samedi 3 octobre 2009

Selon que vous serez métis (et rouge) ou golpiste, l'équilibre du traitement journalistique dans les Amériques

petit détour avec un billet coup de gueule sur la situation actuelle au Honduras qui me permet de casser quelques idées reçues sur la patrie vénézuelienne au passage.
modèle de billet emprunté au camarade Sébastien Fontenelle de "Vive le Feu"

Cher ami, futur "confrère", journaliste européen.
Tu es blanc, libre, tu as fais de très hautes études et tu es formé à la pensée néolibérale, comme quasi tous les "journalistes" français dignes de ce nom.

Tu travailles pour des torchons où tu penses bien faire ton boulot de "journaliste" même si de temps en temps y a des "pressions internes" pour t'expliquer que ceci va pas parce que ça va pas dans le sens du poil. Alors bon, comme tu veux pas te faire virer pour excès de zèle, tu retourne la brosse et te dis que c'est pas si grave.

il y a des sujets ainsi qui ne laissent pas de place au doute.
Par exemple un certain pays d'Amérique Latine. Dont tu sais que c'est une dictaturrrrre, un pays dans lequel il est interdit de s'exprimer librement, que tout est aux mains de l'Etat et que la voie totalitaire est en marche, URSS voire nazisme, de toute façon, c'est tous des hitléro-trotskystes ces gauchistes.
Comme le Venezuela, tu connais la situation et tu es certains que tout ce que peuvent dire c'est mal puisque ça vient d'un gouvernement stalinien.

Tout ça, tu le sais, par les dépêches AFP de journalistes parisien correspondant sur place, là-bas à Saint Germain les Prés, ou au mieux dans un hôtel riche pour occidentaux riches avec des interlocuteurs riches dans ces pays pauvres.

Mais ce n'est pas des méchants rouges qu'il s'agit aujourd'hui,
les "intérêts vitaux" de la Grande TransNation Boursière n'étant pas en jeu, ça sert à rien d'en parler.

C'est juste qu'en ce moment un pays subit un coup d'Etat militaire appuyé par une organisation toujours aussi "démocratique" qu'est la CIA, avec un gouvernement américain qui vocifère radicalement que "rhooo c'est pas bien les putschistes" meme si un groupe "républicain" au Congrès américain fait légèrement pression pour expliquer que le coup d'Etat était démocratique.
Tu pourrais te dire qu'il y a un problème.
Mais comme certains journalistes barbichus déclarent qu'entre un président légitimement élu et des militaires putschistes, il y a un équilibre, une meme mesure et que des nouvelles élections sont légitimes.
Tu ne feras rien.

Journaliste Parisien, de la Libération (néolibérale), du Monde (capitaliste) je pense que devrait poindre en toi ne serais-ce qu'un peu de conscience journalistique comme tu l'appelles si bien.
Et laisser tomber un peu ta prétendue "objectivité"
Pou avoir un seul "objectif" : faire ton boulot, soit de restituer les faits et transmettre l'information partout où tu le pourra.

Sauf que tu ne le fera pas.
Tu laissera ton directeur de rédaction t'expliquer que c'est plus complexe, que le président déchu avait violé la constitution d'ailleurs on a une source fiable : les putschistes !

Tu ne feras rien non plus en ce jour du 2 octobre 2009 où un décret suspend les droits constitutionnels dans le pays, ce qui entraine la fin la liberté d'expression, de réunion, et où des militaires prennent d'assaut les deux seules chaines osant diffuser l'information sur ce qui se passe dans ce pays.
Sans parler de chaque jour depuis 3 mois où la population manifeste pacifiquement dans les rues de Tegucigualpa, la capitale, malgré le couvre feu et où l'on compte déjà plusieurs dizaines de morts.

Non journaliste européen, tu ne feras rien.
Comme a Oaxaca, comme a Atenco, et comme partout en Amérique Latine où des tentatives de changement social ont eu lieu.

Mais la guerre sociale continue pour autant.


mais ça, ça ne changera rien à ton petit quotidien, non ? une lâcheté de plus ou de moins ?

hein, dis moi, "journaliste" ?

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