jeudi 21 janvier 2010

faut-il souffrir pour être révolutionnaire ?

Je pense tout de même pas que c'était volontaire. Ni consciemment, ni inconsciemment.

Parce que la solidarité avec un processus o, mais quand ça commence à toucher les cervicales, ça devient limite.

Bref.

Après une nuit sur un lit dont le sommier est dans un état de démembrement avancé

Je me réveille ce matin avec un mal de dos atroce.

Genre le point qui tire dans le milieu du dos et qui te lance jusqu'au bout de l'oreille et dans le crâne.

Un mouvement simple, me lever, insuffle à la douleur une puissance inexorable au sus-dit dos.

bref, j'ai très mal et ne peut pas bouger d'un pouce.

Je trouve un anti douleur d'origine européenne donc non-douteuse pour soulager sous peu ce tiraillement.

Mais c'est que ça fait vraiment mal.

Alors bon, autant aller vérifier s'il y a pas une déchirure de la 13e côte doublée d'un sciatique avancé nécessitant une opération immédiate.

MAAAAAAAAIS, comme nous sommes au Venezuela,
dans un pays en Rrrrrrrrrévolution

je me suis dit : tiens et si j'en profitais pour aller voir de plus près ces guérisseurs merveilleux guérissant les pauvres.

soit les médecins cubain.

Et la mission Barrio Adentro.




Je me dirige donc vers le centre médical le plus proche. les dispensaires état réservés aux quartiers pauvres, ici il n'y a "que" le Centre de Diagnostic Intégral. un par quartier environ.

Un CDI c'est quoi ? c'est une sorte de clinique publique avec pleins de docteurs, où l'on trouve tant une infirmerie, des salles de consultations ou également une unité de soin intensif.
C'est une structure intermédiaire entre l'hôpital et le docteur en somme.

H'entre, des gens un peu partout, je me dirige à l'accueil où l'on m'inscrit sur une liste pour les consultations et l'on m'invite à m'asseoir sur une des chaises sur le côté.
Je discute avec ma voisine, immigrante portugaise, qui m'explique qu'ici "on est mieux soigné que dans les cliniques avec des médecins vénézueliens, qui sont incompétents, prescrivant les médicaments à la volée, sans se soucier des contre indications et tout le tralala."

Elle me raconte qu'il y a quelques semaines, elle a été admise dans ce CDI à l'unité de soin intensif pour problème cardiaque. Elle y est resté une semaine en très bonne santé. j'apprends également que dans le privé faire une simple radiographie des poumons coûte : 900 bolivars fuertes, soit 300 euros.

Consultation non comprise.




Un quart d'heure plus tard vient mon tour. La docteur m'examine rapidement et conclut aussi sec à un froissement de muscle suite à faux mouvement, en somme ce qu'il était hautement plausible que ce soit.

Dans la salle de consultation, on trouve à droite sur le mur une alerte pour la grippe A, et à gauche une photo de Che Guevara et une citation d'Hugo Chavez.

Elle sort d'un tiroir une plaquette de médicament, des anti-inflamatoires, me prescrit le traitement sur un petit bout de feuille découpé en hâte semble-t-il à la règle,
Elle signe, la tamponne, et c'est fini.

Je sors, les remercie et voila.

Ah petit détail : tout cela a été totalement gratuit.

c'est une des "minuscules" conséquences de la Révolution Bolivarienne.

Je passe à la pharmacie la plus proche pour prendre le deuxième médicament, non fourni.

En fait de pharmacie, c'est un supermarché contenant un espace de pharmacie.
A côté des brosse à dent l'on vend des bonbons et des sucreries.
A côté des médicaments des sodas et boissons gazeuses et sucrées.

Je passe à la caisse, après avoir fait pris un ticket avec un numéro d'appel et attend mon tour.
En payant le médicament, j'en profite pour m'informer sur le paludisme,
Ils ne savent pas, ils n'ont pas de formation médicale, ils vendent simplement un "produit" médical.
il faudra pour savoir ça que je retourne au Centre de Diagnostic Intégral.

Bon au delà de l'excuse du mal de dos, provoqué par mon inconscient pseudo-journalistique, j'ai juste pu me rendre compte que cette mission fonctionne au moins ici dans les quartiers riches.
Je gage que Chavez haissant (c'est bien connu) les riches, ça ne peut aps être pire chez les pauvres.

On a dit beaucoup de chose sur l'inefficacité des missions de santé, de la corruption, de la bureaucratie.

Il est vrai que le principal problème est qu'une fois les missions des médecins cubains achevées, il n'y a pas de relève vénézuelienne aussi bien formée, ceux-ci étant plus attiré par le privé, avec le prestige et le revenu correspondant. Ou dans le public mais des les filières plus rentables : la chirurgie plastique par exemple.

L'hôpital public est actuellement dans un état accablant, dans l'ensemble du pays avec parfois les équipements nécessaires mais pas le savoir faire pour l'entretenir, celui-ci ne servant donc rapidement plus à rien. Et autant ces hôpitaux sont publics, autant les médecins qui y travaillent sont en majorité (pas en totalité bien sûr) des personnes formées à la santé de forme "privée", à faire du chiffre, loin des aspirations humanistes du gouvernement bolivarien ...



... Ou plutôt bolchévisante, de ces terribles "cubains",
qui comme on le sait "injecte le communisme dans les veines" quand ils font un vaccin
ou qui "crèvent les yeux" quand ils opèrent de la cataracte.

Vous riez peut être mais ces phrases on peut les entendre à la télévision et même en vrai dans la bouche d'anti chavistes.

"Comment ? se "mêler" au bas peuple ? à ces pauvres ?"

Et ainsi beaucoup refuseront par principe idéologique d'aller dans ces centres, pourtant ouvert à tous. Certains iront peut être se faire soigner quand même, discrètement.
Mais ils vont pas le clamer sur les toits. imaginez la honte !


Oui il y a des dysfonctionnements, des problèmes importants.

Et avant il n'y avait pas des problèmes.
 
Il ne pouvait pas y en avoir puisqu'il n'y avait pas, de service de santé, pas de médecins.

La santé publique n'existait pas.

Dans les quartiers pauvres bien sûr, les barrios,

Les riches et membres de classe moyenne non déclassée ayant les moyens de se payer leurs soins.
Pour eux, la révolution, n'a rien changé, s tant est qu'ils ne veulent pas le voir.

je me souviens de cette phrase prononcée à plusieurs reprises par des gens rencontrés, est une des meilleures manières d'expliquer pourquoi il y a bien un processus révolutionnaire ici :
"Si on voulait se soigner, il fallait payer. Et si l'on ne payait pas, on mourrait."

c'est simple, simpliste. Mais c'était la réalité dans ce pays.

Et la réalité c'est qu'aujourd'hui plus de 15 millions de personnes ont accès aux soins gratuits au venezuela.


Alors ce soi j'ai mal au dos, toujours, malgré les médicaments.

Mais bon, je suis dans un pays en révolution,
Alors gageons que cela ne soit pas de très très grande importance.

Plus d'information/propagande sur la mission Barrio Adentro :

1 commentaire:

Cici a dit…

"Un CDI c'est quoi ?"

Quelque chose en voie de disparition en occident ?...

Sinon c'bian, très instructif. Mais tu parles de "la durée de la mission", c'est à dire que les médecins sont là pour x années puis s'en vont ? Est-il envisagé une formation et/ou une revalorisation (si c'est possible) de la médecine publique pour parer à ces problèmes ? Ou autres choses ?

(si tu l'a déjà dit plus tôt, mea culpa, je remontes tout ça et c'est très agréable de te lire)

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