mercredi 12 mai 2010

Un kamikaze lancé sur l'iceberg

C'en deviendrait presque drôle tellement la chose est absurde.
En gros :  t'es attaché à un type qui te veux du mal en train de faire de l'escalade au bord d'un gouffre. Il se jette dans le vide, tu lui tend la main au risque de le suivre. Une fois hors de danger c'est lui qui te pousse dans le dos vers le fond, en prenant soin de bien d'écraser les doigts au cas où tu aurait l'idée de vouloir remonter. Tu t'en sors. Et le type te rejoue la même scène, mais cette fois en coupant la corde et te laissant comme un gland au dessus du vide. Et tu continues à lui faire confiance. C'est plus de la foi chrétienne ce genre d'attitude, c'est de l'idéologie. Pure.

Soyons clair une bonne fois pour toute : un Etat ne peut pas faire faillite, sauf sous l'unique condition d'une faillite généralisée des Etats entrainant avec elle toutes les banques et les économies. Il semble qu'au delà de toute raison « les marchés financiers » soient prêts à envisager cette hypothèse et à mesurer ce qu'ils gagnent et perdent selon le schéma. Gagner quoi ? Ben le fric évidemment. Oui mais pourquoi tout ce fric ? Mais pour le fric voyons ! Ne cherchez pas la raison, il n'y en a pas. Ce n'est pas la Grèce que l'on sauve, mais les détenteurs de sa dette, qui sont des banques, des fonds de pension, et des hedge funds par exemple, essentiellement à l'étranger, ainsi que d'autres rentiers internationaux dont je n'ai aucune souci quand à la santé physique ou morale. Et le pire c'est que dans le contexte actuel, l'on n'a pas d'autre choix que de les sauver. Ils nous doivent tout et ils ne donnent rien, a contraire.

« les marchés » vont bien réussir en quelques mois à détruire la dernière base (en fait la seule véritable) de cette Union Européenne faillie et défaillante : l'économie. En cherchant à ramener la parité Euro/dollar a 1/1 (leur seul objectif rationnel visible à l'heure actuelle), ils vont réussir à détruire le seul ilot faisant un tant soi peu contrepoids à la suprématie du roi dollar. Tout en sachant très bien que ce dollar est voué à disparaître à terme mais qu'importe. L'épreuve du temps pour les marchés c'est maximum 24 heures.

Une chose qui m'interloque encore plus, c'est que s'endetter de 10% pour aider un autre pays déjà endetté, c'est possible une fois. Mais deux, trois quatre ? Portugal, Espagne, Italie, Royaume Uni, Allemagne et même … France … les mêmes marchés qui s'engraissent sur les dettes des pays un peu mal en point sont les mêmes qui vont prêter l'argent aux autres pays pour sauver ce pays ? Il semble bien que ce soit ainsi que cela fonctionne. Après l'euphorie boursière de lundi, "les marchés" sont à nouveau dans le doute. Même ces imbéciles comprennent aisément que s'endetter pour payer la dette d'un plus endetté, ça ne résout rien. Donc plus de 600 milliards et 10 % de dette supplémentaire pour ... rien. la confiance ne revient pas. elle ne reviendra pas.

Mais au fait, c'est qui « les marchés financiers » ? Une machine ? Une force divine ? Rien du tout ce sont des hommes et des femmes. Si la chose aurait été commise par n'importe qui, l'on parlerait depuis longtemps de terrorisme organisé. Une telle entreprise de destruction de toute construction collective humaine ne peut être autrement appelée.
Et ce terrorisme là est bien plus dangereux que n'importe quel kamikaze alquaidesque car il a des effets violents pour des millions de personnes, et non quelques victimes innocentes.

J'avais déjà des doutes sur la possibilité de chute du système avec la crise de 2008. L'on se rend compte en fait que qu'il étend chaque jour un peu plus son emprise sur ce monde. C'est le coup le plus génial depuis l'invention du néolibéralisme. Ils vont non seulement le réussir et prépare déjà les gains futurs. La Grèce mise sous la coupe du FMI. Réduisant de 30% les salaires et détruisant le système de retraites du pays, il anéantit toute chance d'une reprise économique. Sans reprise, pas de perspective de résorption de la dette. Donc nouvelle crise, nouvelle spéculation, nouvelles coupes …  et c'est une caractéristique fondamentale des marchés financiers : ils n'ont AUCUNE limite.
Ils ne vendraient pas seulement père et mère, ils spéculent déjà sur leur mort prochaine et une fois au cimetière ils feront pression pour augmenter le cours du ver de terre avant de provoquer la chute du marché de l'incinération.

Triste Europe, triste monde occidental, foutu capitalisme.

Pendant ce temps en Bolivie ? C'est la grève générale. Ouais, comme en Grèce, même pire.
Le motif : l'augmentation des salaires. Le gouvernement a annoncé +5% pour 2010
(soit sur 5 ans une hausse de 50% du pouvoir d'achat avec une inflation plutôt contenue)
Plus la mise en place de politiques de gratuité ttale ou partielle : santé, éducation, ...  
Résultat ? Grève générale. Contre la mesure. Professeurs, policiers, médecins, ouvriers, routiers, tout le monde réclame … 15 à 20% d'augmentation. Y compris la Centrale Ouvrière Bolivienne, pourtant soutien ferme du gouvernement.

Grève générale populaire pour obtenir le double d'augmentation de salaires ici.
Journée nationale d'action pour savoir si on recule jusqu'à 62 ou 65 ans l'âge légal de départ à la retraite avec un premier parti « d'opposition » qui laisse « toutes les portes ouvertes ». ca tombe bien, ça nous donne l'occasion de leur donner un bon coup de pied au cul pour les foutre dehors.

Misère de la "civilisation"

Un kamikaze nous a lancé sur un iceberg en détruisant le gouvernail et nous regarde réagir en se marrant prêt à renouveller la chose indéfiniment. Il faudrait peut être arrêter de vouloir sauver le navire et de ne laisser aucune barque pour ces tarés. Que les rats restent et qu'ils crèvent avec lui. Il faut cesser de vouloir pardonner. Ceux qui se livrent à ce genre d'activité sont coupables, exécutants ou mandants, peu importe. Et donc à juger et punir, légalement mais fermement.
En 2012, « on » votera Strauss Kahn, parce que « on » devra faire barrage à Sarkozy et à la droite. Et « on » pourrait peut être même « gagner ». Chouette.
Ce ne seront pas aucun de ceux là qui nous proposeront des débuts de solutions.
Comme la fin définitive de l'indépendance (théorique puisque dépendante aux marchés) de la banque centrale européenne.
Comme la mise à mort des traités de Lisbonne et de Maastricht (déjà récemment bien ébranlé par leurs propres architectes mais temporairement évidemment).
Comme la nationalisation et socialisation du système bancaire.
Comme la taxation à taux conséquent des transactions du capital.
Comme la suppression des subventions aux entreprises
Ca en ferait de l'argent pour le deficit, les retraites, la Sécu, l'emploi, l'éducation ...

« Peuples d'Europe, soulevez-vous » clame-t-on depuis l'Acropole.

La France s'ennuie disait-on en mars 68. pourvu que l'Europe... pourvu que ...
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