chose que nous devons reconnaître.
Avec son corolaire : le système capitaliste actuel est génocidaire.
c'est un fait mainte fois démontré, par le passé en encore le présent.
Et ce n'est pas le million de morts d'Irak qui m'en donnera tort (oui un million, soit le chiffre des organisations indépendantes, puisque le chiffee officiel est celui de l'armée américaine .. vous ne saviez pas ?)

Je glisse sur des terrains glissants ? Sauf que les nuages de poussières ne glisse pas. La terre on la sent bien, on l'a tant autour de soi pour bien garder les pieds bien ancrés, bien plus que dans notre modernité flottante.

Et nous devons maintenant reconnaître que ce sont ces mêmes populations que nous avons si longtemps soumises, qui aujourd'hui; au travers de siècles de luttes, dessinent la nouvelle voie pour l'avenir du monde et de l'Humanité. Et sauf changement de dernière minute, cela se fait et se fera sans nous.

Il faut en commencer par là pour saisir ce que peut être le mouvement révolutionnaire en cours ici. Commencer par révolutionner notre vision de nous mêmes comme pays développés, occidents, là où nous avons des siècles de retard dans notre mystique sur le reste du monde.

Et se révolutionner soi même. Une fois à nu, l'on découvre ses contradictions les plus profondes qui font mal. Et c'est bien cela le problème majeur pour nos étroits esprits égotistes : a quoi bon faire la révolution si elle ne m'apporte pas "Mon" bonheur sur terre ?

Et tout ça il faut le mener de front, et collectivement.
Et c'est extrêmement difficile mais c'est une nécessité impérieuse.
Et quand des gens qui ont a peine de quoi manger une fois apr jour mènent depuis leur naissance jusqu'à leur mort cette lutte, on peut se questionner sur nous mêmes.

Ces 20 au 22 avril 2010 va se dérouler une rencontre entre 15 000 personnes, membres d'organisations sociales du monde entier, de plus de 111 pays, qui vont collectivement décider de la manière dont ils s'accordent pour trouver des solutions à la faillite prochaine de la civilisation humaine devant la destruction environnementale.
Cette conférence mondiale des peuples pour le climat ne tiendra peut être pas toutes ses promesses, et l'hypothèse est possible qu'a posteriori l'on dise que ce fut un échec.
L'échec de quoi, l'échec pour qui ? Pour quoi ?

Lexistence même de cette conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre Mère, est en soi une réussite. Tout ce qui en sortira ne pourra être qu'un pas de plus vers des jours meilleurs.

J'y serais et vous transmettrais comme je le pourrais au cours des jours prochain la quotidiannité d'un tel évènement.
si tant est que ce soit possible. Enfin le possible désormais ... vous savez ....

mercredi 14 avril 2010

NPA au CMPCC


http://cmpcc.files.wordpress.com/2010/04/logo-oficial-cmpp.jpg?w=489&h=244
C'est peu dire qu'il est difficile pour vous, chers amis qui me liser d'Europe, d'obtenir des informations sur ce qui va se passer à Cochabamba du 19 au 22 avril prochain.
C'est peu dire également que le sujet ne fait pas vraiment la une des journaux.

Ce qui me semble néanmoins le plus étonnant c'est l'absence totale d'implication de nos supers politiques francais sur ce theme.
Evidemment la droite comme le PS, ce n'est même plus la peine d'y compter.
Mais le plus suprenant est l'atonie totale des groupes "ecologistes".
De Cohnm Bendit, à Hulot, aux Verts, rien niet que dalle.
Et la preuve evidente est leur site web.

Ultra moderne, "participatif" avec twitter et facebook dans tous les coins, on sent la new technolgy touch. ET la no-politic touch aussi.
En une, le fameux appel de cohn bendit du 22 mars. Dont tout le monde s'en fout un peu quand même.
On cherche on cherche, pas grand fond faut dire,

non, etrangement rien. Le premier parti ecologiste de France ne dit pas un mot.
On cherche ailleurs quelconque déclaration, blog de soutien ? rien niet peau de balle,

il faut aller sur les sites d'informations alternatifs, Basta Mag, Primitivi pour commencer à trouver des informations dignes d'intérêt.


Et puis, par acquis de conscience, je jette un oeil chez le Nouveau Parti Anticapitaliste
Et là, surprise, celui dont les zecologistes disent qu'il n'a pas renoncé au productivisme, qu'il a oublié l'ecologie, sur la page d'accueil, bien présente :

Déclaration du NPA sur la Conférence de Cochabamba

15 000 personnes, 500 delegations y compris gouvernementales et de l'ONU de plus de 100 pays ainsi que de nombreuses personnalités (Naomi Klein, Eduardo Galleano, ainsi que que Noam Chomsky qui a apporté son soutien actif mais ne sera pas présent). Avec les objectifs et ce ne sont pas les moindres d'etablir :

les causes structurelles du changement climatique
une déclaration universelle des droits de la Terre Mère.
un référendum mondial sur le changement climatique.
un tribunal international du climat.

Ce qui se jouera à Cochabamba est utopiste, ambitieux, irrealiste et c'est bien pour ca que ca revêt une très haute importance. C'est pas tous les jours Porto Allegre.

Le reste les camarades l'expliquent très bien eux mêmes.

Déclaration du NPA sur la Conférence de Cochabamba


cocha.jpg

Le NPA apporte son soutien à la «Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la ‘Terre-Mère’» qui se tiendra à Cochabamba du 19 au 22 avril 2010. Ce soutien est motivé notamment par les considérations suivantes :

1. A Copenhague en décembre, le NPA a constaté que la délégation de la Bolivie a été à peu près la seule qui a noué dès le premier jour de la conférence des liens avec les mouvements sociaux. Cette délégation a été l’une des seules à participer à la fois au forum alternatif Klimaforum et à la conférence de l’ONU. Elle a contribué avec les mouvements sociaux et les milliers de jeunes venus à Copenhague à l’organisation et au succès de la manifestation de Reclaim Power et à la popularisation du mot d’ordre unificateur «System change, not climate change!», «Changeons le Système ! Pas le Climat !».
Le dernier jour de la conférence de Copenhague, peu de chefs d’Etat ou de gouvernement se sont ouvertement opposés au texte présenté par les Etats-Unis, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud. Parmi ceux-ci il y a eu Evo Morales qui a condamné dans des termes particulièrement ferme l'accord présenté tant sur la forme – un texte discuté en petit comité sans respecter le processus de travail des Nations-Unies – que sur le fond : un texte en retrait au regard des recommandations du GIEC, sans aucun engagement contraignant et sans garantie de financement pour les pays les plus pauvres.

2. Le gouvernement bolivien a lancé une invitation qui faite sans condition ou exclusive. Elle s’adresse à la fois aux gouvernements qui se reconnaitraient dans les termes de l’appel à la conférence, aux organisations onusiennes et aux autres institutions internationales, aux scientifiques et à l’ensemble des mouvements sociaux et des ONGs. Le but sera de travailler à un texte qui ferait état des points de consensus et des questions qui resteront en débat.
La conférence aura deux autres objectifs : discuter la possibilité d'un "référendum mondial" sur les objectifs à se fixer pour lutter contre le changement de climat, et voir s'il est envisageable de pérenniser après Cochabamba un mouvement ou un réseau proprement mondial, ce n’est pas le cas actuellement. La conférence de Cochabamba représente l’occasion de commencer à créer un rapport de force avant la nouvelle session de la conférence de l’ONU en décembre au Mexique.On sait d’ores et déjà que l’impérialisme est bien décidé à organiser à Mexico ou à Cancun une répression policière et militaire brutale à côté de laquelle Copenhague aura été une partie de plaisir.

3. Ce sont les peuples indiens des Andes et de l’Amazonie qui, à cette étape, ont lié le plus étroitement la question climatique et la question sociale, entendue comme question touchant les conditions de reproduction sociale des peuples comme des classes sociales. Depuis une dizaine d’année, ils ont redonné à la lutte anti-impérialiste et à la question nationale un vrai contenu social. Les organisations paysannes de l’Altiplano ont contribué aux côtés du Mouvement des Sans Terre (MST) brésilien à donner une force particulière à la coalition Via Campesina en Amérique latine. La présence à Cochabamba de ces organisations comme d’un nombre important de mouvements représentatifs des combats contre les compagnies pétrolières et les sociétés minières en Bolivie, au Pérou, en Equateur, sera une garantie du contenu anti-impérialiste de la conférence qui est convoquée. Le NPA y attache une valeur particulière.

4. Le NPA souligne la portée du choix de tenir la conférence à Cochabamba. C’est là qu’il y a eu en 2000 un très important mouvement social victorieux contre le groupe industriel-financier étatsunien Betchel sur la question de la privatisation de l’eau. La victoire a été arrachée par un front très large de syndicats, de comités de quartiers et d’associations réunies au sein de La coordinadora del agua et de la vida. Cette lutte a servi d’exemple aux combats sur la question de l’eau dans de grandes villes du Pérou comme en Bolivie, notamment à El Alto contre la filiale de Lyonnaise des Eaux- Suez. C’est donc dans une ville symbole de la lutte anti-impérialiste et d’un vaste mouvement social contrôlé par celles et ceux qui l’ont mené que nous nous réunirons en avril.

A Cochabamba, le NPA défendra les positions suivantes :
  1. - Pour un accord international sur le climat contraignant, qui oblige les grands pays industrialisés – les grands responsables du réchauffement global - de réduire d’au moins 40% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020. Cette décision aurait un effet d’entrainement sur l’ensemble des économies de la planète. A partir d’une telle décision, les grands pays émergents (Chine, Brésile, Inde, etc.) pourront à leur tour s’engager dans des politiques de réduction massive de leurs émissions de gaz à effet de serre.
  2. - Pour la création d’un fond international d’aide aux pays victimes de la crise climatique et qui permettent aux pays en développement d’accéder plus facilement à des technologies économes en carbone, dont les fonds seront abondés par les pays les plus riches et la gestion confiée aux pays concernés
  3. La taxation des profits des grandes multinationales, et en premier lieu les plus polluantes, ainsi que celle des transactions financières permettront des budgets suffisamment importants pour ce fonds.
  4. - Contre la privatisation et marchandisation des biens communs : l’eau, la terre, les forêts, les rivières, les ressources naturelles doivent être arrachés aux griffes de multinationales et des profiteurs capitalistes. Elles appartiennent aux peuples, qui seuls pourront les gérer dans le respect de la nature et des équilibres écologiques.
  5. - Pour l’expropriation et nationalisation des grandes compagnies productrices d’énergie - pétrole, charbon, etc. - pour soumettre au contrôle public la réduction des leurs activités émettrices de gaz à effet de serre, et pour que leurs profits servent au développement des énergies alternatives.
Nous faisons l’analyse que le capitalisme est le grand responsable de la catastrophe écologique qui nous menace. Pour préparer une rupture coordonnée avec ce système, nous proposons de travailler ensemble à la convergence des luttes écologiques, des luttes sociales et des luttes anti-impérialistes.
Les luttes pour la justice climatique doivent dessiner les alternatives au capitalisme et au productivisme, pour conduire à un autre modèle de civilisation, à des révolutions profondes de nos modes de production et de consommation. Ce socialisme écologiste, cette nouvelle société, solidaire et capable de vivre en harmonie avec la nature, sont les sources d’un projet d’émancipation humaine pour le XXIème siècle.

lundi 12 avril 2010

Comme un lundi

Paraitrait qu'un blog ca ne sert pas a decrire les sentiments qui t'habitent, ni les experiences revolutionnaires de par le monde. parait que je aprle beaucoup de politique. Alors qu'un blog ca sert à raconter sa vie. Et comme je suis d'un conformisme évident, il est temps de compenser la surdose anti bloguesque.

raison pour laquelle ce billet n'a aucune portée informative sinon de quotidiannité, et surtout, SURTOUT aucune portée politique, tout élément du se rapportant a la chose sera censuré de manière CENSURE
Je promets pas de réussir mais bon autant essayer.


Donc nous voila le matin. hier c'etait la fete avec des CENSURE du CENSURE et le nouveau CENSURE de Riberalta. On a bu des breuvages douteux qui sur le coup avaient plus d'impact sur ma gatro-nomique que n'importe quelle diete. A vous faire regretter de pas être plus soiffard.
Evidemment au matin c'est pas vraiment la fête.

Reveil cahoteux, sur les cris des coqs desacordés, qui chantent le clairon a minuit, une heure, deux heures, trois heures, suivant leur positionnement geographique autour de la maison. Avec souvent l'accompagnement des chiens du quartier, qui s'en donnent à coeur joie de leur coeur joyeux d'aboiements a qui le mieux.

reveil donc matinal. Comme d'acoutumée, je me lève un brin de "toilette" avec l'eau qui te salit quand tu te lave, soit celle du robinet. Et direction le boulot à moitié endormi, après avoir hélé le premier taxi venu.
Arrivé au boulot, je démarre l'ordinateur et me rend compte que je suis arrivé une heure en avance.
J'vais en profiter pour faire enfin des réponses aux mails qu'on m'a envoyé.
Oui mais internet ne fonctionne pas.
Que ce soit en sans fil ou sur l'ordinateur en filaire, nada.

Bon pas de bol, directement au travail, et je rélise comme chaque jour que j'ai un retard monstre malgré mes horaires 8h du matin 20h le soir, non rémunérés ce qui est bien logique vu que je suis volontaire.
Rtetard signifiant que je dois avant le lendemain matin terminer les deux programmes de la semaine qui devraient etre terminés depuis deux semaines déjà, sauf que non, pour cause de CENSURE en diverses CENSURE et autre CENSURE faites à l'insu de mon plein gré.

On est parti pour de l'édition audio pendant 4h non stop. Consistant a ecouter et regarder assis sur une chaise, devant un ecran qui scintille mal, du fait de sa mauvaise qualité, des sortes de traits représentant une onde vocale. Le but, faire que l'onde sonne bien à l'ouïe. C'est pas gagné, surtout que les coupes doivent être les plus précises possibles afin de ne pas donner l'impression à l'auditeur qu'on a coupé au montage.
Je me fais la haute réflexion audiosophiste : mais qu'est ce qu'il en a à foutre le paysan dans sa communauté qu'il manque un microieme de seconde sachant qu'il ecoute sur un poste tout pourri et qu'il discute surement avec son voisin, le salaud !
Et puis je me calme, me rappelle que je suis un bon travailleur, perfectionniste et CENSURE et que la cohérence de mes actions n'a aucune raison d'avoir quelconque justification puisque que je n'ai pas le contexte CENSURE qui permettrait de justifier quelle que soit de mes actions.

Edition, tout va bien, je commence à saturer mais le programme est presque fini. CRAC !
la coupure de courant ! ca faisant longtemps. vendredi dernier en fait. Je n'ai evidemment pas sauvegardé.
Celle la c'est la plus perverse, elle dure un microieme de seconde, la lus violente pour les appareils electriques et qui reinitialise tout le systeme. Genre, ahaha j'tai bien eu.
Bon du coup maintenant internet marche. je prend une pause mal méritée.
Je vais enfinpublier ce billet écrit il y a deux jours. Sauf que ... comme je l'ai soupconné pas plus tard que la veille, ma clé usb a lâchement grillé, avec le fichier dedans. Oui les clé usb grillent aussi. C'etait donc ca que je devais faire à la première heure ce lundi. Bon c'est midi, je feuillette le CENSURE pour apprendre qu'on ne sait toujours rien sur les CENSURE pour lesquelles on a maintenant les CENSURE. Menfin c'est celles du CENSURE donc on DIT que c'est des CENSURE et pas des CENSURE. Vous comprenez ?

MANGER !
le repas de midi est en famille, avec autour de la table l'amie qui me loge, avec ses deux filles Ninosca (20 ans) et Wendy (23 ans). Wendy est enceinte et son caractère devient de moins en plus desagréable. On al pardonne. Ninosca a dejà une gosse, Genesis, une paire de dizaine de mois. Qui mange comme une anorexique, ou comme un porcinet, suivant les jours. Un bébé quoi. Avec nous se joignent El Mosso, comme ca qu'on l'appelle, le frère des deux soeurs, qui a développé un fort sentiment d'associabilité depuis la mort du père et qui passe entre autre ses journées devant l'ordinateur ou la télé, selon l'humeur sociable ou non.
Et Haiko, la nièce, d'origine japonaise, et trisomique ce qui bride (ahah) un peu ses capacités, accueillie apr sa tante. Enfin si j'ai bien compris.
je signale au passage que je suis dans la maison le plus monomaniaque du côté du ménage, la vaisselle, ce qui choque même quelques peu mes congénères feminines, largement majoritaire et ce qui remet en cause toute CENSURE de la CENSURE de CENSURE assigné dans la famille traditionnelle. Merci les CENSURE de CENSURE.

Retour au boulot. Enfin non, avant je passe acheter une nouvelle clé usb vu que je sais pertinemment que c'est pas réparable, ayant déjà expérimenté les savoirs immenses des ingénieurs informaticiens locaux avec ce qui a constitué 48h mon téléphone portable local, avant de rendre l'âme, réellement trempé et noyé .. à cause de la sueur dans ma poche de pantalon. LOL !

Donc nouvelle clé usb. le vendeur est un andin, donc un fainéant de pingre. Va falloir jouer serré. il propose 13 euros les 2Go. je negocie jusqu'a tomber a 10. Il l'a evidemment acheté à 3€ ou moins.
Tout fier de m'etre fait gentiment arnaquer je retourne au travail.
A peine le temps de finaliser les deux programmes de la semaine qu'on me requiert pour aller faire un enregistrement vidéo.
Alors cette fois c'est une réunion plénière des differentes centrales syndicales dont la FSUTCRVD (federation syndicale unie des travailleurs paysans de la region Vaca Diez) et autre acronymes locaux aux sonnorités charmantes. On enr egretterais presque la CENSURE.
Bien sûr il n'y a pas de cassette video vierge, et la batterie n'est pas chargé.
Et evidemment le seul magasin qui a la cassette adaptée est fermé.
A l'autre bout de la ville après une demi heure de crapahutage en taxi, je trouve finalement le meme produit pour le double du prix. Je rappelle que je suis européen, ca aurait pu etre le triple.
Et enfin j'arrive dans les locaux de la Federation.
L'avantage ici comme au Venezuela c'est que meme avec une demi heure de retard tu es toujours en avance.
Le sujet du jour : les ateliers de travail en vue du sommet de Cochabamba.
droits de la Terre Mère, gestion integrale des forets, droits indigenes et paysans. Les sujets sont larges.
C'est pasisonnant mais pas simple a tourner avec un trepied dont la vertu principale est de provoquer plus de remous à l'image qu'avec la main nue.
D'autant que la cassette sur laquelle il est indiqué 120 minutes ne dure sur ma camera que 60. haute qualité evidemment.
Donc a peine le temps de saisir les quelques propos intéressants qu'il faut retourner chercher une cassette repayer le double, refaire la facture pour le compte de l'institut. (IPHAE)
Et de retour pour filmer la deuxième partie : cette fois le sujet est encore plus CENSURE. la creation de la loi speciale pour le nord Amazonien.Je vous en dis pas plus sinon je vais etre CENSURE par

Toujours est il que je ne sais pas si vous avez déjà assisté à ce genre de chose, mais écouter des paysans débattre d'un projet de loi pour changer leur vie, ca a beauetre CENSURE, ca n'en reste aps moins d'un ennui profond.
resultat, je sors de ma torpeur sur les coups de 7h du soir, après avoir terminé ma seconde cassette. Et je m'apprête a aller délibrer la bonne parole de mes programmes radio à la radio non susdite.
Sauf qu'evidemment c'est fermé. Je dois passer donc demain avant 8h du matin pour leur délivrer le programme qui sera diffusé .. à 8h du matin!

Hors de question egalement d'aller délivrer ce soir le disque de photos de la campagne au dirigeant du MAS qui m'a pris sur sa moto le jour de la grande caravane et a qui j'ai promis de lui amener son indû depuis trois semaines. Faut dire que mon graveur était en panne ... la chaleur cette fois.

Je rentre donc à l'IPHAE, en pleine nuit, chargé de caméra, trépied, cassettes et CD sous une poussière horrible, vu qu'il n'a pas plu depuis deux jours. Ainsi est l'Amazonie.
J'arrive à IPHAE. Fermé, evidemment. Il est 8h.
C'est le gardien qui m'ouvre finalement, à moitié à poil, sortant de sa douche.
Extrêmement sympa, il s'est habitué à me voir arriver ou partir à des horaires pas possibles. Ses chiens non.
Je rentre et constate que mes gentils camarades sont passés faire des enregistrements. Et que DONC demain je serais en mesure si j'ai le temps de m'occuper de l'édition de ce second programme courtement intitulé : "Pour un environnement sain et une ville propre" consacré à la douce question des ordures. Pas une mince affaire, la première chose étant l'absence même de poubelles publiques dans les rues.mais chut la CENSURE guette.


Je quitte enfin l'IPHAE débarrassé de mes poids electroniques. J'ai pas fait la moitié des choses que je devais faire aujourd'hui pour en atteindre le tiers mais tant pis, ainsi va l'Amazonie. Je passe par le cybercafe du dimanche où alors que je notais des informations importantes l'ordinateur m'a subitement lâché dans un flash mémorable et a flingué au passage ma clé usb. Ni eau, ni chaleur, juste une infection virale. SAchant que les virus ici sur un ordinateur se comptent par dizaines au minimum. L'autre jour j'en ai sorti deux cents soixante dix huit sur une seule clé usb. Pas analysée depuis son achat. LOL.
Evidemment l'ordinateur n'est pas réparé et je ne peux donc aps récupérer cet important document

Je quitte le cyber et vais me planter au restaurant. Je regarde les infos. CENSURE est méchant. Ah ? pour unme fois une "nouvelle", les CENSURE de Santa Cruz lancent leur stratégie post CENSURE : Grève, manifestation et CENSURE revocatoire du CENSURE CENSURE
CENSURE il y a trois mois je rappelle avec 65% des CENSURE.

Je mange, je m'arrète à la moitié alors que se rappelle à mon bon déplaisir mon bidounet, et deale la partie restante avec les trois gosses laveur de chaussure, en echange de ma non-charité. Autant qu'ils mangent puisque de toute facon c'est jetté ensuite.

Enfin, lessivé, je viens m'écrouler devant l'écran de l'ordinateur de l'autre cybercafe voisin, afin de vous conter cette journéenormale, un pil plus pourrie que d'habitude, comme un lundi.

A 9h arrive la norvegienne, celle dont je vous avait parlé à une occasion, qui bosse avec les indigènes dans une communauté, l'amie de l'écrivain célèbre.
Elle va aller à Cochabamba et me propose de faire logement commun.
Ouf ca y est, je suis à nouveau en Bolivie.
La nuit sera tranquille, malgrés les chiens qui aboient, les motos qui passent, les coqs qui jacassent.


comme un lundi (La Chanson du Dimanche s01e04)

Super Mario et le prophète

Vous connaissez tous Super Mario ? Mais si ! Le jeu vidéo, de Nintendo, le petit bonhomme à moustache, avec ses habits rouges et bleus, plombier à temps partiel. Mais qui passe son temps à parcourir le monde pour sauver des princesses des méchants. Ah, Mario, celui qui fait disparaître ses ennemis en sautant dessus et qui grossit quand il mange des champignons ! Et qui en vil capitaliste collectionne les pièces jaunes ! Toutes nos enfances, non ?

Ce soir vous allez apprendre deux choses essentielles :
Premièrement : Dans le jeu Super Mario 64 sur la Nintendo 64 (original, non?), dans le niveau du désert, il existe un petit singe qui se planque derrière les dunes pour chiper le chapeau de Mario. Et vous savez quoi ? Ben quand Mario il a plus son chapeau, il perd ses pouvoirs supermarioesques !

Deuxièmement : il m'est arrivé peu ou prou la même chose que Mario.


Car j'ai perdu ma casquette.
Celle que j'avais achetée au Venezuela, le jour de la grande manifestation du 23 janvier.
Verte foncée, genre une casquette de guerillero. Avec l'étoile rouge qui fait genre et tout,
Probablement cousue par des enfants esclaves dans des ateliers de la honte, made in china.
Bref un joli souvenir. Précieux.
Et je l'ai perdue, enfin je sais où elle est … écoutez plutôt.

Tout commence par cette journée normale à cela près que je me rend compte que demain expire mon visa en Bolivie. Je dois donc aller dans la ville frontalière la plus proche, me rendre au Brésil, suivre les démarches là bas et par je ne sais quel artifice officieux administrativo-légal revenir en Bolivie et refaire tamponner le passeport pour le temps restant.

Me voilà partit de bonne heure ce samedi, direction la gare routière de Riberalta, qu'on appelle ici le Terminal. D'où l'on peut également partir. Drôle. Terminal à la fois pour les bus (flota) et taxis collectifs. Vu que le prochain bus est 5 heures plus tard, je choisis le taxi collectif, 4 passagers, 4€ par personne.
Alors que l'on attends un éventuel quatrième passager, arrive à toute bourre une voiture cabossée, pare brise fissuré de partout, pare choc moitié défoncé.
L'homme qui en sort est plus une masse de graisse que de muscle, il se met à engueuler violemment un de ses collègues avant de faire deux trois blagues graveleuses. Puis il me propose de m'emmener seul pour le double du prix (au lieu du quadruple normalement puisque je suis seul, vous suivez ?). Etant donné les horaires des officines migratoires et l'état plutôt confortable de mes finances, je me lance dans l'aventure.

Et c'est parti direction Guayaramerin, à une heure et demi de route. Je dis route, c'est en fait chemin de terre en état plus ou moins potable et où l'on roule à plus de 90 à l'heure, circulant entre les énormes nuages de poussières émis par les camions lancés dans leur course folle. La voie est heureusement plutôt large et assez rectiligne mais ce n'est pas non plus une promenade de santé. 



Le type énervé est maintenant un peu plus calme, je tape la causette. On fait les présentations.
Il s'appelle Moise. (prononcer Moïssé)

La « discussion » plus ample s'ouvre en passant devant le camp des militaires forestiers par un « ils ne servent à rien ces militaires » engageant. Reprenant au vol cette saillie, on commence à parler plus ou moins politique, soit que je pose les question et lui il répond, à sa manière.
J'apprends donc pour commencer que les militaires ne servent à rien. Ce qui en soi ne me choque pas vraiment. M'enfin là c'est surtout que « c'est notre argent du contribuable qui les paye à rien foutre ». Il commence à bien me plaire ce type. Ensuite, on se découvrira qu'ici comme en France, le gouvernement ne fais rien pour les gens. Je questionne sur les résultats spectaculaires de Morales aux élections : « S'il est si populaire c'est parce qu'il est élu par ces indigènes, qui comprennent rien. D'ailleurs tous ces gens de l'Ouest, de l'altiplano, les coyas, c'est tous des fainéants. La preuve ! ici il y a tant de terres cultivables et personne ne vient rien cultiver, tous des faignants ».
Quand à Evo Morales : « celui là, il veut tous nous mettre en prison
Et il conclut sur une espérance positive : « il faut le tuer, « ils » vont le tuer un de ces jours et enfin ce sera bon débarras, on sera à nouveau dans un pays libre ».
(je ne lui ai pas dis, mais pour l'instant sont prévus pour la prison les fraudeurs électoraux, ceux qui ont fait des tentatives de coup d'Etat et les corrompus, oui ça fait quand même du monde)

Le calme revient soudain, alors que nous croisons un autre taxiste, tombé en rade sur le bord du chemin. Mon chauffeur s'arrête propose de les prendre dans notre taxi le reste du chemin. Entrent donc sur la baquette arrière papy, mamie, maman papa et deux moufflards. Ça rentre, malgré l'exigüité de la voiture. Moïses est enchanté par cette opportunité d'aider son prochain, euh pardon, de se faire plus de pognon. On terminera le voyage sans un mot les nouveaux passagers ayant des têtes un poil plus indigènes que la mienne, et vous savez bien comment ces gens savent limiter violemment la liberté d'expression des citoyens ordinaires.
Bon « chrétien », Moise ne leur fera payer que le prix pour la moitié du trajet.

J'arrive à l'embarcadère de Guayaramerin, et j'embarque lorsque je me rend compte que …
J'ai oublié ma casquette dans la voiture.
COÑO MADRE DE MIERDA comme on dit dans le dialecte poétique du Venezuela.
Je ne peux plus faire demi tour, au milieu du fleuve, dans une minute au Brésil. Je dois : foncer à l'office d'immigration, prendre quelques photos made in brasil, parce que bon hein! puis revenir au port, prendre le bateau dans l'autre sens, passer à l'officine d'immigration bolivien et … retrouver Moise.



Revenu en Bolivie et en règle, je me lance dans ma grande quête « prophétique »
Direction le terminal de Guayaramerin.
Moïses n'y est évidemment pas et on ne le connait pas ici, il vit à Riberalta. Comme moi. CQFD.
Une demi-heure plus tard je grimpe dans un autre taxi pour retourner dans la bonne ville de Riberalta avec 3 autres passagers, le tout serrés sur la banquette arrière.
Sur le point d'arriver, on croise un autre taxi tombé en rade. On s'arrête l'aider. Un petit caillou a été projeté sous la voiture et est allé se loger directement dans le réservoir d'huile.


Et nous voilà repartis avec attaché derrière nous, au bout d'une corde qui tangue, l'autre voiture, avec le taxiste dedans qui dirige comme il peut. Corde qui manquera pas de se rompre est d'aller s'embourber dans les pattes du susdit taxi, histoire d'améliorer encore un peu son état. Finalement l'on arrive sans « encombres » avec une demi heure de « retard » au terminal de Riberalta.
« Moise? Ah oui, il avait effectivement une nouvelle casquette quand il est revenu, mais tu tombes mal, il vient juste de partir. »
Où ça ? « Peut être chez lui, sa journée est finie. »
Comment on y va ? Un ami du cousin du frère d'un taxiste accepte de m'emmener..
C'est pas très loin de là où je loge moi-même, mais son quartier est nettement plus miséreux,.
Et Moïse n'est pas là.
Retour au terminal. Toujours pas d'apparition bondieusesque.
On est samedi, il ne reviendra que lundi.
« Ah mais peut être qu'il est à ce rassemblement là bas, devant la télé qui est dehors avec les autres moto taxi, dans le centre. »
Je vois nettement le lieu en question vu que j'y passe une fois par jour quand je vais au resto pour manger et choper accessoirement une bonne tourista. C'est également le point de rassemblement de tous les partisans qu'il reste des corrompus inefficaces qui viennent de perdre les élections. Actuellement ceux là qui étaient avant aux affaires sont en train dans leur mois qui reste avant la passation de pouvoir, de dépenser l'ensemble du budget annuel, faire approuver tous leurs projets qui n'aboutiront à rien sinon pire pour un an de plus, vider les caisses et brûler les papiers compromettants. Convergence Amazonienne qu'ils s'appellent. Et ce n'est que la droite modérée.

Je me rends sur les lieux, et tombe devant un groupe plus nombreux que d'habitude. Genre un attroupement. Juste un match de foot. J'essaie de chercher des yeux Moise. Nulle trace. On me dit qu'il n'est pas venu aujourd'hui. Je m'en vais, repasse par chez lui. Sa jeune et jolie voisine m'apprends qu'il ne rentre que le soir très tard. Qu'il vit seul et reste très fermé. Elle n'a pas l'air de l'aimer beaucoup ce type.
.
ultime passage au terminal. Cette fois non vraiment il ne viendra pas.
« D'ailleurs il doit être en train de boire dans un coin ou ne sais où. Oui parce qu'il est alcoolique.
Et ce soir il va sûrement aller fêter la « victoire » aux régionales de la droite (le Béni d'abord, la droite dure cette fois). Et d'ailleurs il l'a surement déjà vendue ta casquette. »
enfin, histoire de m'achever : « T'es mal tombé gringo. C'est un desgraciado celui-là. On t'aurais bien aidé mais là on ne peut rien faire »
Desgraciado, signifiant selon la terminologie locale un mélange d'enfoiré de sale type, qui vendrait père, mère et enfants pour une bouteille de whisky. Un qui n'a jamais reçu la grâce. Grosso modo.

Me voilà rentré à la maison, sans casquette. Faut avouer que c'est beaucoup moins flagrant maintenant mon pseudo-style « I'm lovin' Revolution »... C'est pas comme quand on perd un téléphone portable ou un bras où là c'est bien une partie essentielle de soi même qui s'en va, l'effet c'est plus comme si on t'avait coupé les cheveux pendant la nuit. Et que tu sens quelque chose de pas normal au réveil, et quand tu te regarde dans la glace, t'es chauve.

Et pendant ce temps, un « gros con obèse alcoolique raciste machiste avare et de droite » soit un « pauvre type » comme il en existe pas mal de par le monde, quelque part dans cette ville de plus de 100 000 habitants, porte actuellement ma casquette avec une étoile rouge guévariste, prêt à la vendre au moins offrant.
Et ce type s'appelle Moise.
Remarque, c'est bien lui qui a coupé en deux la mer … Rouge.
Faut toujours se méfier des anti-communistes

Ce dimanche matin, aux aurores, vers 11h, je passe au cas où devant chez Moïse. La voiture est là. On entend la télé. Je toque.
« Bonjour, tu te souviens de moi ? »
« Évidemment, depuis hier ».
« Est-ce que tu as gardé ma casquette ? »
« Hmm, une minute »
Dix secondes plus tard, il m'ouvre la porte.
La gueule assez enfariné, l'air toujours aussi bourru, avec un petit sourire.
« Tiens la voilà, et fais attention la prochaine fois ! »
Je le remercie et je m'en vais.

La journée sera bonne.