lundi 19 avril 2010

Cochabamba 2010 : quelques heures avant le début des amicalités

Nous arrivons sur les coup de 14h. Le voyage s'est bien passé, escales à Guayaramerin, puis Santa Cruz et enfin Cochabamba, l'avion secoue pas mal mais rien de bien « crashant. »
A l'arrivée, on est surpris plutôt surpris par la chaleur ambiante. Cochabamba c'est le climat idéal en Bolivie. Ni le froid andin de la Paz, ni al chaleur étouffante de l'Amazonie. La ville se situe sur une plaine à 2800 mètres, au pied des monts.




En arrivant, l'on comprend de suite qu'il va se passer des choses assez sympathiques ici. Affiches, pancartes. A noter que le sommet est sponsorisé par … ENTEL, genre de France Telecom récemment nationalisé.


Après le check in, on se dirige vers la sortie. Je discerne dans la cohue une guide locale avec une pancarte pour récupérer trois passagers. Leurs noms me sont familiers. Jean Luc Mélenchon vient donc à Cochabamba. Je souris.






On re répartit les bagages et chacun se dirige en direction de son logement. J'y arrive une petite demi heure plus tard, après avoir traversé la ville, très calme en ce dimanche après midi. Elle ressemble pas mal par son aspect au peu que j'ai vu de la Paz, les rues étroites, les marchés en plein, les bruits, les odeurs, l'air. Mais autre temps, autre lieu, ici la ville ne m'apparait pas hostile, au contraire elle est très accueillante. Je m'y sens bien.






Je retrouve à l'hôtel ma colocataire norvégienne arrivée quelques heures plus tôt, celle qui travaille dans des conditions plus que misérables dans une communauté indigène frontalière. L'on a décidé de partager une chambre et les frais de celle-ci. Le lieu est plutôt luxueux et l'on savoure les plaisirs du « luxe » d'avoir un lit confortable et une douche tiède, plaisirs depuis longtemps oublié.






Il est temps d'aller faire un tour à Tiquipaya, le lieu où se déroule le sommet en lui même, situé à une demi heure de route de Cochabamba. C'est parti en taxi collectif, enfin en « trufi » comme ils disent ici. Si la voiture peut accueillir jusqu'à huit personnes, on est généralement dix dedans, sans compter les trois marmots sur les genoux.


L'on arrive à Tiquipaya, un petit bled presque rural, tout calme, un peu paumé au pied des collines.


Des panneaux un peu partout indique l'emplacement des lieux. Première étape : l'accréditation. L'inscription s'est faite auparavant sur le site internet, désormais il faut récupérer le pass d'entrée. Direction le Colisée, un gymnase financé en partie par le Gouvernement Venezuelien, qui sert à la fois de salle d'accréditation et de salle de presse. Mon pass m'est remis par des jeunes de Cap vert alors qu'à côté un espagnol discute avec un argentin.






Je repars en sillonnant les rues étroites et pavées de Tiquipaya direction le centre du sommet : le campus de l'Université des Sciences (UNIVALLE). Sur place, pas mal de policiers, mais pas vraiment agressifs, qui font juste le contrôle des entrées.


4000 ont été mobilisés pour toute la durée du sommet selon les autorités journalistiques.


Une fois à l'intérieur, je me sens comme chez moi, à la fac. Dans l'herbe un peu après l'entrée, les équipes organisatrices font des réunions à n'en plus finir. Plus loin l'on monte les tentes, les scènes et les chapiteaux. Si le sommet en lui même ne commence que mardi, les ateliers de travail débutent dès demain, pas une minute à perdre.


Je visite rapidement les bâtiments, c'est l'université la plus moderne et équipée de Bolivie, et ça se voit. Vitres de verre, ordonné, propre, les participants seront à l'aise.






Je passe dans un des bâtiments, servant de salle de presse nationale comme internationale. Je rencontre quelques étudiants en journalisme de l'université, largement mobilisés pour l'évènement.


J'en apprends un peu plus sur l'organisation. D'un côté il y aura les groupes de travail, avec inscription préalable, réparties en 17 thèmes, sur des sujets précis et pointus. Et de l'autre, les tables rondes plus ouvertes aux sujets plus larges. Au total, il y a déjà plus de 20 000 inscrits, dont 15 800 déjà confirmés. J'en apprends un peu plus au sujet des personnalités présentes.






8 présidents confirmés dont Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa (Equateur), Daniel Ortega (Nicaragua), Fernando Lugo (Paraguay) et bien d'autres non dits pour des raisons de sécurité.


Egalement j'apprends avec joie la présence de prestigieuses personnalités dont les prix nobel de la paix Rigoberta Menchu (Guatemala) ainsi que .. Nelson Mandela. Je frétille de plaisir de pas m'être trompé sur le sens historique de ce sommet.


Également, au niveau people, seront présents Al Gore, James Cameron, et pas mal de stars hollywoodiennes. S'ils viennent c'est qu'ils ont une certaine conscience, et si ça peut faire parler de la chose.






Une fois ces infos en poche, je me dirige direction le deuxième lieu important : hôtel Regina, situé quelques rues plus loin. 5 étoiles. La classe. On est en train là aussi d'y installer les tentes et tout le nécessaire. Je croise sur le chemin un réalisateur anglo-americano-suisso-espagnol qui m'invite à sa projection du lendemain : « World vote now » qui traite de la question de savoir comment est il possible de mettre en place un référendum mondial, et donnant à voir la question de la démocratie au travers du monde. Ce sera un des premiers rendez-vous, à 8h30 le lundi, heure d'ouverture des travaux des commissions. Le sommet lui démarrera officiellement le mardi matin.






Avant de rentrer dans nos hotels en ville, on fait une petite pause à la chicheria du coin où l'on déguste avec grand plaisir notre première chicha morada, (boisson typique au maïs fermenté). Un voisin de table nous enjoint à goutter les autres produits locaux, une sorte d'alcool de raisin sec délicieux, ainsi que du chicharon, des bouts de gras bien grillés. Un moment de pure humanité avec les petits vieux du coin qui voient débarquer des centaines de nationalités dans leur bled.


Je me sépare de mon compagnon retour en ville au milieu des bouchons, il est l'heure d'aller manger un bout. On croise dans le centre deux français au coin d'une rue, déniche le seul restaurant proposant nourriture chinoise, indienne, arabe, péruvienne, brésilienne mais évidemment pas le plat n°1 de Cochabamba : le silpancho. Tant pis, on goûtera un autre jour.


Au retour, on passe par une petite place très animée, j'en apprends un peu plus sur cette guerre de l'eau, grand moment de lutte sociale qui s'est déroulé à l'aube de l'an 2000 .. à Cochabama ! J'apprends aussi que cette Red Tinku défend des idées comme la bicyclette comme moyen de lutte contre le capitalisme. C'est une organisation très importante sur Cochabamba il semble.






Et puis voilà l'heure de préparer la journée suivante. On jette un œil au programme des festivités : toutes les deux heures, pendant 4 jours se dérouleront 15 rendez vous simultanés. Auxquels s'ajoutent les rendez vous non inclus dans le programme, plus les évènements culturels et ceux du village autogéré. Bref, ça risque d'être plutôt pas mal, et très chargé.





Autant prendre des forces. Dormons d'un sommeil confortable et réparateur, avec un grand sourire aux lèvres sachant qu'on va vivre quelque chose d'extraordinaire d'ici peu.


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