mardi 6 octobre 2009

Primer Barrio

Aujourd'hui, suite à un concours de circonstance totalement hasardeux, je me suis rendu dans un barrio.
Barrio signifie, pour le sens commun occidental, quartier pauvre où la mort rôde dans de sombres ruelles, emplies de drogués et de trafiquants divers qui n'attendent qu'un instant d'inattention pour vous arracher le cœur et le vendre en sacrifice sur leur autels sataniques où ...
bref, un barrio c'est comme une favela en portugais, un bidonville en français, c'est là où il y a des pauvres très pauvres.
Attention, encore une fois, pas les pauvres de chez nous, la sangsue de nos impôts, non des vrais pauvres, sans chair et en os, qui meurent parfois de faim pour cause de spéculation.
Le quartier en question s'appelle Gramoven. Du nom de l'entreprise produisant la farine dans les années 50 : Grand Moulin du Venezuela.
Ce quartier vaste s'étend sur plusieurs collines dans l'Ouest de la ville.
A Caracas, les choses sont simple, Plus on va a l'Ouest et sur les flancs des collines plus c'est pauvre, plus on va l'Est et dans le coeur de la vallée plus on est riche.

Donc, me voici parti à Gramoven avec une équipe complète de Vive. Bon déjà aucun professionnalisme, dans une bonne humeur, le chauffeur du mini bus estampillé Vive TV, usage officiel (mes fesses oui !) nous emmène à Gramoven.


Gramoven pourquoi ? Des pauvres il y en a partout me direz vous !
Oui mais non, Gramoven fait partie des quelques quartiers où est expérimenté une nouvelle

Aujourd'hui, il s'agit de Barrio Nuevo Tricolor.
L'idée est tout simple. Le gouvernement fourni les matières premières et les communautés se débrouillent comme des grandes pour en faire ce qu'elles ont besoin.
Certains diront décentralisation. D'autres autogestion. C'est à la fois cela et plus.

On arrive et effectivement, c'est l'anti-carte postale du touriste. Des maisons en « sale » état sur tout la colline, certaines en position plutôt quelconque. Un barrio, une favela comme il en existe des dizaines, et en plus il pleut et il y a du brouillard.
Bref c'est pas la plage et les cocotiers.


Mais bon, dans cette zone hostile (dois-je vous rappeler que je suis devenu paranoïaque depuis 2 jours ?) je m'avance avec l'équipe de Vive

Et là ! Contact extrêmement chaleureux, on bois un café et on commence à discuter.
Et donc on discute ou plutôt on écoute ce que les porte-paroles du conseil communal ont à nous dire.

Oui, parce qu'un journaliste communautaire au Venezuela ne se pointe pas comme ça et dis HOP on filme et tu remballe coco c'est dans la boîte.
Non, ici c'est beaucoup moins médiatique.

On s'assied autour d'une table et le débat commence.
J'ai pas tout suivi évidemment mais l'essentiel du sujet était là.
Les équipes de Vive arrivaient et comme elles sont polyvalentes (mort à la division du travail) deux projets concordants sont présentés à la communauté. L'émission hebdomadaire du mercredi sur la vie dans les quartiers de 30 minute, et une collaboration avec l'école de formation audiovisuelle de Vive (soit là où je suis).
Et d'emblée, ils disent non. Ce sont des porte-parole, ils ne peuvent décider de rien.

Ce qui était convenu c'est un sujet et pas deux.
Le type de Vive essaie d'expliquer que les deux sont complémentaires.
Et là dans une langue que j'ai parfaitement compris on eu quelque chose qui se traduisait par :
« écoutez, pendant des années on nous a dit quoi faire, on nous a dis quoi penser, aujourd'hui nous sommes libres. Nous aimons Vive car vous êtes les seuls qui ont su nous écouter quand nous élevions la voix pour défendre la révolution. Mais vous êtes une télévision quand même. Ici, le pouvoir c'est le consejo parroquial, c'est l'ensemble des 35 Conseils de quartier de Gramoven. Nous ne sommes que des porte-parole et nous n'allons pas pouvoir expliquer à notre conseil qu'il y avait un projet mais en fait deux.
Alors on n'en fera qu'un seul."

Effectivement la liberté de la presse au sens occidental n'existe pas au Venezuela. Puisque cette liberté de la presse d'émettre des mensonges, de diffuser une information de classe, soumises à des intérêts privés, contredit largement la notion de démocratie réelle.
J'exagère ? Regardez chez nous à qui appartiennent les journaux que vous achetez, cherchez qui édite les bouquins que vous lisez...
Je m'écarte de la scène où vont se tourner les interview.
Et je vais rencontrer el Niño.

1 commentaire:

Cici a dit…

"je suis méga jalouse" comme dit liz.

'tain Chàvez délire peut-être (nucléaire, Khadafi...) mais alors les gens c'est quelque chose.

Et c'est le principal et c'pour ça que j'aime ce continent.

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