Et puis donc vinrent les jeunes, un groupe de Caracas, que j'avais déjà croisé au 23 de Enero lors du concert pour le référendum.
On sent a ce moment dans la foule comme un souffle, les gens commencent à danser plus massivement. Les percussionnistes sont déchainés, deux, trois temps, quatre temps, ils changent selon le morceau et s'adaptent à la musique.
Vient un autre jeune, qui reprend de manière très rythmée les grands succès d'Ali Primera avec la foule debout qui chante et danse. J'apprendrais plus tard qu'il s'agit du fils du chanteur populaire.
Et puis viendra la conclusion, où sur scène ils se retrouveront tous, tous ceux qui ont participé au festival.
Les jeunes sur le devant de la scène,
Les petits encore devant
et tout les autres là où il reste de la place, derrière, sur les côtés, dans le public.
Ils entament la chanson du groupe "La Cantera" : Libertad, la luna en mi pensamiento.
La chanson commence doucement,
soudain je vois un ouvrier, le sourire jusqu'aux oreilles, courant précipitamment à l'intérieur de l'usine et en ressortant avec un but de tissu coloré.
Puis une ouvrière accroche à un ballon de baudruche un drapeau rouge qu'elle brandit.
Le bout de tissu coloré est un drapeau, le drapeau du Venezuela, l'ouvrier juché sur une chaise le tend au dessus de la scène. Il projette son ombre sur le mur blanc de l'usine.
Et puis. et puis,
Il y aura cet instant de pure synchronie, de parfaite cohésion. Tout le public monde chantant, dansant, assis ou debout, peu importe, toute la scène répétant ces mots "libertad, libertad, libertad, la luna en mi pensamiento", (liberté, la lune dans mes pensées). La lumière des projecteurs se reflète au travers du drapeau vénézuelien tendu au dessus de tous, et au fond cette image de la gaviota, la mouette, volant au devant d'un coucher de soleil en forme d'étoile. L'image est surréaliste.
Personne n'a eu besoin de crier patria socialismo o muerte, venceremos", le slogan des chavistes.
Il n'y avait pas de caméra, pas de journalistes, seulement des homme et des femmes. Pa de manipulation ni de propagande, un simple évènement collectif.
Ca n'a pas duré certes, mais,
Au milieu de tous ces chavistes, les critiques, les contradictions, les oppositions, la propagande, quittaient les pensées. Il n'y avait qu'une mystique commune, un sentiment d'unité si fort, celui qui fait croire qu'on peut déplacer les montagnes et qui donne envie de sourire aux autres, de serrer son voisin dans ses bras et de chanter et danser ensemble de rire et de croire que tout est réellement possible sur cette terre
Si futile, si irréel,
si enfantin et naïf
mais, au moins pour moi
c'était là.
l'espace d'un peu plus d'une minute, j'ai vécu un instant de socialisme.
Et la seule chose que je peux désormais espérer c'est que ça ne soit pas le dernier...
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