dimanche 4 octobre 2009

Baptème de rue

Youpi ! c'est le seul mot qui me vient à l'esprit ce soir.

A l'origine j'avais prévu de vous raconter Caracas, photographie à l'appui.
Ça on le fera un peu plus tard avec les quelques photos que j'avais prises hier.

Sauf que, bien évidemment avec ma gueule de blond trop occidental et ma chemise blanche et mon jean trop bleu, même si ça ne m'a pas couté grand chose en Europe, je suis un "cible potentielle".

Mais bon, il est vrai que je m'y attendais pas.



j'étais en pleine rue, quartier centre de Caracas, pas vraiment quartier pauvre quoi, les riches européens comme moi restent avec les riches vénézueliens, solidarité de classe évidemment.
Et puis je bois un chicha (boisson à base lait et maïs)
Une pointe néocolonialiste cette boisson que j'ai gouté comme on découvre une tribu indigène.
Et je m'assoie une minute afin de profiter et de regarder les passants.
Stupide me direz vous, après tout, les passants sont moches et pour mater les nanas, on peut le faire en marchant, c'est même plus discret.

1 minute plus tard, je sens une présence à coté de moi et trouve deux jeunes ( un mec et une fille) qui me regarde d'un air pas super commode.

Lui en espagnol me dit "tu restes calme, tu nous donne tout ce que t'a comme fric"
La fille traduit en anglais. Au cas où le message ne serait pas passé.
Je reste calme et dit au mec que j'ai pas grand chose en espagnol.
Grossière erreur de capitaliste de bas de gamme ! Ma cupidité m'effraie parfois.
Là, il s'énerve et dit "on a un flingue, ce serait con pour toi de crever ici pour quelques billets".
La fille traduit en anglais.Au cas où je serais un gringo, un vrai.
Il fouille à tâtons mes poches et ouvre le petit sac en plastique et me dit "tu le vois ? alors donne TOUT"
Dans le sac, dépassait le canon d'un flingue.
Peu habitué à ce genre de chose, je la joue pas non plus héros : je lui dis ok, prends tout
(au passage notez que je m'adresse exclusivement à l'homme, relents machistes très violents)
je sors mon porte monnaie et lui donne en tremblant tous mes billets.
Mais il veut plus.
Et j'avoue que j'ai été pingre puisque j'ai conservé les pièces !
Il approche le sac et je sens la pointe du merdier sur ma hanche.
J'ai pas voulu tenter le diable là non plus. Il est si joueur l'imbécile.
Je lui donne donc tout ce qu'il y avait dans mes poches soit des travellers cheques et mon appareil photo numérique.
Il me regarde, apparemment aussi stressé que moi et me dis subitement :
"Tu ne bouges pas, tu ne cries pas, tu ne nous cours pas après, y des gens qu'on connais autour et si tu fais un geste, ils ont aussi ce qu'il faut"
Traduction en anglais bien sûr.
Je lui dis en espagnol que je peux rien faire puisque la police ici ne pourra rien pour moi (corruption), je lui demandes de partir. J'ai même pas dis s'il te plait.
Mais il ne s'est pas énervé pour ce sans gêne impérialiste.
Il me serre la main, pas rancunier pour mes outrages, je lui tends également pour m'excuser de mon attitude scandaleuse.
Ils devaient avoir entre 16 et 20 ans, pas plus.
et ça a duré moins d'une minute.

Il s'en vont se retournent deux trois fois histoire de vérifier que je n'ai pas bougé.
Consciencieux qu'ils étaient d'accomplir un travail de qualité et d'éviter les accidents du travail.
Et partent.

Point positif, ils m'ont laissé ma chicha, que j'ai donné au premier mendiant qui passe, pas le cœur à boire.

M'ont laissé aussi mon ticket de métro pour rentrer et 2 bolivars, j'ai apprécié le geste de solidarité collective entre démunis on sait se serrer les coudes.

m'ont aussi laissé mes lunettes, mes fringues et ne m'ont pas touché.

A ce point là, c'est du pur atruisme.

Et je ne les ais même pas remerciés pour tout ça.

Bon, autant vous le dire, j'ai rien perdu ou presque.
50 bolivars (15 euros) c'est que dalle.
A la limite le plus chiant c'est l'appareil photo. Mais là encore ça se rachète.

Non, je ne deviendrais pas paranoïaque demain.
Simplement je planquerais ailleurs mes thunes, je n'aurais pas d'appareil photo, je ne m'arrêterais pas seul et puis tout ira bien.

Et si je me fais re-braquer
ben ils auront moins puisque j'aurais planqué mon fric dans un endroit un peu plus sûr.
Et s'ils le veulent, ils n'auront cas être réduits à faire comme la police française : toucher rectal !
Et je n'aurais aucune compassion pour ces jeunes désœuvrés, bourgeois que je suis.

En résumé, aujourd'hui j'ai été stupide, machiste, cupide, pingre, discourtois, sans compassion, bourgeois.

Mais je suis vivant et en bonne santé.

Et ça vaut bien un peu de rire jaune-orangé n'est-ce pas?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

salut grégoire

nice trip in "sur-america" ....!!!
....
c'est pas un conseil , seulement une remarque après avoir parcouru "tes premiers jours" sur ton blog .....
t'es pas obligé de culpabiliser d'être occidental
même si tu lui ressembles un peu , tu n'est pas "tintin au congo" .....
allez bon vent ....et profite des bons moments.
tonton tosh

Anonyme a dit…

Yeh man! C'est le métier qui rentre! Mais quel métier ?
Que fait la police !
Un homme prévenu en vaut deux!

Bye§

A.S.

Cici a dit…

Mouarf.

J'aurions été bien emmerdé vu comme j'aurais eu du mal à suivre en espagnol et comme je pige queud' en anglais... XD

Comme un con le cici.

Bref, voilà une expérience qui profitera à d'autres (moi notamment). Comme quoi il est bian ce blog.

Et joue pas les héros, ça t'irais mal.

Pauline a dit…

OMG ! Non mais quelle histoire !

Et puis si jamais tu as une fille à impressionner tu pourras toujours héroïser ton histoire :D

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