vendredi 30 octobre 2009

Honduras : ce n'est qu'un début ...

Allez, on reparle du Honduras parce qu'aujourd'hui est un jour historique.

Vous allez pouvoir sauter de joie.

Micheletti, le président puschiste du Honduras a accepté le retour de Manuel Zelaya au pouvoir.

YOUPI C'EST FINI VICTOIRE CONTRE LES PUTSCHISTES
PAN PAN DANS TES DENTS L'IMPERIALISME AMERICAIN !!!
ON A RENVERSE UNE DICTATURE !

http://www.lexpress.fr/reuters/monde/2009-10-30T090109Z_01_APAE59T0P2100_RTROPTP_3_OFRWR-HONDURAS-ACCORD-20091030.JPG
Alors donc, vraiment ?

Eh ben chers amis, je vais vous décevoir mais non. c'est loin d'être gagné.

D'abord parce que c'est l'administration américaine, qui n'est pas vraiment connue pour son altruisme, qui a engagé le processus de résolution du conflit. et que ce n'est pas un hasard ni une coïncidence si cet accord survient le jour même où est signé l'autre accord final pour l'implantation des 7 nouvelles bases américaines en Colombie.

Cela va aussi permettre de faire oublier à nos journalistes occidentaux que c'est avant tout et surtout parce que la majorité du peuple hondurien s'est soulevé depuis le début du conflit, que tout le jours depuis le 28 juin il y a des manifestations d'ampleur dans les villes honduriennes. Ainsi que des manifestations dans l'ensemble des villes d'Amérique Latine et un soutien unanime des présidents latino-américains, avec la position assez courageuse de Lula, président brésilien, qui a abrité dans son ambassade Zelaya depuis son retour au Honduras. Et que surtout c'est aussi parce que la population dans sa très large majorité a refusé de reconnaitre quelconque légitimité aux élections organisées par le régime.
Donc qu'une administration mette fin au coup d'Etat qu'une autre partie de son administration a largement soutenu, jusque là rien de révolutionnaire.

Mais regardons de plus près les termes de ce fameux accord :

- retour de Zelaya au pouvoir SOUS RESERVE d'approbation par le Congrès hondurien.
Et là on se rappelle que c'est ce même congrès qui a lancé 18 chefs d'accusations contre Zelaya, dont celui de haute trahison et que c'est l'usurpation pseudo démocratique de ce congrès qui a permis de justifier le putsch. Les Américains sont derrière alors peut être que les congressistes vont se raviser.

- reconnaissance des élections de novembre : là on se pose une question, quel besoin de procéder à des élections si le président constitutionnel Zelaya est reconnu comme légitime. Donc il y a bien un problème ici encore. Le doute persiste sur ce président "putsch-au-crime" comme le qualifie Le LibéMonde

- création d'un gouvernement d'unité nationale : imaginez que Pinochet et Allende faire un accord d'unité nationale après le coup de 1973, ça ne vous aurait pas semblé bizarre ? Mais ici c'est tout à fait logique. Pourquoi ? Parce que Zelaya, malgré ses bons sentiments et son récent virage à gauche est un puissant, un membre du parti libéral, un homme de droite. Qui n'a pas un passé totalement blanc blanc, un petit massacre à son actif et des positions jusqu'à récemment très libérales. Il peut sans aucun gêne trahir les politiques qu'il à mise en place quelques temps plus tôt, ce ne sera pas le premier. Mais laissons lui le bénéfice du doute.

- création d'un comité pour la vérité : encore une fois, on met en doute le fait qu'il y a eu un coup d'Etat. Au passage, cela permet de rétablir l'aide américaine et internationale, les entrepreneurs seront contents.

Mais le terme le plus important de l'accord est celui-ci :

- renoncement à TOUTE tentative de référendum constituant et de réforme constitutionnelle.
Oui, c'est à dire que Zelaya doit approuver le fait qu'il ai fait un erreur par la demande de ce référendum constitutionnel. Sauf que le Front de résistance a annoncé pas plus tard que ce dimanche, que restitution ou pas de Zelaya, le mouvement social continuerait jusqu'à obtention de cette constituante.

Alors donc NON ce n'est pas fini, c'est juste maintenant que ça commence.

Le Congrès va-t-il voter le retour de Zelaya et la cour suprême va-t-elle l'autoriser ?

Les militaires putschistes seront-ils jugés et emprisonnés ?

Que reste-t-il des nombreux morts et centaines de blessés graves par la répression du régime putschiste ? et des dirigeants syndicaux assassinés ?

Quelle sera la position du Front de résistance pour la suite des évènements ? et de la population ?

La population ira-t-elle voter ou boycottera-t-elle le scrutin de novembre ?

Zelaya prendra-t-il le risque de convoquer quand même la constituante s'il est réélu ?

Vous le voyez, rien n'est réglé, ce n'est pas fini pour les "zévènements" du Honduras.

Ce jour pourrait être le début d'une victoire populaire. Mais il peut tout aussi ben être la victoire de la "normalisation démocratique" à l'américaine dans un nouveau pays, en empêchant toute évolution dans un pays latino américain. parce que si ça a marché là, putsch puis rétablissement démocratique avec renonciation aux changements structurels, il n'y a pas de raison que ça ne se reproduisent pas ailleurs.

Et au vue de ce qui se passe au Nicaragua, avec une campagne similaire contre le président constitutionnel sandiniste Daniel Ortega ... on a de quoi être inquiet.

Allez, pour l'heure, joignons nous à la fête du peuple hondurien qui est descendu dans la rue hier soir pour célébrer ce possible renversement d'un putsch militaire. mais restons vigilants, l'Empire veille au grain.

EDIT . selon les chiffres de l'UNICEF, plus de 1600 mineurs ont été assassinés depuis le début du putsch.

Hier matin Hier Soir


http://www.prensa-latina.cu/images/stories/Fotos/Personalidades/Honduras/represionhonduras.jpg http://www.telesurtv.net/multimedia/imagenes/Contexto1425_577.jpg

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