samedi 12 décembre 2009

La Gaviota (2) : autogestion et festival culturel


Mais où sommes nous donc me direz vous ?


La Gaviota est une fabrique de conserves de sardines et de fruits de mer. Une usine qui emploie 330 ouvriers, majoritairement des femmes, qui distribue les sardines en conserve dans le pays.
Il y a 6 mois ces travailleurs ont commencé une lutte pour obtenir la nationalisation de l'entreprise. Condition de travail difficile, faibles salaires, exploitation des gérants. Les ouvriers effectuait alors les deux 12, en non pas les trois 8, en étant payé la moitié des (au minimum) 58 heures de travail hebdomadaires.Comme chaque fois dans ce cas, le gouvernement a pris une mesure d'occupation temporaire afin de mesurer la viabilité de l'entreprise et si elle est d'importance à l'économie nationale, dans le cadre d'un programme de souveraineté alimentaire.


Après quelques mois de lutte, le gouvernement a accepté rapidement la nationalisation.

Ce 5 décembre 2009 est la date où l'usine est officiellement nationalisée.

Mais pas dans n'importe quelle condition car comme nous l'explique un des ouvrier, l'usine est totalement gérée par les ouvriers. Il n'y a pas de patron, un simple comité de coordination. ils sont arrivés à s'organiser pour les commandes, les contrats, les ventes. Les pêcheurs du coin livrent la matière première, les travailleurs font leur travailleur de mise en conserve et les produits sont exportés sur les marchés locaux, mais également dans tout le pays via les réseaux de distribution à bas prix Mercal et Pdval.
Dans cette organisation, ils ont réussi en diminuant la production de 50% pour retrouver un niveau de pénibilité du travail acceptable, en réorganisant la structure avec des salaires garantis pour tous et non plus au fonction du rendement, avec tout cela, ils ont encore un bénéfice record et peuvent s'octroyer à tous un salaire de 2500 BsF mensuel, presque le triple de leur salaire antérieur.

Nous sommes donc dans une usine nationalisée ET autogérée.

Alors, pour fêter cet évènement exceptionnel, les ouvriers et les communautés de Cumana ont organisé un festival intitulé : "la Gaviota a fait le saut vers le socialisme"


Comme dit précédemment, l'usine accueille la salle de bataille socle et les ouvriers sont aussi investits dans la vie de quartier, dans le PSUV et des les luttes sociales extérieures.

On se réveille sous le coup de 16h. Beaucoup de monde est arrivé. On voit défiler les camionettes et descendre les groupes de musique et de danseurs.

Programmé à13h, le spectacle commence à 16h30.

La musique commence.

Un groupe de danseuses folkloriques de musique traditionnelle vénézuelienne nous fait une démonstration de robes de couleurs et de mouvements pleins d'allégresse.
Vient ensuite sur scène une chanteuse locale, apparemment très connue ici, qui dans un sanglot d'émotion déclame un chant composé à la gloire des travailleurs de la Gaviota.


Puis vienne le tour des jeunes de l'école de danse de Cumana. Devant nous une démonstration de sensualité, de rapidité et de maitrise ..

... Le joropo, danse traditionnelle des llanos, les plaine du centre, une danse majestueuse, avec les tenues qui vont avec.


Puis c'est le tour d'une groupe de la gaïta, chant traditionnel de noël, venu de Maracaibo, dans l'Ouest, devenu culture nationale, sauf qu'ici il n'y a que des femmes qui chantent et elles parlent de socialisme et de la Gaviota.


Peu après vienne un autre groupe de danse, cette fois des enfants, qui procèdent aux aussi un joropo endiablé, au milieu d'une coupure d'électricité du secteur.


Entre chacune des chansons, les organisateurs remettront un titre de reconnaissance aux groupes. Les pauses et les installations de chacun des musiciens laisseront un laps de temps disponible pour des lectures, déclarations ou poèmes en tous genres. Il y en aura à la fin de chaque chanson.

Je me souviendrais longtemps de ce musicien, ouvrier de la Gaviota, timide et tremblant, amené sur le devant de la scène guidé par la main, prenant le micro et déclamant un poème de sa composition, qui fit l'effet d'un soufflet qui s'abat sur nous et nous laisse cois d'admiration.

Il y a aussi cet autre ouvrier qui au moment de débuté une chanson, prendra soudainement le micro et déclarera la Gaviota "base de Paz, base de paix contre l'impérialisme yankee dans Notre Amérique".
Je discute avec mon voisin, lui parle du 23 de Enero, il connait, évidemment.

Viendront ensuite des mariachis (chanson traditionnelle mexicaine) vénézueliens, avec leur chanteur complètement ivre qui tentera en vain de nous convertir à une secte protestante évangéliste, tout en chantant horriblement faux. Moment de fou rire collectif mémorable.


Et puis viennent des groupes de jeunes, de Caracas, du reggea, du rock, on change de ton.
Lorsque ... (à suivre)

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