mardi 6 octobre 2009

El Niño le révolutionnaire

C'est un homme âgé, la soixantaine mais il en parait plus.
Pas l'air très costaud, mais pas non plus faible, il se tient droit et est souriant.

Il a un T-shirt et une casquette rouge, mais pas avec un portrait de Chavez, un logo du PSUV (parti socialiste vénézuelien)
Poder parroquial. Pouvoir du quartier.

La discussion commence en demandant mon prénom et d'où je viens.
Je lui donne et demande le sien.

Il s'appelle Manuel mais tout le monde l'appelle El Niño dans la communauté. pourquoi ?
"Parce que quand j'étais petit, j'étais pas bien grand et puis j'ai grandit mais c'est resté comme ça qu'on m'appelle"

Et puis nous commençons à parler de son quartier.

Il me raconte qu'il est né dans ce quartier et y a toujours vécu.
Il a vu la grande misère, les personnes qui criait "santa madre de dios" implorant le ciel pour avoir quelque chose à manger.

Et puis il me dit qu'il était là le jour où s'est réunit le premier conseil communal.
Grande émotion. Il l'a vu, ce premier conseil se réunir.
Il a vu arriver la caravane de Barrio Adentro procurant les soins médicaux gratuits.
Et puis il a participé à la mise en place de l'école d'architecture populaire. Le matin les cours dans la tente à quelque mètres de nous et l'après midi aux chantiers.
Et il a une lueur dans les yeux quand il me dit ça.
Et ce n'est pas de l'orgueil.

Je fais alors une réflexion symptomatique de la situation :
"Je regarde autour de moi, tout ce qui parait à l'extrême dénuement, mais quand je t'entends, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de pauvreté."

Il sourit et me dit "non il n'y a pas de pauvre ici, il n'y a que des révolutionnaires".



Et puis je regarde autour de moi "émerveillé", ces maisons qui devaient tomber et qui tiennent parce qu'un habitant à eu un prêt de l'Etat et que le Conseil Communal a utilisé les fonds pour empêcher une partie du quartier de s'effondrer.

Je regarde ces tas de taules, de planches et de terre qui vont servir à construire des maisons, en dur pour ceux qui vivent dans les zones à risque.



Je lui fait part de mon admiration pour leur force à tous.

"ce n'est pas de la force, ni du courage, hombre, c'est de l'amour et c'est ainsi qu'on fait une révolution"

Il y avait de fierté dans ses yeux.

Chaque fois que je me méprenais à dire "tu" il me regardais et je me reprenais en mettant au pluriel du "nous".
"Je n'ai rien fait moi ici, juste aidé comme je peux, c'est la communauté dans son ensemble qui a tout fait".

Et puis on a continué à parler un peu, notre discussion se concluant sur un "Mais la révolution ça n'est pas finit ! Dans deux ans on aura les résultats de Barrio Nuevo, mais c'est pas terminé, toujours "un paso adelante" mimant un saut dans le ravin qui jouxtait la place.



On s'est quitté ainsi.

j'ai aussi croisé d'autres habitants du quartier dont une m'a appris que Blanca Eeckhout a grandi dans ce barrio.

Blanca qui est la ministre de la communication et la présidente de Vive TV.

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