dimanche 11 octobre 2009

la dialectique du paisano

Ce soir j'aurais aimé vous parler de Yaré, un peu plus en détail, du cours de "formation idéologique" que nous y avons reçu, de la manière dont les habitants ont pu entrevoir la dimension socialiste dans leur démarche, sans endoctrinement, et tout ça avec des mots simples, une méthode claire partant du concret, et avec des maths et des citations de Lénine.

Mais là ce qui me vient à l'esprit c'est la conversation dans la voiture au retour.

Une fois reparti de Yare avec les compagnons de Vive, la discussion entre eux s'engage, sur l'aspect religieux ou populaire des diables de Yaré. Et puis quelques minutes plus tard je ne sais comment la conversation à dérivé sur le terme dialectique.

Un débat s'est engagé sur le fait de savoir si la dialectique est une manière originale de penser ou une structure mentale présente dans chaque chose et chaque être et que la manière de voir en question est elle de la logique.

Vu mon niveau d'espagnol, j'ai pas pu tout suivre.
Par contre j'ai pu voir que les journalistes qui étaient autour de moi, en savaient des choses, bien plus que n'importe quel journaliste français moyen.

A un moment notre chauffer, Adam, interpelle son compagnon : "tout ce que tu dis sur la dialectique c'est très bien mais toi tu tiens ton savoir de l'université, qui malgré les efforts de la révolution reste une structure bourgeoise. moi je viens d'en bas, de la rue. La dialectique du monde je l'ai vécue."

Silence.

Le débat s'engage ensuite sur la question de l'idéalisme, auquel je participe, et où je me rend compte que ce mot n'a absolument pas le même sens ici qu'en Europe. Ici, idéaliste c'est à relier avec le positivisme, et être idéaliste c'est la manière la plus dictatoriale de penser le monde.

La encore, le débat me dépasse.

Et je pose donc une question à Adam, un poil gênante, mais "d'où te viens ce savoir toi qui viens de la rue"' ?

Et il me raconte un bout de sa vie :

Né dans un province du centre du pays, le Yaracuy. Dans une communautés indigènes.
Avant sa naissance ont commencé à arriver des étrangers qui ont acheté des terres, et puis en montant les personnes les unes contre les autres, contre un peu d'argent parfois, contre rien souvent, ils sont devenus propriétaires de tout.

Adam alors est arrivé en âge de travailler, sauf que du travail il n'y en avait plus, les terres étaient au latifundio, il n'avait plus rien à faire chez lui.
Alors il a été déplacé, pour ne pas dire déporté, exilé.
Il est allé à la capitale, Caracas, pour trouver du travail.
Et il a trimé, exploité par ses patrons, a vécu dans un barrio où c'était la débrouille et rien d'autre, il a vécu tout ça.

Puis un jour une opportunité s'est présenté à Venevision, chaine privée, il y est allé.
Il a appris le boulot mais aussi la propagande.
Il a rencontré sa femme, a eu des gosses, a vu le Caracazo, les 3000 morts en 1989 après a répression d'une émeute de la faim.
Et puis est arrivé la révolution qu'il a tout de suite soutenu.
Et le voila à Vive TV.

ce type c'est le même qui en allant à Yare me racontait déjà avec tous les détails la riche Histoire du Venezuela depuis le début du XXe siècle.

Ce type c'est un parmi des dizaines de Venezueliens, un paisano, un paysan, un du pays, de la campagne profonde.

et c'est lui qui était en train de disserter sur la dialectique hégélienne en revenant d'une communauté où se créer une assemblée constituante locale.

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