jeudi 19 novembre 2009

Interlude dispensable : autocritique bloguesque

Vous avez dû remarquer depuis le début de ce blog qu'il y a ici comme une consonance assez particulière à la fois particulièrement militante, avec un certain degré de béatitude niaise, mais également avec comme un arrière goût d'inachevé, de « c'est tout ? et après ? ».
Je suis parfaitement conscient, et c'est pourquoi je m'arroge la possibilité unilatérale de faire ce billet qui ne sort pas du cadre même si quand même un petit peu.Et en plus, OH SACRILEGE, je vais m'autoriser à m'arroger quelques qualités.
Quand on vous disais qu'un blog ça monte à la tête et ça rend égocentrique.

Je n'aime pas les blogs.

Le ton, la manière, le fond, la forme. C'est presque une haine maladive et j'en serais dégoûté si je ne m'étais confronté à cet exercice depuis déjà un bout de temps.

J'ai déjà eu trois blogs dans ma courte jeunesse cybernétique.

Un premier en 2007, un skyblog, soit la pire chose concevable pour un blogueur conséquent, l'antre de fange des adolescents qui cherchent à se créer une gloire éphémère dans leur courte existence. Bon et puis finalement, ça m'a saoulé, j'ai arrêté, conscient de l'inutilité de la tâche. J'ai trouvé quelques perles rares mais bon, hormis ces exceptions, j'ai bien dû me rendre compte que c'était effectivement à 98% quelques chose qui ne me convenait pas. Et puis j'ai supprimé, désolé pour les archivistes, le temps cybernétique n'est pas le même que celui d'un historien.

Le second fut déjà plus satisfaisant à mon goût, http://www.rastalavictoria.oldiblog.com/
sur la plateforme oldiblog encore à cette époque considérée comme « alternative » au skyblog-roi. Là j'ai pu parler de tout et de rien, de philo, de ma génération de jeunes, de politique aussi, toujours privilégiant l'écrit sur le visuel ou le sonore. Ca a tenu deux ans, c'est celui qui a eu le plus de succès d'ailleurs en terme d'audience virtuelle.

Et puis une fois entré à l'université compte tenu de mes évolutions personnelles, j'ai tourné cette page et j'en ai ouvert un troisième : http://blaaah.wordpress.com/
Beaucoup plus politique, parfois tendant au copier-collé de tracts militants, des fois simple coup de gueules, d'autres plus dans la tentative de réflexion de fond, avec des contenus humoristiques aussi.
Ces blogs-là ils me ressemblaient plutôt bien dans mon apparence sociale, c'était un bon passe-temps. Sauf qu'à chaque fois ça allait pas, mais pas du tout avec ce que je voulais faire et combien de fois ais-je pesté devant l'inconsistance de mes propos. Non j'y arrivais pas à faire un truc bien. J'abandonne, c'est pas pour moi.

Et puis nous voilà arrivés depuis deux mois ce carnet de voyage. Encore un exercice différent, dans une situation toute particulière puisque, si je n'explore pas un terrain tout à fait inconnu pour mes compatriotes européens, à savoir ces terres latino-américaines, j'ai le privilège d'être un des rares blogueurs français à avoir voulu confronter la découverte de ce pays au concret à l'intérieur du processus. Ce n'est pas du courage, juste un point de vue pas forcément courant, dont j'ai senti un besoin cruel pour mes camarades aussi intéressés par ces expériences politiques, et pour moi-même également, face à la non-information sur ce qui se passe ici dans notre occident.

Je l'ai dis, je n'aime pas les blogs.

J'ai beau avoir trouvé quelques liens plutôt sympa, je persiste à croire que c'est la forme d'expression parmi la plus apolitique qui soit. Les blogs – principalement politiques mais pas que - sont aujourd'hui une de mes principales source d'information sur l'actualité de ce monde, mais il reste que pour moi un blog ça reste l'antithèse parfaite de ce que je conçois comme militer. C'est du virtuel à l'abri derrière son clavier, et même si dans certains pays c'est la seule ouverture pour avoir un peu de liberté, ça ne me semble pas convenir à une véritable émancipation du genre humain.
D'une part dans l'aspect visuel du blog, qui est préétabli, ce qui en fait d'ailleurs sa facilité d'utilisation et donc son principal attrait, mais également dans la forme dont il s'utilise. Instantané, flash, et lu comme une brève avant de passer à une autre, sans profondeur, même si on s'y prend d'attention, on ne reste presque jamais plus de 2 minute sur un même blog faute de contenu rassasiant pour notre soif d'info. La virtualité résiste à mon humble avis peu à l'épreuve de l'analyse politique. D'ailleurs, malgré les louanges de certains milieux fanatiques, lire un livre numérisé est certainement la pire chose à faire pour apprécier un bouquin.

Je ne suis pas quelqu'un de dogmatique. Je déteste les dogmatiques, à tel point que j'en suis parfois dogmatique sur ce point, mais c'est une des pires insultes qu'on puisse me dire. Ceux qui me connaissent réellement savent bien qu'au contraire j'essaye toujours de privilégier le dialogue et surtout l'écoute. C'est un gros défaut pour mes camarades, pour moi c'est essentiel d'écouter les voix, quelles qu'elles soient. Et d'abord celles qui sont contre moi, jusqu'aux plus radicales, avec la notable exception des fascistes, les nazis (il en existe encore pas si loin), et ce depuis une mésaventure qui m'a fait comprendre que quand en face on ne cherche que le combat violent, des jambes peuvent servir plus qu'une langue, même bien pendue. On me l'a déjà reproché d'accorder trop d'importance à celui qui m'est opposé, tant pis, tant mieux.

J'ai aussi une autre caractéristique c'est de ne vouloir m'affilier à aucun courant politique de gauche de la gauche, plus clairement aucune chapelle. Ni communiste, ni écologiste, ni social démocrate, ni trotskyste, ni stalinien, ni anarchiste, ni libertaire. Clairement, de gauche, vaguement révolutionnaire et un peu moins vaguement socialiste, enfin selon ce que cela signifie. non violent mais même plus pacifiste. Absolument non croyant en aucune religion, mais avec néanmoins un certain goût du spirituel. Je suis membre d'un syndicat étudiant de lutte mais en remise en question constante sur ce qu'il est et ce qu'il fait.

Il y un principe qui demeure dans la majeure partie de mes digressions politiques c'est la question de la lutte des classes, plus particulièrement depuis le dernier blog Mais si ce principe est observable partout et tout le temps, je n'espère pas non plus en faire l'alpha et l'omega de ma pensée je ne suis donc pas non plus marxiste. Et puis j'aime bien aussi ne pas suivre la pensée dominante des quelque milieu militant que ce soit, tenter d'être, non pas impertinent ce qui ne veut rien dire, mais plutôt innovant, constructeur, parfois avec succès, d'autres fois c'est un désastre total. Le revers c'est que j'ai beaucoup de mal à me situer ce qui me met dans une position plutôt solitaire la majeure partie du temps. Bref un gauchiste lambda ou presque.


Pourquoi telle présentation ?

Parce que je viens de relire les quelques articles qui composent le début de mon blog. Et comment dire, j'ai comme un arrière goût qui pique. Comme le sentiment de ne pas avoir été sincère. Non, pas sur le Venezuela, rien à regretter de tout ce que j'ai écris, je persiste et signe sur le fait que ce pays vit un processus révolutionnaire, aucun doute là-dessus.

Ce n'est pas sur "l'analyse" du processus en elle-même que il y a cet arrière gout. C'est juste que plongé dans le terrain, d'abord j'en ai oublié les quelques uns qui me lisent. Soit des européens. Et j'ai aussi la prétention de vouloir non seulement écouter mais aussi être entendu par ceux qui veulent bien m'écouter à leur tour. Bon pour le moment, ça se réduit à quelques amis, la famille et quelques visites de militants sympathisants, pas de quoi fouetter une tortue, mais je désespère pas de devenir un peu plus connu. Quoi qu'il en soit, j'ai eu l'impression de souvent parler ma propre « langue » de rester dans les quatre murs de mon cerveau pour parler à des gens au loin qui n'ont pas des yeux ici pour voir ce que je découvre aussi. J'ai oublié aussi quelques uns des principes que je crois me caractériser.

Et j'en ai surtout clairement marre d'être consensuel comme je le suis depuis le début du blog.
Je ne me risquerais sous aucun prétexte à un jugement tranché sur le processus, parce que cela d'une part j'en suis parfaitement incapable et que je n'en ai aucune idée à l'heure actuelle, d'autre part parce que ce serait exactement le contraire de ce que je veux faire avec ce carnet de voyage.

Mais il y a des aspects qui m'ont touchés profondément ici, des « vérités » préétablies qui ont été ébranlées, d'autres qui ont été confirmées. Et puis des choses que je n'ai pas dites clairement, et pour finir des choses dont je ne dis mot parce que je ne les comprends pas, bref j'ai été un peu trop descriptif et un peu trop timide jusqu'à maintenant.

Donc ce re-cadrage permettra peut être d'avoir un avis encore moins objectif, toujours aussi concret, mais qui colle plus avec ce que je vois, je vis et je ressens ici. Et puis en plus, il parait que ce genre de comportement à tendance à plaire aux lecteurs de blogs, et donc dopera mes statistiques, bref tout bénef.

Bref, un pas en avant, trois pas en arrière, et on redémarre. En avant !

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